Tels sont les faits saillants de l’enquête menée par la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), le Syndicat des professionnelles et professionnels du milieu de l’Éducation de Montréal (SPPMEM-CSQ), le Syndicat du personnel professionnel de l’éducation du Nunavik et de l’Ouest de Montréal (SPPÉNOM-CSQ), le Syndicat des professionnelles et professionnels de la Montérégie (SPPM-CSQ), le Syndicat des professionnelles et professionnels de l’éducation de Laurentides-Lanaudière (SPPÉLL-CSQ) auprès de leurs membres de la région.
Le président de la FPPE-CSQ, Jacques Landry, la présidente du SPPMEM-CSQ, Martine Bossous, la présidente du SPPENOM-CSQ, Carolane Desmarais, le président du SPPM-CSQ Guy Boivin et la présidente du SPPÉLL-CSQ, Josée Yale, ont dévoilé ce matin, en conférence de presse, un portrait préoccupant de l’état des conditions de travail et de pratique des professionnelles et professionnels de l’éducation dans la région de l’Outaouais.
Une pénurie qui va s’aggraver
« L’enquête démontre en effet que près de 53 %1 des personnes qui ont répondu au sondage à Montréal songent à quitter leur emploi pour une autre raison que la retraite. Parmi elles, 59 % sont à la recherche d’un meilleur salaire. C’est d’ailleurs la raison qui affecte le plus la rétention du personnel qui voit à la construction et l’entretien des écoles, les architectes et les ingénieurs. Leur salaire est le plus bas de la fonction publique, parapublique et du privé au Québec. Cette situation est inacceptable et contribue au constant roulement de personnel, ce qui retarde grandement les chantiers », se désole Martine Bossous, présidente du SPPMEM-CSQ.
Même son de cloche du côté de Laurentides et Lanaudière : « Le nombre de professionnel·les qui démissionnent depuis l’an dernier est effarant, c’est du jamais vu en éducation. Il y a des milieux où les problèmes sont si criants que c’est plus de la moitié des effectifs qui ont quitté, pour certains corps d’emploi », affirme Josée Yale, présidente du SPPÉLL-CSQ.
« Plusieurs postes professionnels sont vacants dans la région en ce moment, notamment 90 postes du Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys. La difficulté des centres de services scolaires à attirer et à retenir des professionnel·les s’explique principalement par les conditions de travail qui sont peu attrayantes en éducation. La pénurie risque de s’empirer si le Conseil du trésor ne se décide pas à agir dans la négociation en cours », dénonce Carolane Desmarais, présidente du SPPENOM-CSQ.
Des services insuffisants pour répondre aux besoins des élèves
« Le sondage révèle qu’une proportion inquiétante de 82% des professionnel·les de l’éducation de la région affirme que les élèves ne reçoivent pas les services professionnels auxquels la Loi sur l’instruction publique leur donne droit. C’est alarmant », s’inquiète Guy Boivin, président du SPPM-CSQ.
Parmi ceux-ci, 66% estiment que les professionnel·les ne sont pas en nombre suffisant, notamment en raison de la piètre qualité de leurs conditions de travail.
Une situation semblable partout au Québec
Pour sa part, le président de la FPPE-CSQ soutient que la situation difficile vécue à Montréal est semblable à celle vécue par le personnel professionnel partout à travers le Québec.
« Notre sondage, qui a reçu plus de 4000 réponses, indique que 41% des professionnel·les2 songent à quitter leur emploi. Les raisons invoquées sont, par ordre d’importance, les salaires trop bas (50 %), la lourdeur de la tâche (47 %) et le manque de reconnaissance (45%). Je qualifierais la situation d’alarmante », commente Jacques Landry.
Parmi les autres faits saillants ressortant du sondage mené auprès de l’ensemble des membres de la FPPE-CSQ au Québec, notons les suivants :
80% des sondés jugent que les élèves ne reçoivent pas les services professionnels prévus à la LIP en raison du manque de personnel.
60% d’entre eux estiment que les services professionnels des ressources matérielles et administratives sont insuffisants pour assurer un environnement favorable à la réussite scolaire.
La majorité (61%) des répondants s’est déclarée en surcharge de travail.
Les professionnel·les ont des solutions à suggérer
Les professionnel·les de l’éducation ne baissent pas les bras et fondent beaucoup d’espoir dans la négociation en cours pour le renouvellement de leur convention collective.
Près de 70% d’entre eux pensent qu’instaurer des seuils obligatoires de services professionnels diversifiés et complets dans chaque école et centre permettrait au personnel de travailler davantage en prévention et d’arriver à répondre aux besoins des élèves.
Une proportion semblable estime que le fait de rehausser les salaires, d’améliorer les conditions de travail et la flexibilité des horaires et de consentir à davantage de congés pour faciliter la conciliation travail-famille-vie personnelle permettrait d’attirer et de retenir davantage de personnel auprès des élèves.
Vers la grève
« Actuellement, les discussions aux tables de négociation stagnent. Le gouvernement ne propose rien de concret pour améliorer la situation actuelle qui ne cesse de se détériorer. Nous espérons qu’il profitera de la rentrée scolaire pour nous envoyer le message que les besoins des élèves du Québec font partie de ses priorités. C’est pourquoi nos membres de partout au Québec se sont prononcés très majoritairement jusqu’ici, à 92,5%, en faveur d’un mandat de grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée », affirme le président de la FPPE-CSQ3.
1 Après répartition des indécis
2 Après répartition des indécis
3 La FPPE-CSQ fait partie du Front commun. Les résultats dévoilés aujourd’hui s’inscrivent dans un grand mouvement de grève sans précédent au cours des 50 dernières années, qui regroupe plus de 420 000 travailleuses et travailleurs des réseaux publics de la santé et des services sociaux, de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Devant la fermeture du gouvernement du Québec après bientôt un an de négociations, rappelons que l’ensemble des syndicats constituant le Front commun a entamé une vaste tournée d’assemblées générales afin de se doter d’un mandat de grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée (GGI). Le mandat précise de plus que le déclenchement de la GGI sera précédé de séquences de grève. Les membres de la CSN, de la CSQ, de la FTQ et de l’APTS concerné·es sont appelé.es à se prononcer démocratiquement, par vote secret. La tournée d’assemblées générales se tiendra jusqu’au 13 octobre 2023, et le Front commun fera le point sur la situation après cette date.
Un message, un commentaire ?