Montréal, le 20 avril 2011 - La famille Bennis a reçu un avis formel lui confirmant que le Bureau du coroner n’assumerait pas les honoraires d’avocat encourus lors de l’enquête du coroner portant sur les causes et circonstances du décès de Mohamed Anas Bennis. Si la représentation de la famille Bennis n’est pas défrayée, il est fort probable que cette dernière ne soit pas en mesure de participer à l’enquête, dont le commencement est prévu pour le 27 avril 2011 à Laval.
La Coalition Justice pour Anas considère la décision du Bureau du coroner complètement injustifiée. Cette décision ne fait que rendre encore plus pénible la lutte que les membres du public, y compris les familles des victimes, doivent mener pour obtenir des réponses lorsque des policiers recourent à la violence avec des conséquences létales. Dans le cas présent, la Fraternité des policiers et policières de Montréal a essayé en vain de faire annuler l’enquête du coroner et a en fait réussi à retarder cette enquête de deux ans. Pourtant, les policiers impliqués dans la mort d’Anas bénéficieront d’une représentation complète. Pour Mohamed Bennis, le père d’Anas, « Il est tout à fait inconcevable que d’un côté, les policiers impliqués dans la mort de mon fils soient représentés par des avocats, aux frais des contribuables, et que de l’autre côté ma famille se voit refuser un traitement équitable. C’est clairement deux poids deux mesures. » Après s’être buté pendant plusieurs années à une bureaucratie opaque et méprisante, la famille Bennis est maintenant empêchée de facto de participer à l’enquête dont le mandat est d’éclaircir ce qui est arrivé à Anas.
Par ailleurs, la décision du Bureau du coroner est incohérente puisqu’elle ne concorde pas avec une décision récente rendue dans un cas similaire. En effet, dans le cadre de l’enquête du coroner sur les causes et circonstances du décès de Fredy Villanueva, les frais juridiques, non seulement ceux de la famille Villanueva, mais également ceux de Denis Meas et de Jeffrey Sagor-Metellus (tous deux blessés par le même policier qui a tué le jeune Fredy), ont été absorbés par le Bureau du coroner.
Conséquemment, la Coalition Justice pour Anas invite tous les groupes et individus qui soutiennent la cause de la famille Bennis à écrire à Robert Dutil, le ministre de la Sécurité publique, pour lui demander de renverser cette décision injuste. Dans une lettre, la Ligue des droits et libertés recommande vivement au ministre Dutil de faire en sorte que les frais d’avocat de la famille Bennis soient payés afin d’éviter une situation où « les principaux intéressé-e-s, c’est-à-dire les membres de la famille Bennis, se retrouvent en déséquilibre par rapport aux autres parties intéressées ».
Le 1er décembre 2005, à Côte-des-Neiges, Mohamed Anas Bennis a été tué alors qu’il rentrait chez lui après sa prière matinale à la mosquée du quartier. Il a été atteint mortellement de deux balles tirées à bout portant par l’agent Yannick Bernier du SPVM. Plus de cinq ans après sa mort, plusieurs questions entourant les circonstances de son décès demeurent sans réponses.