Édition du 18 juin 2024

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Premières Nations

Exploration d’uranium : Mistissini dit « Non « et demande un moratoire

Mistissini, Eeyou Istchee, 5 juin 2012 – Le Chef du Conseil de la Nation Cri de Mistissini, Richard Shecapio, a clairement exprimé sa position aux audiences publiques de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) qui se tiennent aujourd’hui (5 juin) à Mistissini, en mentionnant que sa communauté est fortement opposée au développement uranifère en Eeyou Istchee. « On veut dès maintenant mettre un point final à la question du développement uranifère, et ce, une fois pour toutes. Nous voyons bien la direction prise par ce projet d’exploration d’uranium, et nous ne voulons aucun projet de mine d’uranium », a dit le Chef Shecapio.

Cette audience publique porte sur la demande de permis de Ressources Strateco inc. (Strateco) pour la préparation de l’emplacement et la construction en lien avec un programme de prospection souterraine sur le site du projet Matoush, situé à environ 260 kilomètres au nord de Chibougamau au Québec. En novembre 2010, la Nation Cri de Mistissini s’était exprimée quant à ce projet qui ne recevait pas l’appui de la communauté. Cette même position s’est reconfirmée en 2011. Aujourd’hui, le Chef réitère que rien n’a changé à cet effet de la part de sa communauté, et que la position demeure la même.
Un moratoire

Le Chef Shecapio a abordé ce que le Conseil envisage, « peu importe ce qu’il faudra faire » pour qu’il y ait un moratoire sur le développement uranifère. « À la lumière des lacunes constatées en matière d’acceptabilité sociale, de l’incompatibilité à l’égard de notre culture et du manque de compréhension claire quant aux impacts du projet de mine d’uranium sur la santé et l’environnement, ce serait téméraire de la part de notre peuple d’aller de l’avant et d’accorder une licence pour l’avancée du projet d’exploration de Strateco. Nous demandons un moratoire sur l’exploration uranifère et les mines d’uranium sur nos terres ancestrales aussi bien que sur les terres du Québec », a dit le Chef Shecapio.

Lors de son intervention aux audiences publiques, Richard Shecapio a expliqué que les Cris ont toujours été les gardiens et les protecteurs du territoire et qu’ils vont continuer à l’être. Pour les Cris de Mistissini, le territoire est en soi un milieu d’apprentissage et fournit déjà ce dont ils ont besoin. Les territoires de trappe constituent des classes d’apprentissage cri. Ce qui y est enseigné aux jeunes, c’est le mode de vie cri, un mode de vie en harmonie avec la nature. Cette forme d’enseignement sur le terrain assure leur survie au sein de leur peuple. Toute forme d’enseignement visant la survivance constitue un enseignement de haut niveau. Cette façon d’enseigner à la manière crie vise à apprendre l’humilité, le respect, la responsabilité, la discipline, l’indépendance, le partage et la compassion.

« Étant donnée la présence active de notre population sur le territoire, qui chasse, trappe et consomme la viande animale, nous sommes concernés par le fait que la nourriture traditionnelle pourrait devenir contaminée par des radionucléides, qui constituent une menace pour la consommation humaine. De hauts taux de radionucléides ont été rapportés dans des orignaux et des caribous à proximité de mines d’uranium. Cette exposition indirecte peut conduire à de graves problèmes de santé pour les personnes qui consomment de la viande contaminée », a mentionné le Chef Shecapio.

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