Antoine Baby, sociologue
St Antoine de Tilly
La preuve du sous financement des universités du Québec n’est plus à faire, disent les oracles et les bonzes. Pour régler le problème et puisque qu’il s’avère plus difficile que prévu d’aller chercher ce qui manque dans la poche des étudiants, le Gouvernement oblige les étudiants à aller chercher ce qui manque dans les goussets… des universités,,, sous financées. Le Pouvoir renvoie ainsi dos à dos les protagonistes et s’en lave les mains lâchement. Une décision qui est un hydride de Salomon, de Ponce Pilate et de Machiavel. Difficile de trouver une logique plus tordue que celle à laquelle ce gouvernement fourbe soumet la population du Québec. Et flatteurs d’applaudir, dit la fable ! Les sondages indiquent en effet qu’un nombre croissant de gens appuient les positions et les décisions du Gouvernement Charest dans cette affaire. C’est à pleurer ! C’est à hurler ! On se fait berner, on se fait fourrer, on se fait rouler dans la farine et on en sort de plus en plus satisfait ! Et on s’apprête à reporter au pouvoir ce Machiavel de série B. Incroyable ! Inimaginable ! Révoltant !
C’est à se demander ce qui va secouer les Québécois, les sortir de leur torpeur, leur redonner ce que Henry Milner appelle la compétence civique qu’il conviendrait mieux d’appeler la maturité politique qui leur fait scandaleusement défaut ! « Réveille, réveille, c’est les goddams qui viennent », chante Zachary !
I have a dream ! Les éléments les plus conscientisés, les plus politisés des luttes étudiantes actuelles se constituent en brigades permanentes de citoyens et de citoyennes difficiles à gouverner comme l’ont été Madeleine Parent, Simone Monet, Michel Chartrand, Pierre Bourgault et tant d’autres. Les démocraties d’aujourd’hui doivent se doter de forces sociales parallèles qui ne se laisseront pas assujettir ni par les aléas du vote, ni par les compromis du pouvoir. Porteuses des valeurs dans lesquelles nous croyons, elles ouvriront le chemin à un projet de société plus juste, plus équitable, plus égalitaire. En état d’alerte constante, ces forces progressistes deviendront ainsi l’indispensable avant garde d’une démocratie capable de faire durablement le contrepoids d’une société néolibérale par trop asservie aux notations de crédit et aux intérêts des chevaliers du profit.