C’est la violence conjugale. Voici quelques chiffres pour mieux vous situer monsieur Harper :
La violence familiale constitue 25 % de tous les crimes violents déclarés à la police. [1]
« Au Québec, les infractions commises dans un contexte conjugal comptent pour 6 % de la totalité des infractions criminelles enregistrées par les corps policiers. Une hausse dans l’évolution du taux d’infractions en contexte est constatée depuis 2008 (+10 %), et est contraire à l’évolution du taux d’infractions contre la personne, qui a plutôt diminué au cours de la même période (-5 %) (MSP, 2012).
Bien qu’en fait le taux provincial soit demeuré relativement stable au cours de la dernière année, cette évolution s’explique par une recrudescence dans quatorze des dix-sept régions administratives de la province. Les plus fortes augmentations sont dans les régions du Nord-du-Québec (+43 %), du Centre-du-Québec (+17 %) et de la Chaudière-Appalaches (+11 %) (MSP, 2012). [2]
25 % au Canada et 6 % au Québec de tous les crimes. C’est déjà beaucoup Monsieur Harper. Pourquoi ne vous en occupez-vos pas ? Parce que ce sont des femmes les principales victimes ? Seriez-vous misogynes ? Encore quelques chiffres pour vous rafraîchir la mémoire. 70 % des victimes des cas de violence familiale déclarés à la police sont des filles ou des femmes. Les taux de violence conjugale déclarés à la police sont plus importants chez les femmes âgées de 25 à 34 ans.
25 % de tous les cas de violence déclarés à la police contre des enfants et des jeunes sont perpétrés par un membre de la famille. Les filles sont quatre fois plus à risque d’être victimes d’une agression sexuelle ou autre infraction sexuelle par un membre de la famille que les garçons. 65 % des conjoints accusés d’homicide avaient des antécédents de violence familiale envers la victime. C’était plus souvent le cas lorsque la victime était coupée de son conjoint, après un divorce ou une séparation. [3]
« En 2013, les corps policiers ont enregistré 18 885 crimes contre la personne commis dans un contexte conjugal au Québec. Les victimes sont des femmes dans 79,3 % * des cas. Le taux d’infractions commises dans un contexte conjugal, après s’être accru de 9,7 % de 2008 à 2012, a diminué de 5,4 % en 2013 .
En 2013, 7 138 cas de violence conjugale ont été déclarés dans la population âgée de 18 à 29 ans. Cela constitue une baisse de 5,9 % par rapport aux 7 587 cas recensés en 2012.Néanmoins, la proportion de personnes de ce groupe d’âge demeure plus de deux fois plus importante parmi les victimes de violence conjugale (37,8 %) que dans la population de 12 ans et plus (17,8 %)36 .En outre, dans la population âgée de 18 à 29 ans, 83,5 % des victimes de crimes commis dans un contexte conjugal sont des femmes.
En 2013, 13 femmes de 12 ans et plus et aucun homme ont été tués dans un contexte conjugal. Parmi les tentatives de meurtre commises dans un contexte conjugal, 31 sont dirigées contre des femmes (une hausse de 33,8 % par rapport à 2012) et 5 contre des hommes (une baisse de 29,1 %). Sur 613 séquestrations recensées en 2013, 592 sont commises envers des femmes (en 2012, 560* séquestrations visaient des femmes sur un total de 576*). En contexte conjugal, les agressions sexuelles dirigées contre des femmes ont augmenté de 7,6 %, pour s’établir à 503, tandis que celles qui visaient des hommes ont diminué de 45,4 % (passant de 20 à 11). Les enlèvements, au nombre de 11 en 2013, avaient une femme pour victime dans tous les cas .
On recense au Québec 3 855 agressions sexuelles déclarées en 2013, et il y a surreprésentation des femmes dans ces cas. En effet, 83 % des victimes de ces infractions sont des femmes et 17 % sont des hommes. Les hommes et les garçons constituent 97 % des auteurs d’agressions sexuelles. Les jeunes sont particulièrement touchés et les filles sont surreprésentées parmi les jeunes victimes. Les deux tiers des victimes d’infractions sexuelles ont moins de 18 ans ; 78 % sont des filles et 22 % des garçons. Soulignons que le portrait des victimes, pour ce qui est de l’âge et du sexe, a peu varié au cours des dix dernières années. [4]
Mais peut-être monsieur Harper ne connaissez-vous qu’un seul langage : celui des chiffres. Pourtant travailler à sensibiliser la population contre la violence conjugale : ça rapporte car la violence coûte cher et laisse de graves séquelles.
« La violence faite aux femmes coûte au moins 4,2 milliards de dollars à la société canadienne en services sociaux, en formation, en justice pénale, en travail, en emploi, en santé et en frais médicaux (estimation datant de 1995). Au moins la moitié de cette somme serait attribuable à la violence conjugale [5].
Une équipe de chercheurs a estimé les coûts de la violence conjugale au Canada, incluant les dépenses publiques et privées, à 13 162 $ annuellement pour chaque femmes victimes de violence conjugale [6]. En considérant l’ensemble des Canadiennes ayant un conjoint avec des comportements violents, les auteurs estiment ainsi à 6,9 milliards de dollars les coûts attribuables à la violence conjugale envers les femmes chaque année. L’étude indique que les coûts de la violence conjugale persistent même longtemps après la séparation des conjoints. [7]
Parler de sécurité au Canada et oublier la violence faite aux femmes c’est mystifier la population et c’est aussi développer le mépris envers les femmes. En une semaine deux femmes se sont fait tuer par leur conjoint au Québec. En une seule semaine !!! Et on nous parle de sécurité face au terrorisme. Le patriarcat entretient son terrorisme envers les femmes. Il faut briser le silence sur cette violence et en faire un sujet électoral. Les autres partis politiques ont aussi passé sous la couverte la violence faite aux femmes. Pourtant le harcèlement sexuel existe même à Ottawa. On l’a vu entre les personnes députées libérales et néodémocrates.
Pourtant les femmes forment 50 % de l’électorat. Et si ce vote comptait ? Et si les femmes votaient pour améliorer leur situation et leurs droits ? Qui serait premier ministre ?
Chloé Matte Gagné