Tiré de Entre les lignes et les mots
Le problème est que cette socialisation à l’altruisme place les femmes dans une situation lose-lose : si elles se conforment à cet impératif de vivre pour les autres et à n’exister que relativement à leurs besoins et à leur bien-être, la seule forme de réalisation qui leur est ouverte est de se consacrer aux tâches de care qui leur sont dévolues normativement par la société, ce qui les exclut de toute forme d’activité créatrice et de toute possibilité d’accès au pouvoir.
Si elles décident de s’investir dans leur propre réalisation, d’être artistes, chercheuses, politiciennes, etc. elles sont stigmatisées pour avoir refusé leur vocation altruiste « naturelle » et leurs productions sont qualifiées de secondaires ou ignorées. Si elles sont politiciennes, elles sont rejetées par l’opinion comme trop peu féminines, trop dures, trop égoïstes, trop bossy, et ne sont pas élues.
Il y a quelques années, « une expérience a été conduite à la Columbia Business School, pour évaluer comment les étudiant/es percevaient le leadership selon le sexe. Les chercheurs ont présenté à la moitié des étudiant/es le CV d’une auto-entrepreneuse, Heidi Rozen, une investisseuse en capital risque ayant connu une brillante réussite basée sur sa personnalité entreprenante et son large réseau de contacts professionnels et personnels. A l’autre moitié, ils ont présenté le même CV, mais avec un prénom différent, masculin : Howard.
Les étudiant/es éprouvaient du respect pour les succès de Heidi et d’Howard, mais au niveau de l’appréciation de leur personnalité, il y avait une différence. Iels trouvaient Howard sympathique mais pas Heidi, qui était vue comme égoïste, et infréquentable comme collègue. Les hommes peuvent accéder au sommet sans choquer ou déplaire aux autres parce que leur succès leur appartient. Des femmes par contre, on attend que leurs efforts bénéficient à la collectivité – elles doivent s’occuper des autres autour d’elles au lieu de travailler pour leur propre succès. Par conséquent, quand les femmes réussissent à accéder à des positions de leadership, elles sont perçues comme présentant un déficit en matière de nurturance et de qualités collectivement utiles, comme l’étude Heidi/Howard l’a mis en évidence. » (Gemma Hartley)
C’est ce qui explique qu’il n’y ait que 20% de femmes au Congrès aux Etats-Unis, et si peu de femmes chefs d’Etat dans le monde.
Parce qu’en gros, si les femmes manifestent ces qualités maternelles/altruistes qu’on exige d’elles, on les voit comme manquant d’autorité et d’agressivité, et incapables d’exercer un leadership compétent et énergique dans un monde régi par les rapports de force.
Si elles se montrent volontaires, déterminées, peu émotionnelles et « masculines », on les accuse d’être ambitieuses, égoïstes et « control freaks » (maniaques du contrôle), et on les trouve personnellement antipathiques. L’affirmation égocentrée de soi, fondement de toute expression créatrice, est interdite aux femmes.
You cant’ win…
Francine Sporenda
https://sporenda.wordpress.com/2025/02/07/laltruisme-obligatoire-handicap-redhibitoire-des-femmes/
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