Texte publié le 21 juin dans le blogue de Réjean Parent
Cette année, il y a une nouvelle raison de souligner cet événement. En effet, après des années de refus, le gouvernement canadien a finalement ratifié la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Cette déclaration a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 septembre 2007. Au cœur de cette déclaration, il y a la reconnaissance du droit qu’ont les peuples autochtones « d’observer et de vivifier leurs traditions culturelles et leurs coutumes », notamment en ce qui concerne la transmission de leur histoire, de leur langue, de leur tradition orale, bref de leur culture par le système d’éducation.
Car l’éducation constitue un élément majeur pour que les peuples autochtones atteignent une égalité de droit et de fait dans nos sociétés. Actuellement, le développement social et culturel des peuples autochtones est le parent pauvre des politiques publiques au Canada, mais aussi au Québec.
D’ailleurs, le 11 juin dernier, la vérificatrice générale du Canada a rendu public un rapport où elle indique que, dans la dernière décennie, le gouvernement fédéral a échoué à mettre en place des mesures pour améliorer la qualité de vie des membres des Premières Nations et que plusieurs éléments essentiels, notamment l’éducation et la protection des enfants, ne sont pas au rendez-vous.
Que prévoit le Plan Nord pour les 49 % des jeunes Autochtones sans diplôme ?
Nous aurions pu souhaiter que le Plan Nord, concocté par le gouvernement québécois, aide en partie à améliorer la situation. Malheureusement, ce dernier a décidé de mettre l’accent sur l’amélioration d’infrastructures routières et ferroviaires et la réfection d’aéroports (1,2 milliard de dollars), et n’a consenti qu’un investissement de 80 millions pour la formation professionnelle.
Bien que toutes les sommes supplémentaires en éducation soient les bienvenues pour les communautés au nord du 49e parallèle comme dans l’ensemble des communautés autochtones, nous nous serions attendus à des investissements majeurs. Faut-il rappeler qu’on y trouve un taux d’analphabétisme fonctionnel 4 fois plus élevé que le taux québécois, une mortalité infantile 3 fois et demie plus grande, un taux de suicide 6 fois plus élevé pour les moins de 20 ans, des revenus inférieurs de 33 %. Conséquence de cette situation : 49 % des jeunes autochtones n’ont pas obtenu leur diplôme d’études secondaires.
Bien peu d’investissements pour les infrastructures sociales et sanitaires
Le Plan Nord nous y annonce aussi des investissements économiques de 382 millions, notamment pour la construction de 840 nouveaux logements au Nunavik et la réfection de 482. C’est bien peu si on considère que 36 % des logements au Nunavik et 31 % sur le territoire cri nécessitent des rénovations majeures. Et ce, sans compter les urgents besoins en infrastructures sociales et sanitaires. Pensons seulement au village de Kitcisakik où les 100 maisons de la communauté n’ont aucune fondation, pas d’électricité, d’eau courante ni d’accès au téléphone. Comment, dans un tel contexte, les jeunes peuvent-ils réussir leur parcours scolaire et comment le milieu scolaire peut-il correctement répondre aux nombreux besoins de ces jeunes aux prises avec des difficultés qui dépassent le cadre normal de l’apprentissage ?