Presse-toi à gauche entreprend une nouvelle saison avec ce retour des vacances estivales et nos auteur.e.s vous proposent entre autre, une analyse de la scène politique fédérale à la veille du déclenchement des élections prévues en octobre, un article qui retrace les luttes contre les projets du lobby des énergies fossiles afin d’inspirer les luttes qui se profilent à l’horizon contre le projet Gazoduq et un commentaire critique sur le récent livre de Jean-François Lisée concernant la crise profonde que traverse le PQ.
Bernard Rioux trace un portrait de la scène politique fédérale à la veille du déclenchement des élections générales du 21 octobre sous l’angle de la lutte aux changements climatiques. Tous les partis partagent une constante : aucun ne possède le programme et la volonté de mener une lutte conséquente aux changements climatiques. De la négation pure et simple de Maxime Bernier et son Parti populaire du Canada au Parti vert qui défend l’exploitation du pétrole des sables bitumineux en passant par la poudre aux yeux des conservateurs ou de l’hypocrisie des libéraux, tous ne sont pas à la hauteur du défi urgent de prendre les mesures qui s’imposent. Le NPD ne fait qu’une partie du chemin nécessaire à cette bataille alors que le Bloc québécois attache son avenir à celui de la CAQ au pouvoir à Québec, parti qui qui appuie des projets comme Gazoduq au Saguenay. L’auteur suggère de mener une campagne lors de ces élections afin de construire le rapport de force nécessaire afin que le parti élu soit contraint d’adopter les mesures nécessaires. Et cette construction comprend notamment une alliance à bâtir avec les groupes écologistes du reste du Canada.
Pierre Dostie décrit le projet de pipeline qui relierait l’Ontario et le Saguenay en passant par le Témiscamingue et l’Abitibi pour exporter du gaz naturel que l’on qualifie d’« énergie de transition ». Situant ce projet dans le contexte de la « sale guerre » que se livre les exportateurs de gaz, il dénonce la désinformation que mènent ces intérêts ainsi que leurs complices dans l’Etat. Il s’agit là d’un nouveau défi pour le mouvement écologiste québécois qui par le passé a su tirer son épingle du jeu et demeure largement mobilisé. Nous en aurons bien besoin.
Louise Morand ajoute sa contribution à ce sujet et dit craindre pour l’avenir du Saguenay voyant dans le projet de la compagnie Metaux BlackRock un danger pour l’écosystème du cours d’eau. L’Usine qui serait alimenté par gazoduc deviendrait ainsi l’un des plus important émetteur de gaz à effet de serre au Québec. Par ailleurs, la lutte contre la fracturation hydraulique se poursuit au Centre-du-Québec alors que des comités citoyens se mobilisent pour bloquer la campagne des lobbyistes de Questerre Energy et de Ressources Utica pour donner un second souffle à leur projet de forer les terres du St-Laurent à la recherche de gaz et de profits.
André Frappier nous livre une critique importante du récent livre de Jean-François Lisée « Qui veut la peau du Parti québécois ? ». L’ouvrage est un condensé des critiques que l’ex-chef du PQ cultive à l’endroit de Québec solidaire, lui imputant la crise du mouvement souverainiste et le déclin du PQ lui-même. Bien peu de critiques vis-à-vis les fédéralistes, rien sur le rangement à la droite du PQ et ses poussées identitaristes, les budgets à la « sauce déficit zéro » ni sur l’absence de stratégie pour accéder à l’indépendance du Québec. Non, le problème, c’est QS. L’auteur montre qu’une telle approche est réductrice et passe sous silence les réelles intentions des stratèges du PQ : faire disparaitre ou à tout le moins marginaliser QS. Autrement, le livre de Lisée « est une diatribe qui n’apporte rien à la compréhension de la descente continue du PQ depuis les vingt dernières années et ne propose que peu d’analyse de la conjoncture politique, se limitant à quelques pronostics quant à l’avenir des partis politiques. »
Sur la scène internationale
Nous avons voulu souligner l’importance des femmes dans les mouvements et les mobilisations sociales en tant que militantes et aussi auteurs. Au Soudan, aux États-Unis et pour la planète.
