L’austérité ne passe pas aussi bien auprès de la population québécoise que M. Bourque tente de nous le faire croire. Le sondage – mais pas l’article – révèle que 46 % des Québécois sont insatisfaits (contre 43 %) des compressions budgétaires. De plus, 41 % se disent insatisfaits (contre 38 %) de l’attaque contre les retraites des employés municipaux, et 45 % sont insatisfaits (contre seulement 30 %) de la relance du Plan Nord. Quant à la « réforme Barrette », la colère de la population est particulièrement marquée, avec 62 % de Québécois insatisfaits de la réforme du système de santé et presque deux sur cinq (37 %) se disant « très insatisfaits. »*
Étrangement, quand Gaétan Barrette (26 %) et François Blais (22 %) récoltent des taux d’appui semblables à celui des étudiants grévistes (24 %), on ne nous matraque pas avec un gros titre manipulateur en une du journal que les Québécois « jugent sévèrement » ces Ministres ou qu’ils « condamnent » leurs réformes – eux, ils ont tout simplement un problème de « communications ». Deux poids, deux mesures. (Compte tenu de la diabolisation incessante dont ils font actuellement l’objet dans les médias, le taux d’appui de 24 % aux étudiants grévistes est même plutôt impressionnant.)
Si la population hésite à appuyer les étudiants en grève, elle semble tout de même d’accord à de nombreux égards sur le fond politique (on pourrait même dire « l’objectif global ») de leur lutte. L’approche démagogique de M. Bourque et du Devoir, digne des empires médiatique Gesca / Québecor, ne devrait pas nous faire perdre de vue cette réalité.
Nikolas Barry-Shaw
co-auteur de Paved with Good Intentions : Canada’s development NGOs from idealism to imperialism
Montréal, Québec
* Tout cela ne vaut rien, nous explique M. Bourque, car « il est impossible de satisfaire les Québécois avec une réforme de la santé. » Ah, bon ? Il est plutôt loufoque de voir M. Bourque expliquer que le problème du ministre Barrette est son « ton » et sa « manière » qui « passent mal », quand on sait que les résultats de son propre sondage montre très clairement que ce sont les politiques d’austérité dans le système de la santé qui « passent mal. » Apparemment, quand la majorité silencieuse s’exprime, seuls les « experts » sont en mesure de décoder ce qu’elle dit vraiment.