Dans Le Monde diplomatique de janvier 2010, Isabelle Avran présente ainsi l’ouvrage cité ci-avant de Gilbert Achcar : « Gilbert Achcar met en lumière le poids de la « guerre des récits » dans le conflit israélo-arabe et singulièrement israélo-palestinien. A l’issue d’un travail considérable, il analyse les positions adoptées face à l’antisémitisme et au nazisme, principalement dans l’Orient arabe. Privilégiant le « temps de la Shoah », il étudie les comportements variés des « occidentalistes libéraux », des « marxistes », des « nationalistes » et des « pan-islamistes réactionnaires et intégristes ».
A propos de la collaboration du mufti de Jérusalem, Amin Al-Husseini, avec les nazis, collaboration qu’il dénonce fermement, Achcar démontre le faible impact de cette option. « Les Arabes et les Berbères qui combattirent dans les rangs des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale sont considérablement plus nombreux que ceux qui combattirent dans les rangs des pays de l’Axe. » Or, cette collaboration a été utilisée pour la construction d’un récit historique qui se perpétue aujourd’hui. Le jugement de Gilbert Achcar est repris par Alain Gresh dans son ouvrage De quoi la Palestine est-elle le nom (Les Liens qui Libèrent, 2010) : il y a eu « 9000 Palestiniens dans les rangs de l’armée britannique, des centaines de milliers de Maghrébins dans les troupes de la France libre, sans parler de centaines de déportés arabes dans les camps nazis ».
Robert Satloff, dans un article de la revue prestigieuse Public Affairs datant de 2006, « Among the Righteous. Lost Stories from the Holocaust’s Long Reach into Arab Lands », soulignait déjà que de nombreux Arabes d’Afrique du Nord aidèrent à sauver des Juifs et auraient pu mériter le titre de Juste.
Achcar, après avoir analysé le « temps de la Shoah », passe en revue celui des « années Nasser », puis de l’Organisation de libération de la Palestine et des diverses résistances islamistes, dès les années fin 1980. Expressions qui se sont radicalisées actuellement.
Comme le souligne Isabelle Avran, Achcar « revient, entre autres, sur les « batailles des analogies » avec le nazisme. Réfutant tout essentialisme, ce livre se fait plaidoyer pour une reconnaissance mutuelle de l’histoire, en particulier de la Shoah et de la Nakba, condition du dialogue et d’une paix pérenne. »
Avant de lire ce livre, il est possible d’écouter l’entretien de Gilbert Achcar avec Pierre Hazan, diffusé sur la RTS. (Rédaction A l’Encontre)
Cliquer sur http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/6155352-le-peuple-allemand-1-5.html
L’entretien commence à la 3e minute et il s’insère dans la série d’émissions « Histoire vivante » d’Irène Challand.