Édition du 17 décembre 2024

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Politique québécoise

Le budget du patronat

Chassez le naturel, il revient vite au galop. Le parti québécois et la châtelaine Pauline Marois ont une fois de plus fait la passe du nouveau parti « progressiste » au service des intérêts supérieurs de la collectivité, du bien commun, des services de la collectivité, des services sociaux de qualité, de l’égalité des chances, du développement de nos instruments collectifs et du rapatriement de nos ressources naturelles données malhonnêtement (en mentant au monde ou en magouillant en catimini) à des vrais affairistes. Et vous les avez encore cru. J’espère que vous n’êtes pas aussi crédules et naïfs dans vos relations sentimentales car sur le plan politique, vous vous retrouvez cocus, encore une fois.

(Tiré du Blogue de Léo-Paul Lauron, Journal de Montréal, 22 novembre 2012)

Pourtant, vous le saviez bien que dans le passé, avec au parti québécois des opportunistes commandités comme Lucien Bouchard, Guy Chevrette, Jacques Brassard, Jean Caron, Joseph Facal, Michel Clair et cie que ce parti rimait avec très grosse droite. Si on avait fait la souveraineté avec ces énergumènes, on serait aujourd’hui le 51e État américain.

Parlons du premier budget de Nicolas Marceau. Afin d’honorer convenablement leurs maîtres économiques, qui n’ont absolument pas besoin de descendre dans la rue pour se faire entendre et pour se faire obéir, le parti québécois, reniant dans un temps record plusieurs de ses belles promesses et sortant de leur chapeau de somptueux cadeaux dont on n’avait jamais entendu parler, a accordé, oh surprise, de majestueux congés fiscaux et de cotisations additionnelles aux services de santé pour dix ans aux compagnies qui vont investir au Québec. Déjà que le Québec et des villes comme Montréal et Québec sont, année après année, les endroits en Amérique du Nord qui ont les charges fiscales les moins lourdes pour les entreprises. C’est pas moi qui le dit, mais bel et bien le cabinet international d’experts-comptables KPMG qui, pourtant, travaille pour le patronat : « les villes québécoises sont hautement concurrentielles, selon KPMG » (Le Devoir, 23 mars 2012) et « Montréal s’impose parmi les villes qui taxent le moins les entreprises » (Le Devoir, 13 mai 2010). Et puis, même si elles réalisent des milliards de dollars en profits, la moitié (150 000) des entreprises faisant affaire au Québec ne paient aucune cenne noire en impôts sur le revenu à chaque année. Il en est ainsi depuis plusieurs années, comme l’indique clairement le titre de cet article du Journal de Montréal du 22 mai 2001 : « Trop d’entreprises ne paient aucun impôt ». Le PQ aurait pu au moins instaurer un impôt minimum vraiment minimum de 10% aux compagnies rentables du Québec, ce qui aurait permis de soulager un peu la classe moyenne surtaxée et financer (plutôt que de couper encore) adéquatement nos services sociaux. Mais non, faut surtout pas que les bonzes du parti québécois (un parti aussi à droite que les libéraux et les caquistes) irritent les gens d’affaires qui mènent au Québec.

Et puis, parole du Fraser Institute de la turbo droite, c’est en plus le Québec qui subventionne le plus les entreprises, soit 6 milliards$ par année contre 3 milliards$ pour l’Ontario : « Selon l’Institut Fraser, le Québec, royaume des subventions » (La presse, 28 novembre 2009). Et les subventions atteignent les dix milliards$ l’an si on inclut des gogosses comme les tarifs privilégiés l’électricité aux compagnies (alumineries) et les 400 millions$ versés aux écoles privées par Québec que Pauline Marois aurait dû abolir comme en Ontario et aux States. Pas Cuba et le Venezuela, mais les States et l’Ontario, province dirigée également par un gouvernement libéral minoritaire mais qui est moins inféodé que les péquistes. Belle petite province : c’est le Québec qui taxe le moins les entreprises mais qui les subventionne le plus. Pas question d’augmenter les impôts et de diminuer les subventions aux sociétés. Tiens, le PQ aurait pu faire comme en Ontario et économiser au moins 500 millions$ par année en diminuant simplement les honoraires des pharmaciens et le prix des médicaments brevetés et génériques.

