Cette remarque est fausse pour au moins trois raisons :
1. Parce que les électrices et électeurs ne votent pas de la même façon dans un sytème à composant proportionnelle puisqu’ils savent alors que leur vote n’est pas perdu et parce qu’ils ont deux votes, l’un pour la candidate ou le candidat de circonscription, l’autre pour le parti et la liste qu’ils préfèrent au niveau national ;
2. Parce qu’il est toujours possible de prévoir que le chef de l’État (en l’état actuel, le Lieutenant-Gouverneur) appelle le parti qui a obtenu le plus de votes (dans le cas qui nous occupe, le Parti Québécois) à tenter de former un gouvernement, ce que le Parti Québécois aurait pu faire en allant chercher un ou deux ministres dans les partis d’opposition ;
3. Aussi parce que la CAQ et le PLQ auraient pu prétendre à former une coalition gouvernementale seulement s’ils s’étaient coalisés avant le jour du scrutin. Or, la CAQ n’a cessé de traiter les membres du gouvernement du PLQ de corrompus. On peut difficilement prétendre qu’ils étaient coalisés.
Cette remarque est aussi, et c’est le plus gênant, totalement antidémocratique.
En effet, admettons pour fins d’hypothèse, en ne tenant pas compte des trois objections précédentes, que le pire se réalise et que la droite obtienne tout de même 60 % des voix, que les deux partis de droite se soient coalisés avant la date du scrutin et qu’ils forment le gouvernement. Eh bien, c’est le résultat du scrutin et c’est la volonté populaire.
Dire que c’est préférable de gouverner avec la minorité que de respecter le résultat des élections, c’est préférer le pouvoir à la démocratie. C’est préférer l’emporter à la loterie du scrutin territorial uninominal à un tour plutôt que de travailler à convaincre les électrices et électeurs de voter pour le bien commun. Et, à mon avis, il n’y a pas de quoi être fier.
LAGACÉ Francis