Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le plan nord du gouvernement québécois : peuples autochtones : méfiez-vous de cet homme venu du sud

Un homme un jour a écrit : « Plus la fraude est importante, plus elle risque de prendre »

Jean Charest applique cette maxime à la lettre. Voilà que le gouvernement libéral annonce en grande pompe son PLAN NORD [1]. De quoi s’agit-il au juste [2] ? Il s’agit de la proclamation officielle que le gouvernement libéral de la province de Québec se met encore plus résolument au service des monopoles miniers et forestiers impérialistes, et qu’il fera tout pour utiliser les crédits publics, la législation et la coercition pour éliminer toute entrave à la surexploitation des richesses naturelles du nord québécois (hydro électricité, minerais et forêt), et ce pour le bénéfice principal des riches canadiens (francophones et anglophones) et étrangers, surtout chinois et indiens, les impérialismes montants en ces temps de crise économique et de repartage des marchés entre puissances.

Bien entendu, certains représentants des Premières Nations ont été conviés à la cérémonie d’annonce de la spoliation des terres ancestrales de leurs peuples, afin de venir affirmer leur attachement aux hommes d’affaires du Sud et « négocier » le prix de leur trahison des intérêts fondamentaux de leurs peuples pauvres, arnaqués et parqués dans des réserves infamantes depuis des années.

Il y a deux siècles les riches québécois et les ploutocrates canadiens les avaient délogés du Sud de la province et contraints à migrer et à dépérir dans quelques réserves (ghettos quasi bantoustans) au nord du 49e parallèle. Mais voilà qu’aujourd’hui on découvre ces immenses réservoirs de ressources naturelles, dont les impérialismes canadien, américain et chinois ont besoin pour leur expansion ; Charest annonce donc une nouvelle phase d’usurpation soi-disant consensuelle des droits ancestraux des autochtones refoulés au nord du 49e parallèle.

Une nouvelle phase de « déportation » s’annonce toujours plus au Nord, dit la chanson, en direction de la dernière frontière de la destinée manifeste des colonialistes du Sud contre les Innus et les Inuits. Voilà le défi que propose le gouvernement colonialiste du Québec à la population désoeuvrée du Sud de la province. Cette nouvelle phase d’exploitation s’échelonnera sur vingt-cinq années, déclare le chef d’État-major des riches monopolistes, l’honorable Jean Charest.

Des milliers de travailleurs du Sud et des autochtones aussi auront le privilège d’être exploités dans des conditions de travail parfois difficiles. Des cours d’eau à l’écosystème fragile seront harnachés, détournés de leur lit ; la faune locale sera éradiquée ; la flore, si lente à se régénérer en ces terres de nordicité, sera saccagée et détruite ; les territoires de chasse et de pêche amérindiens seront inondés, qu’importe ! Des routes seront construites à grand frais (à même les taxes des contribuables) à travers des territoires immenses dont une partie est couverte d’un pergélisol fragile qui sera dénaturé pour l’éternité ; de profondes fosses minières seront creusées dans cette terre vierge pour en extraire les minerais précieux que les multinationales expédieront aussitôt par train et par bateau vers les marchés de transformation asiatiques, laissant sur place, sur le pergélisol québécois, scories, déchets, eaux polluées, trous béants, derricks et machinerie lourde que la plupart du temps les monstres miniers ne prennent même pas la peine de rapatrier vers le sud…et au prochain gisement !

De ces milliards de soi-disant investissements, aucun autochtone ne verra la couleur de l’argent ; de ces gens venus saccager et polluer leur environnement, quelques miettes retomberont sous la forme de petits salaires éphémères pour quelques années de misère, puis, comme à Schefferville, à Wabush et à Murdochville auparavant, des villes minières fantômes finiront de pourrir debout et d’enlaidir à jamais le roc nordique détruit, transformé en un paysage lunaire désespérant.

Les redevances des compagnies minières frauduleusement annoncées à hauteur de 1,4 milliards de dollars ne seront finalement que de 125 millions de dollars sur cinq ans, à peine davantage que ce que Maurice Duplessis, un fasciste québécois héros des nationalistes d’aujourd’hui, libéraux et péquistes confondus, quémandait aux multinationales américaines du fer (un sou par tonne de minerai) en 1950. Ne parlons pas des redevances forestières, pires qu’une misère.

Mais même si le gouvernement Charest demandait davantage en redevances minières et forestières, il accorderait de l’autre main davantage de déductions fiscales pour la prospection et l’exploitation, à telle enseigne qu’en définitive ce ne seront jamais que des miettes qui tomberont de la table des riches multinationales dans l’escarcelle des travailleurs blancs du Sud et dans la besace des travailleurs autochtones du Nord.

Misérable Québec coincé entre, d’une part, ses sous-fifres nationaux francophones et anglophones et, d’autre part, les impérialistes internationaux francophones et anglophones (Brian Mulroney était bien président de l’Iron Ore, exploiteuse du fer de Wabush, un québécois francophone dirige également la compagnie Fer et Titane de Havre St-Pierre et de Sorel, de même pour l’Alcan au Lac Saint-Jean.). Il est maintenant de pratique courante, depuis la Révolution tranquille du moins, d’associer les capitalistes québécois à l’exploitation de la semi-colonie québécoise et canadienne du Nord autochtone.

La campagne de propagande est en marche depuis l’annonce de la conquête du Nord et il est ironique de voir les petit-bourgeois péquistes « exiger » plus de miettes en redevances pour le saccage du dernier territoire vierge de la province. Après, chacun retournera à sa misère et il se trouvera un « lucide millionnaire bien rémunéré » pour nous expliquer que le peuple québécois a vendu son droit d’aînesse pour un bien petit plat de dollars et qu’il n’est pas assez vaillant pour travailler pour moins que les salariés du tiers monde. Mais qui a demandé aux peuples autochtones le droit de saccager leur contrée ?

Le premier ministre Charest, qui joue ici son avenir politique, ment doublement de façon à livrer la marchandise québécoise à vil prix. La dame Marois du Parti québécois promet de « rapatrier davantage de ce butin national chauvin qui ne lui appartient pas » pour le bénéfice des riches financiers de Montréal, elle qui, dans son dernier budget en tant que ministre des finances du Parti québécois, proposait il y a quelques années de réduire les redevances et les impôts des minières, des forestières et des industriels québécois de 13 à 9 % des bénéfices nets des entreprises.

Mentez, mentez, disait celui que nous avons déjà cité, il en restera toujours quelque chose. Finalement Marois et Charest auraient le même mentor !

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