Concernant le Soudan
Le Soudan connaît depuis plusieurs semaines des mobilisations contre le gouvernement dictatorial. Une entente été conclue mais les militants et militantes demeurent prudent-e-s. Quelle a été la place des femmes dans ces manifestations ? Voilà l’objet de l’article.
Que veulent les femmes qui participent à la révolution au Soudan ? « Tout au long de la révolution au Soudan, les femmes ont joué un rôle clé dans le combat pour la liberté, la justice et la paix » voilà qui répond clairement à la question. D’autant plus que les forces de répression ont été impressionnantes : viol, emprisonnement, torture et meurtre de manifestants. Les violences sexuelles sont chose commune au Soudan. Déjà au Darfour, plusieurs femmes avaient été agressées. Et certaines attendent encore réparation. Les femmes craignaient donc de voir encore cette stratégie de répression faire jour. La lutte contre les violences étaient donc à l’ordre du jour.
Pour les jeunes femmes la question de la liberté était un important leitmotiv : « Je veux pouvoir décider librement de la façon dont je m’habille, où je vais et à quelle heure je dois rentrer à la maison”, lance une jeune femme de 28 ans, diplômée de l’université. La plupart évoquent certaines restrictions liées au droit de la famille régi par la charia au Soudan, comme le droit de choisir son mari, de travailler à l’extérieur du foyer et d’avoir la garde des enfants. » Pour d’autres femmes les motivations sont de l’ordre de l’égalité des sexes. Elles se préoccupent de garder leur place et de ne pas se voir mise de côté. Et de conclure : « Et si elles sont encore exclues des négociations, elles s’inviteront à la table pour faire parvenir leurs revendications en matière de justice, de liberté et d’égalité. Comme le dit une manifestante : “Cette révolution est la révolution des femmes.” »
Concernant les États-Unis
A. Ocasio-Cortez, I. Omar, A. Pressley et R. Tlaïb répondent au Président Trump Le Président Trump non content des commentaires de ces candidates démocrates à l’investiture à la présidence les invite à retourner chez elles. Or, sauf une, elles sont nées aux États-Unis. Voici leurs réponses.
A. Pressley : « Dans la tradition de ce que nous déclarons être comme nation, un guide de lumière, d’espoir et de refuge, cette administration à la culture corrompue, chaotique et sans cœur, n’est qu’une simple rupture, une distraction depuis le début. Nous voulons revenir au service du peuple américain qui nous a envoyées ici pour réduire le prix des médicaments, travailler sur la crise de santé publique, sur l’épidémie de la violence par armes à feu, sur le fossé des revenus entre les gens de couleur et les autres et, oui, nous assurer que les familles restent unies. »
Ilhan Omar : « Alors, nous ne pouvons permettre à ce Président de continuer sur sa lancée, et en même temps, nous contenter de décrire tout l’abomination qui sort de sa bouche et ne pas l’incriminer clairement. Nous pouvons continuer à fermer les yeux sur les multiples crimes dont il est accusé ou nous tenir debout quand il viole les droits humains les plus élémentaires et tenir son administration pour responsable de la mort d’enfants à la frontière. »
Alexandria Ocasio-Cortez : « Cela nous appartient à tous et toutes. Cela t’appartient et m’appartient aussi. La première chose que je veux dire aux enfants du pays, c’est que peu importe ce que le Président dit, le pays vous appartient. Il nous appartient à nous tous et toutes. »
Rashida Tlaïb : « Malheureusement, ce n’est pas la première fois ni la dernière où nous entendrons ce Président prononcer des propos dégoûtants et fanatiques. Nous savons qui il est. Et nous savons qu’il est, avec son administration, constamment engagé dans des entreprises qui font mal au peuple américain et à ceux et celles qui vivent sur notre sol. »
Concernant la planète
Nous avons retenu un article faisant le bilan de l’intervention de Greta à l’assemblée nationale française. « Sois belle et tais-toi » « On peut discuter les idées de Greta Thunberg et de ses congénères. Pourtant, certaines réactions à l’annonce puis à la réalisation de son intervention à l’Assemblée nationale à Paris le 23 juillet 2019 excluent leurs auteurs de l’idée de débat. » Voilà ce que l’article tire comme bilan de l’intervention de Greta. Greta a reçu des insultes, des commentaires les plus désobligeants. L’auteure fait le lien entre ces attitudes et le fait d’être femmes. Le sexisme questionne le corps des femmes, questionne les idées, questionne les comportements. À lire pour se réconforter contre le patriarcat.
