« Cette mesure aura pour effet de décourager le travail rémunéré des femmes et de renforcer leur dépendance à l’endroit de leur conjoint » de dénoncer Alexa Conradi, présidente de la FFQ. « En l’absence d’un système accessible et de qualité de services de garde au Canada, de nombreuses femmes vont se sentir obligées d’abandonner leur participation au marché du travail au profit des baisses d’impôts promises par le fractionnement des revenus » s’est indignée Ruth Rose, présidente du CIAFT. Par ailleurs, il s’agit d’une autre réduction d’impôt pour les familles aisées, qui prive l’État canadien de moyens pour investir dans un programme national de services de garde au bénéfice de l’ensemble des enfants.
Prenons l’exemple d’un couple où le conjoint gagne 40 000$ par année et où la conjointe travaille à temps partiel pour un revenu annuel de 15 000$. Avec deux enfants dans un service de garde hors Québec, un couple peut aisément y consacrer 12 000$ par année. Avec la réduction d’impôt promise par le PCC, le couple pourrait conclure que la conjointe devrait cesser de travailler afin de dépenser moins en services de garde et, comme le revenu familial serait divisé par deux (20 000$ chaque), de bénéficier d’un retour d’impôt supplémentaire.
Cela fait en sorte que la conjointe devient ainsi économiquement dépendante de son conjoint. En se retirant du marché du travail, elle se privera d’un revenu autonome et de la possibilité de gravir les échelons et d’obtenir un poste plus payant. Nous savons qu’il est difficile pour une femme de réintégrer le marché du travail après plusieurs années d’absence, car on peine à reconnaître les compétences des femmes ayant consacré leur temps au travail à la maison. Par ailleurs, en ne contribuant plus au régime public de retraite, ces femmes risquent d’être plus pauvres à la retraite. En somme, cette mesure va à l’encontre de l’objectif de favoriser l’autonomie économique des femmes, une condition essentielle pour atteindre l’égalité qui est au cœur de la lutte féministe depuis plus de 40 ans.
« Les femmes ayant passé peu de temps sur le marché du travail notamment en raison de mesures comme celle proposée par le PCC, sont particulièrement vulnérables à la pauvreté lors d’une séparation. N’oublions pas que bon nombre de couples finissent par se séparer, » s’inquiète Sylvie Lévesque, coordonnatrice de la FAFMRQ. « Cette mesure ne ferait que faire miroiter aux femmes une meilleure conciliation travail-famille, mais il n’en est rien, » de dénoncer Barbara Legault, coordonnatrice Mouvement RebELLEs, un réseau pan-canadien de jeunes féministes « Alors que nous nageons en plein baby-boom, ce sont des centaines de milliers de jeunes femmes avec enfants qui seront pénalisées et qui s’appauvriront davantage avec cette mesure », ajoute-t-elle.
Si le Parti conservateur veut aider les familles, il devrait financer les provinces et territoires qui s’engagent à bâtir un système universellement accessible de services de garde publics, sans but lucratif et de qualité, avec compensation raisonnable pour le Québec.
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Pour information : Fédération des femmes du Québec : 514-876-0166, poste 1501 ; cellulaire 514-717-4847 ; www.ffq.qc.ca.
Source : Fédération des femmes du Québec (FFQ), le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT), la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ) et le Mouvement RebELLEs.