IRIS. Dépossession : une histoire économique du Québec contemporain. Lux éditeur
L’État québécois sert-il vraiment le bien commun ? Les institutions publiques héritées de la Révolution tranquille permettent-elles une réelle prise en charge démocratique de notre destin collectif ? Si nous sommes vraiment « maîtres chez nous », pourquoi nos institutions sont-elles contrôlées par une élite de technocrates et de personnes issues du monde des affaires ? Le second tome de Dépossession conteste l’idée selon laquelle le projet de libération nationale des années 1960-1970 aurait porté ses fruits et démontre que la configuration néolibérale de nos institutions publiques remonte aux origines de celle-ci. En retraçant l’histoire des services de santé et des services sociaux, des écoles, des universités, de la fiscalité et des régimes de retraite, ce livre révèle les fondements de la crise qui met à mal la légitimité de notre système public.
Michael Heinrich. Karl Marx et la naissance de la société moderne : biographie intellectuelle T.1 1818-1841. Éditions Sociales
À l’opposé de la plupart des biographes de Marx qui l’ont enfermé dans des schémas simplificateurs, Michael Heinrich montre que le travail de Marx n’existe que comme projet inachevé, qu’il consiste en une succession de débuts fascinants, d’accidents et de bifurcations. Cette démarche lui permet de brosser le portrait de Marx en homme moderne.
Ce premier tome d’une biographie intellectuelle essentielle s’attache aux années de jeunesse de Marx à Trèves, Bonn et Berlin, la phase la plus méconnue de sa vie. Cette période est pourtant riche d’événements et de moments importants de son cheminement intellectuel : son cadre familial, ses années de lycée, ses essais poétiques, sa confrontation avec la religion, sa thèse de philosophie, ses études de droit, sa critique de Hegel ou encore son amitié avec Bruno Bauer, dans la Prusse réactionnaire des années 1830. Michael Heinrich, spécialiste en sciences politiques, participe au renouvellement de la lecture de Marx. Les traductrices et traducteurs de ce volume collaborent à la Grande Édition Marx et Engels.
Romaric Godin. La guerre sociale en France. La Découverte
La tentation d’un pouvoir autoritaire dans la France de 2019 trouve ses racines dans le projet économique du candidat Macron. Depuis des décennies, la pensée néolibérale mène une guerre larvée contre le modèle social français de l’après-guerre. La résistance d’une population refusant des politiques en faveur du capital a abouti à un modèle mixte, intégrant des éléments néolibéraux plus modérés qu’ailleurs, et au maintien de plus en plus précaire d’un compromis social. À partir de la crise de 2008, l’offensive néolibérale s’est radicalisée, dans un rejet complet de tout équilibre.
Emmanuel Macron apparaît alors comme l’homme de la revanche d’un capitalisme français qui jadis a combattu et vaincu le travail, avec l’appui de l’État, mais qui a dû accepter la médiation publique pour « civiliser » la lutte de classes. Arrivé au pouvoir sans disposer d’une adhésion majoritaire à un programme qui renverse cet équilibre historique, le Président fait face à des oppositions hétéroclites mais qui toutes rejettent son projet néolibéral, largement à contretemps des enjeux de l’époque. Le pouvoir n’a ainsi d’autre solution que de durcir la démocratie par un excès d’autorité. Selon une méthode classique du néolibéralisme : de l’épuisement de la société doit provenir son obéissance.
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