Nous avons décidé de traduire quelques réponses intéressantes. Voici la traduction de la première réponse, celle de Zosia Brom. Cette anarchiste originaire de Pologne est une migrante économique au Royaume-Uni. Elle se concentre sur les questions de classe et de migration et est surtout connue du mouvement en tant qu’ancienne rédactrice en chef de Freedom et organisatrice de la Foire du livre anarchiste à Londres.
Nous présentons un sondage réalisé par le magazine Kontradikce sur la division du mouvement anarchiste à propos de la guerre en Ukraine.
"Les anarchistes ne se tiennent pas à l’écart de la lutte populaire et ne cherchent pas à la dominer. Ils cherchent à y contribuer avec pratiquement tout ce qu’ils peuvent et à favoriser le plus grand degré possible de solidarité individuelle et collective."
Stuart Christie
Les divisions au sein du mouvement anarchiste ne sont pas nouvelles, et en fait la phrase "[insérer le sujet actuel] a divisé les anarchistes" servirait de bon début à un texte sur presque n’importe quel moment de l’histoire moderne de l’anarchisme. Je ne considère pas cette attitude comme un problème pour l’anarchisme : il s’agit, après tout, d’un mouvement sans leader, un mouvement aux multiples nuances où la position de toute autorité peut être remise en question. Un mouvement dépourvu de dogmatisme, du moins sur le papier.
Il était donc prévisible qu’il y aurait de nombreuses approches de l’invasion russe en cours en Ukraine. Cela n’aurait pas eu d’importance en soi, et la discussion aurait pu être menée en tenant compte des diverses interprétations de ce qu’est l’anarchisme, ainsi que de la diversité des expériences de vie des anarchistes dans différentes parties du monde, de l’histoire générale des anarchistes dans les conflits armés, ainsi que du respect de la réalité dans laquelle nous vivons tous, et de l’ambition d’élaborer une politique qui y corresponde. Mais cela n’a pas été le cas, et au lieu de cela, nous avons assisté à une démonstration plutôt laide de la supériorité occidentale de la part de certaines parties du mouvement anarchiste en Occident, combinée à une interprétation étroite, voire religieuse, de ce qu’est l’anarchisme, donnée sans tenir compte de la diversité du mouvement anarchiste et de la complexité du monde.
Pour atteindre cet objectif, les suprémacistes anarchistes occidentaux ont eu recours à diverses tactiques. L’une d’entre elles consistait à ignorer délibérément ce que la grande majorité de leurs amis et camarades d’Europe centrale et orientale essayaient de leur expliquer. Une autre a consisté à protéger la notion même d’anarchisme et à assumer une position d’autorité décisive et incontestée sur toutes les questions qui s’y rapportent, ce qui n’a fait que renforcer l’impression qu’ils partaient d’une position de supériorité. Le degré extrême d’hostilité dont ils ont fait preuve à l’égard des anarchistes et des femmes anarchistes d’Europe de l’Est qui ont tenté de s’engager dans ce discours en les rejetant souvent d’une manière qui frise les théories de la conspiration, par exemple en suggérant qu’ils étaient des agents de la CIA, des fascistes refoulés, etc. en est une autre preuve.
Cependant, il est injuste de dire que tous les groupes anarchistes occidentaux, ou même la plupart d’entre eux, ont réagi de la manière décrite ci-dessus. Si cette attitude, qui était le fait d’une minorité restreinte mais bruyante du mouvement, a été très désagréable à vivre, beaucoup d’autres, au contraire, ont offert une solidarité sans faille et une assistance matérielle à leurs camarades ukrainiens, russes et, plus généralement, d’autres pays d’Europe de l’Est. Cette aide permanente est l’un des projets les plus impressionnants que j’ai vu les anarchistes entreprendre ces dernières années, et elle est d’autant plus louable que je me rends compte que, dans de nombreux cas, cette aide intervient en dépit de l’inconfort de devoir sacrifier certains aspects de ses croyances et de sa politique face à une crise humanitaire et aux crimes de guerre commis par l’armée russe, ainsi que du désir de faire preuve de solidarité avec ses amis d’Europe de l’Est.
Cette attitude rend ces groupes anarchistes nettement différents de la plupart des autres parties de la gauche radicale occidentale, et c’est l’aspect de l’anarchisme que je considère comme le plus prometteur pour l’avenir, avec tous ses problèmes complexes qui nécessitent des solutions non dogmatiques et non standardisées. Je pense qu’il est difficile de dire ce qui changera d’un point de vue anarchiste à la suite de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ne serait-ce que parce qu’il y a tellement de perspectives anarchistes. Mais ce qui aura un impact durable, c’est le cœur de la véritable politique anarchiste : juger les choses telles qu’elles sont, écouter les personnes directement affectées, faire ce que nous pouvons pour aider les autres dans leur lutte contre le pouvoir oppressif, et contribuer à ce que nous pouvons de manière pratique. Si nous y parvenons, nous aurons une chance de devenir une force majeure. Si nous échouons, nous deviendrons - ou dans certains cas resterons - un club social pour les personnes qui aiment lire de vieux livres.
Tirer du site : https://www.afed.cz/text/8091/anarchiste-a-valka-na-ukrajine-i
Le sondage en anglais : https://kontradikce.flu.cas.cz/en/online-content/156
Traduit avec Deepl.com
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