Édition du 17 décembre 2024

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Logement

Le FRAPRU demande au gouvernment Legault de faire de la crise du logement une priorité

MONTRÉAL, le 18 juin 2020 - À la veille de l’énoncé économique, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) clôt une série d’actions locales par un rassemblement devant les bureaux de la Coalition Avenir Québec (CAQ), dans le quartier Pointe-Saint-Charles, organisé conjointement avec le Regroupement Information logement (RIL). Le regroupement et ses membres réclament non seulement que l’aide promise pour les sans-logis du 1er juillet soit distribuée partout où des locataires en ont besoin, mais également que le gouvernement prévoit des investissements ambitieux dans le logement social au cours des prochains mois. Au même moment, des rassemblements se sont tenus à Longueuil, devant le bureau de circonscription du ministre Lionel Carmant, et à Sherbrooke, devant celui de la députée caquiste Geneviève Hébert.

Alors que la crise sanitaire et la pénurie de logements mettent en évidence l’incapacité croissante du marché locatif privé à répondre aux besoins des locataires à modeste et à faible revenus, le FRAPRU demande au gouvernement Legault de consentir des investissements supplémentaires dans son plan de relance économique post-pandémie pour la construction de logements sociaux. Selon le regroupement, ces investissements sont incontournables pour que le logement puisse être réellement au cœur de la relance verte et solidaire visée par Montréal et plusieurs autres municipalités.

Locataires sans logis : la pointe de l’iceberg

Selon les données fournies par les différents services d’aide, plus de 200 ménages locataires sont toujours en recherche de logement, en Montérégie, en Outaouais, à Montréal, à Laval, en Estrie et dans la région de Québec, n’ayant toujours pas réussi à signer un bail pour le 1er juillet ou le 1er août. Les rares logements disponibles sur le marché sont hors de prix et de nombreux ménages parmi les plus vulnérables sont systématiquement discriminés. À Montréal, les familles nombreuses font les frais de la pénurie extrême de logements familiaux ancrée dans plusieurs secteurs.

« Si les suppléments au loyer d’urgence annoncés le 11 juin par la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, sont octroyés rapidement, ils pourront aider des locataires à faible revenu à signer un bail qu’ils n’auraient pu se payer autrement », souligne Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. Celle-ci déplore d’ailleurs que des locataires soient toujours laissés dans l’incertitude, malgré les promesses de la ministre, ne sachant où trouver de l’aide, parce que leurs municipalités n’ont rien prévu, ni annoncé. D’autre part, le FRAPRU ne comprends pas que les villes affichant un taux d’inoccupation supérieur à 2 % mais inférieur au seuil d’équilibre de 3 %, comme Québec et Sherbrooke, ne puissent compter sur le soutien financier de Québec pour le programme d’aide d’urgence.

Selon Véronique Laflamme, « qu’autant de gens se retrouvent dans cette situation illustre un problème beaucoup plus grave ; ces ménages sont la pointe de l’iceberg de la crise du logement qui sévit au Québec ». Elle rappelle que « la cherté des logements fait que des centaines de milliers de ménages locataires du Québec paient plus de la moitié de leur revenu pour se loger, au détriment de leurs autres besoin essentiels ». Tout porte à croire que ce nombre risque d’exploser au cours des prochains mois à cause des diminutions de revenu et le chômage provoqués par la pandémie et la détérioration de la situation économique qui risque de suivre. « Le logement social, ça fait partie du filet social. Si on veut mettre tous les ménages à l’abri des risques sanitaires et climatiques, incluant les locataires plus vulnérables, et si c’est une vraie priorité, il faut investir dans un grand chantier de logement sociaux », insiste la porte-parole.

« Déjà, il faudrait accélérer la cadence pour livrer les milliers de logements sociaux annoncés depuis les 10 dernières années », rappelle Véronique Laflamme, ajoutant que « cela ne suffira évidemment pas, vu l’ampleur des besoins ». Elle souligne au passage que le budget présenté le 10 mars dernier par le gouvernement Legault ne prévoyait pas de nouvelles unités dans AccèsLogis, le seul programme finançant le développement de logements publics, coopératifs ou sans but lucratifs.

Selon le regroupement, il y a un large consensus à propos de l’urgence de profiter des plans de relance pour investir dans le logement social : 26 regroupements québécois et montréalais ont récemment signé une lettre conjointe pour demander au gouvernement Legault de prévoir les investissements nécessaires au développement d’au moins 10 000 nouveaux logements sociaux et communautaires pour la prochaine année et de planifier des investissements pour les 5 années à venir. Vingt organisations économiques et environnementales ont également porté une demande similaire avec l’Association des groupes de ressources techniques du Québec, en plus des maires et des mairesses de plusieurs villes qui ont multiplié les interventions sur le sujet ces dernières semaines.

Bassin Peel : une occasion de répondre aux besoins urgents dans Pointe-Saint-Charles

Avec un taux d’inoccupation de 0,3%, le Sud-Ouest est un des secteurs montréalais les plus affectés par la pénurie de logements. Le Regroupement Information logement (RIL), porteur de différents projets de logements sociaux dans le secteur, demande au gouvernement fédéral de s’entendre rapidement avec Québec afin que les sommes de la Stratégie canadienne sur le logement soient mises tout aussi rapidement à la disposition de tels projets. Il espère aussi que le fédéral cesse de tergiverser sur ses terrains excédentaires, qu’il avait promis de réserver pour le logement social. « Pointe-Saint-Charles dispose d’un terrain appartenant à Ottawa qui doit être cédé pour la création d’un milieu de vie à échelle humaine, axé sur les besoins en logement et respectueux de son environnement », affirme Hassan El Asri, coordonnateur du RIL.

Ce secteur situé aux abords du bassin Peel, très convoité, est depuis longtemps identifié par les groupes communautaires du quartier comme un lieu devant servir au développement d’unités résidentielles 100% sociales et d’infrastructures collectives. « Québec aussi doit s’impliquer et rendre possible la réalisation de l’ambitieux projet qui résulte de l’opération populaire d’aménagement de ce site fédéral », selon M. El Asri.

Une invitation aux locataires mal-pris à se manifester rapidement

Le FRAPRU invite les locataires qui n’ont toujours pas trouvé de logement pour le 1er juillet à s’adresser au service d’aide mis en place dans leur municipalité, s’il y en a un, ou à la Société d’habitation du Québec au 1-800-463-4315, dans les autres cas, et à le contacter au 514 522-1010 s’ils et elles ne trouvent pas le soutien espéré.

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