La FAE souhaite que les personnes enseignantes non légalement qualifiées puissent être formées. Avec la pénurie qui sévit, c’est la seule option. Il y a toutefois une différence entre soutenir et accompagner une personne qui souhaite enseigner et la qualifier. « Avec ce nouveau programme, le ministère de l’Éducation, en offrant son adhésion au Parcours prof, nivelle encore plus vers le bas. Il s’agit d’une formation à rabais. Nous sommes bien au fait de la pénurie qui sévit dans le milieu de l’éducation, puisque nos membres en subissent les effets néfastes depuis des années. Cependant, avec le Parcours prof, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, accepte de prendre des raccourcis pour former du personnel enseignant. Sous prétexte d’être pragmatique, on ne rend service à personne, tant pour celles et ceux qui souhaitent enseigner que pour les élèves, ni aujourd’hui ni demain ! Oserait-on proposer de telles formations écourtées pour former des psychologues, des avocats, des médecins ? La réponse est évidente », dénonce la présidente de la FAE, Mélanie Hubert.
En plus d’être commandé et promu par le ministère de l’Éducation (MEQ), ce qui constitue une première dans le domaine, le Parcours prof propose trois étapes : un microprogramme de 15 crédits, un certificat de 30 crédits et un baccalauréat de 120 crédits, ce dernier en cours d’élaboration. La Fédération s’étonne que le Parcours prof permette de reconnaître jusqu’aux deux tiers des crédits en acquis de compétence chez une personne candidate, ce qui, pour finir, équivaudrait à un baccalauréat de 40 crédits.
La FAE n’est pas la seule organisation à s’opposer à ce genre de formations à rabais. Le Comité d’agrément des programmes de formation à l’enseignement (CAPFE) a suspendu ses travaux à la suite de l’approbation, par le ministre de l’Éducation sortant Jean-François Roberge, du programme de la maîtrise qualifiante de 60 crédits préscolaire-primaire de l’Université de Montréal. En effet, le CAPFE n’était pas d’accord avec ce programme. Il ne l’était pas non plus avec celui de la TÉLUQ. Pour contourner le CAPFE, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, suggère plutôt, dans son projet de loi no 23, l’élimination de ce comité, dont tous les membres viennent de démissionner. Ce comité verrait son mandat confié à l’Institut national d’excellence en éducation (INEÉ) qui relèverait du MEQ. C’est une excellente façon pour le ministre Drainville de faire taire les avis d’experts critiques à l’endroit des décisions ministérielles.
« La Fédération demande donc aujourd’hui à Bernard Drainville d’abandonner l’idée de mettre sur pied ce programme dès cet été. De nombreuses personnes enseignantes quittent la profession, puisque la classe ordinaire n’existe plus et la tâche s’alourdit d’année en année. Le Parcours prof ne formera pas des gens aptes à gérer les difficultés des classes d’aujourd’hui et par conséquent, ne permettra pas aux élèves d’atteindre leur plein potentiel », conclut Mme Hubert.
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