Sous la rubrique La planète, nous avons aussi retenu 5 articles d’une femme auteure Esther Vivas sur la crise alimentaire, évidement lié à la crise écologique.
Crise alimentaire : un dossier
Dans ce premier texte l’auteure situe bien l’ampleur de la crise : « Un chiffre qui atteindra 1,2 milliard d’affamés en 2017, selon le Département de l’agriculture états-unien . Mais en réalité la crise alimentaire actuelle a déjà une incidence directe ou indirecte sur la moitié de la population mondiale, c’est à dire plus de 3 milliards de personnes.
Elle tente ensuite de comprendre pourquoi puisque la production alimentaire à tripler depuis les années ‘60. Et elle retient le coût des aliments comme problème :« Le problème aujourd’hui ce n’est pas le manque de nourriture, mais l’impossibilité de l’obtenir. En fait, la production mondiale de céréales a triplé depuis les années 1960, alors que la popu-lation mondiale a seulement doublé. Jamais dans l’histoire autant d’aliments n’avaient été produits. Mais pour les millions de personnes qui, dans les pays du Sud, dépensent entre 50 % et 60 % de leur revenu (et même 80 % dans les pays les plus pauvres, alors que dans les pays du Nord on estime ces dépenses entre 10 % et 20 %) pour acheter la nourriture, la hausse du prix des denrées alimentaire les a rendus inaccessibles. »
Crise alimentaire : Les causes conjoncturelles
Dans ce deuxième article. Esther Vivas situe les causes conjoncturelles ainsi et va les expliciter dans l’ensemble de son texte. « À mon avis deux facteurs conjoncturels ont joué un rôle déterminant dans le déclenchement de la hausse rapide des prix alimentaires : l’augmentation du prix du pétrole, qui s’est répercutée directement et indirectement, et les investissements spéculatifs croissants dans les matières premières. Ces deux facteurs ont déséquilibré le système agro-alimentaire très fragile »
Crise alimentaire : Les causes structurelles
Avec le troisième article, elle aborde les causes plus profondes, plus systémique de la crise alimentaire. Les failites de la révolutions vertes, l’application des plans d’ajustements structurels sont mis en lumière. Elle affirme donc : « L’application aveugle de la politique néolibérale au cours des trente dernières années à l’échelle mondiale (la libéralisation du commerce à tout prix, le paiement de la dette extérieure des pays du Sud, la privatisation des services et des biens publics…) ainsi qu’un modèle de l’agriculture et de l’alimentation au service de la logique capitaliste sont principalement responsables de cette situation. »
Crise alimentaire : Impacts sur le Nord
Dans cet article, elle attire l’attention du lectorat sur la situation dans les pays capitalistes avancés et particulièrement en Europe. Elle donne des exemples concrets entre autre en Espagne sur les surprofits de la grande distribution et sur la crise de la paysannerie : « Au cours des dix dernières années, dans l’État espagnol on a assisté à la disparition de près de dix exploitations agricoles par jour. La population paysanne s’est réduite de 5,6 % et elle est composée en majorité de personnes âgées »
Crise alimentaire Agriculture industrielle et changement climatique
Enfin dans ce dernier texte, elle fait clairement le lien entre crise alimentaire, crise de l’agriculture et crise écologique. « Si l’on prend en compte l’impact de la déforestation (qui génère 18 % des gaz à effet de serre) et l’impact du modèle actuel de l’agriculture et de l’élevage (qui produit 14 % de ces gaz), les deux ensemble sont responsables de 32 % des gaz à effet de serre. Ce modèle d’alimentation « kilométrique et voyageuse », tout comme l’emploi démesuré de l’agrochimie et des dérivés du pétrole, entraîne une forte dépendance des combustibles fossiles. En conséquence, dans la mesure où le modèle productif de l’agriculture et de l’élevage est fortement dépendant du pétrole, la crise alimentaire et la crise énergétique sont étroitement liées et les causes qui ont conduit à la première sont aussi responsables de la seconde. »
Bonne lecture
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