Aussi, pour arrêter de se faire arnaquer par les transnationales pharmaceutiques, qui ont mis à pied plus de 1500 employés au Québec ces dernières années, qui provoquent intentionnellement des pénuries de médicaments afin de vendre leurs nouvelles pilules, identiques aux anciennes mais à des prix shylockiens, et qui ont fermé cavalièrement leurs laboratoires de recherche au Québec, le PQ aurait pu faire comme en Suède et en Nouvelle-Zélande et créer la société d’état Pharma-Québec comme le suggère Québec Solidaire. Très bonne idée pour le bien de la population mais que le nouveau ministre de la santé péquiste a qualifié de mesure « extrémiste ». Vraiment désolant. On voit bien où loge le PQ. Le PQ a préféré dans son dernier budget nous annoncer un nouveau « partenariat » de recherche avec les pharmaceutiques. Décodé, ça signifie que Québec va financier le gros de la recherche publique et qu’advenant une découverte, les pharmaceutiques vont partir avec le brevet et le gros cash. Allo partenariat !

Suite aux atermoiements du patronat et de leur fanfare idéologique, le PQ a immédiatement reculé sur les hausses d’impôts aux notables et aux compagnies et a reporté à plus tard l’augmentation des redevances des compagnies minières, dont le Québec est le champion mondial des plus basses taxes. Par exemple, le PQ aurait pu faire comme en Australie (pas la Chine) : « Redevances minières. L’Australie donne l’exemple. Une taxe de 30% sera appliquée aux bénéfices dans les secteurs du fer et du charbon » (Le Devoir, 20 mars 2012). Mais non, faut surtout pas froisser les minières et les gazières qui comptent plusieurs lobbyistes anciennement des ministres péquistes. On reporte à plus tard l’augmentation des redevances minières mais on coupe tout de suite 50 millions$ en santé et on nie le sous-financement des universités.

C’est fort mais c’est le Québec qui taxe le moins les entreprises en Amérique du Nord et le brillant et lucide nouveau ministre des finances péquiste Nicolas Marceau en rajoute avec de nouveaux allègements fiscaux aux sociétés. Puis, c’est le Québec qui de loin subventionne le plus les compagnies et au lieu de couper dans ces cadeaux aux entreprises, il préfère sabrer encore plus dans nos services publics déjà sous-financés. Au moins François Legault avait dit : « La CAQ veut éliminer des crédits d’impôts (subventions) accordés aux entreprises » (Le Devoir, 11 août 2012). Mais surtout pour le parti québécois qui se dit pourtant social-démocrate. De vrais bouffons qui s’ignorent en tant que tels.

Me semble qu’avec une ministre des ressources naturelles qui vient d’Hydro-Québec, Martine Ouellet aurait pu, comme projet de société, stopper le délestage de cet important joyau public (pétrole et gaz) en rapatriant les petits barrages et l’éolien dans le giron d’Hydro-Québec, comme dans d’autres pays. Mais non, on a fait tout le contraire et on a continué en coupant 2000 autres postes. Toutefois, le PQ nous a assuré que même en retranchant 2000 emplois, le service à la clientèle ne sera aucunement affecté. On appelle ça du mépris.

Ah vraiment génial comme idée (qui va aider à atténuer les inégalités économiques), le PQ va taxer davantage l’alcool et le tabac. Quelle trouvaille lumineuse ! Obama veut taxer davantage les riches et les compagnies, sabrer dans les abris fiscaux des nantis et s’attaquer à l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux. Mais le PQ est obsédé par l’élimination du déficit et il passe, entre autres, par des taxes sur l’alcool et le tabac. Le PQ aurait pu abolir l’odieux régime obligatoire d’épargne-retraite (RVER) et augmenter les cotisations (patrons et employés) au régime des rentes du Québec, mais cela aurait déplu royalement aux institutions financières et aux chambres de commerce qui ont beaucoup aimé ce premier budget.

Je vous le répète pour la énième fois : PQ, PLQ et CAQ c’est bonnet blanc blanc bonnet.

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