Réunis en Cornouailles en Angleterre du 11 au 13 juin pour leur sommet annuel, les pays du Groupe des sept (G7) ont serré les rangs pour affronter la montée en puissance de la Chine. La pandémie de Covid-19, dont ils se sortent alors qu’elle fait encore rage dans les pays du tiers monde, redonne de la vigueur à ce groupe que plusieurs analystes ne considéraient plus utile en 2019. Cette pandémie a cependant remis le G7 en selle en affaiblissant les économies des pays en développement n’ayant pas les infrastructures médicales et les ressources financières suffisantes pour s’en sortir aussi vite que ses membres. Comme ces pays développés contrôlent une grande partie de la production mondiale de vaccins et les brevets qui y sont rattachés, ils ont vu, là aussi, leur importance géopolitique augmenter. Finalement, le Covid-19 a entrainé une revalorisation des gouvernements nationaux, principaux protecteurs de la santé de leurs citoyens et gestionnaires du matériel médical en temps de pénurie.
La Chine est aussi devenue plus vulnérable pendant ce temps avec une diminution de son taux de croissance annuel à environ 4 % en raison de la pandémie. Plusieurs de ses quelque 7000 projets liés à l’initiative de la ceinture et route de la soie dans près de 70 pays font face à d’importants délais ou des annulations.
Profitant de ce nouveau rapport de force, les membres du G7 ont donc eu l’opportunité à Cornouailles de confronter la Chine. Ils ont dénoncé avec force la répression des Ouïghours et des démocrates de Hong Kong, appuyant aussi le gouvernement de Taiwan. Ces condamnations s’ajoutaient aux actions des États-Unis venant de lancer une contre-offensive aux projets chinois de conquête économique de l’Afrique et de l’Europe. La Chine a donc été un important sujet de discussion de ce G7. Elle n’était pas à la table des invités, mais au menu.
Une inquiétante et belliqueuse réponse de la Chine
En réaction, l’ambassade de Chine à Londres a déclaré être fortement mécontente et résolument opposée aux accusations du G7. Elle y voit une représentation déformée des faits. L’affirmation des diplomates chinois qu’il ne doit pas y avoir d’ingérence dans les affaires intérieures de leur pays, que sa réputation ne doit pas être calomniée et que ses intérêts ne doivent pas être violés, peut cependant être vue comme un aveu de culpabilité et un refus de changer la situation. Que le gouvernement chinois dise qu’il défendra résolument sa souveraineté nationale, sa sécurité et ses intérêts de développement peut aussi être considéré comme une réaction agressive pouvant être mal perçue par les dirigeants occidentaux. Le fait que l’OTAN, qui n’avait jusque-là aucun rapport avec la Chine, la considère maintenant comme une « menace systémique » semble aller dans le sens d’une telle compréhension de la situation et d’une augmentation du risque de conflit militaire.
Les dénonciations du G7 viennent donc mettre plus de tension dans un dossier qui en a déjà beaucoup accumulées ces dernières semaines. La loi chinoise contre les sanctions étrangères, votées le 9 juin lors d’une réunion à huis clos du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP) l’avait déjà beaucoup augmentée. Destinée à contrer le plan de plus de 170 milliards de dollars récemment voté par le Sénat américain pour encourager les entreprises à produire des semi-conducteurs aux États-Unis, la loi chinoise prévoit des représailles contre toute personne ou entreprise qui appliqueraient des sanctions contre la Chine. Elle permet la mise sous scellés, la saisie et le gel de leurs biens et les interdits de visas pour entrer sur son territoire. Les universitaires, experts et membre des groupes de réflexion sont aussi visés. De nombreux entrepreneurs, surtout européens, sont donc actuellement catastrophés puisqu’ils auront à choisir entre leurs investissements en Chine et ceux aux États-Unis.
L’urgence d’une résolution pacifique de ce conflit
Face aux menaces des démocraties occidentales, la Chine augmente le nombre de ses ententes avec la Russie et l’Iran se rapprochant du Pakistan pour aussi contenir l’Inde. Elle fait cela en continuant de supporter plus ou moins secrètement la Corée du Nord malgré les sanctions internationales. Sa présence en Birmanie, sa sympathie pour les gouvernements du Venezuela, de l’Algérie et de Cuba et son imposante implication financière en Afrique montrent qu’elle n’entend pas s’en laisser imposer et que la situation évolue rapidement.
Une nouvelle guerre froide s’installe donc. Les conflits qui la créent doivent de toute urgence être résolus pacifiquement si on ne veut pas risquer qu’elle se réchauffe. La dangerosité de la situation augmente d’autant plus que les belligérants ayant l’arme nucléaire s’activent actuellement à moderniser et augmenter leur arsenal pour y intégrer les derniers développements technologiques. Le précaire équilibre de la terreur qui existait est de plus en plus instable. Cette situation en constante aggravation doit être gérée de manière civilisée par les autorités internationales compétentes avant qu’un accident ne survienne et que les armes parlent à la place des diplomates.
Michel Gourd
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