Sur le thème Renforcer le réseau collégial 20 ans après la réforme Robillard, le vingtième congrès de la FEC-CSQ s’ouvre aujourd’hui à l’Auberge de la Pointe à Rivière-du-Loup.
En conférence de presse aujourd’hui en compagnie de la présidente de la CSQ, Louise Chabot, le président de la FEC-CSQ, Mario Beauchemin, s’est montré très critique à l’égard de cette réforme lancée sous un gouvernement libéral, il y a deux décennies.
« Force est de constater que plusieurs des changements apportés ont été plus administratifs qu’éducatifs. Ils ont donc eu davantage d’impacts sur le travail enseignant que sur la réussite étudiante. Tout n’a pas été sombre, bien sûr, puisque l’approche par programme a permis d’améliorer le travail d’équipe et la cohérence au plan des programmes. Mais au chapitre de la réussite éducative les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. Cette réforme aura tout de même servi à démontrer, une fois de plus, qu’il serait peut-être temps que les décideurs fassent moins de politique avec l’éducation », a commenté le président de la FEC-CSQ.
Une situation d’effritement du réseau très inquiétante
À l’instar d’autres décisions, prises sans avoir bien mesuré les impacts, la réforme Robillard entraîne son lot de conséquences sérieuses.
« L’augmentation de l’autonomie des collèges, provoquée par cette réforme, a conduit à une situation d’effritement du réseau, extrêmement troublante et inquiétante. La mise en œuvre différenciée de la réforme selon les moyens des établissements, la diversité des cours pour un même programme et la mise en concurrence en formation continue en sont plusieurs exemples. De plus, les nouvelles mesures de contrôle et d’évaluation qui ont accompagné ces changements ont considérablement alourdi les exigences administratives », a analysé Mario Beauchemin.
Nécessité de corriger le tir
Pour le président de la FEC-CSQ, il ne fait aucun doute que les impacts de la réforme Robillard démontrent les limites de la décentralisation et qu’il est maintenant nécessaire de corriger le tir. « Une plus grande cohérence dans la gestion du réseau collégial et un rappel qu’il s’agit d’établissements publics dont la mission est d’assurer un accès à l’enseignement postsecondaire sur l’ensemble du territoire sont donc nécessaires », a stipulé M. Beauchemin.
Un réseau qui mérite d’être pleinement reconnu une fois pour toutes
Pour sa part, la présidente de la CSQ, Louise Chabot, a également déploré que le réseau collégial soit, encore aujourd’hui, toujours en quête de reconnaissance, lorsqu’il n’est pas carrément remis en question, et ce malgré son impact important sur la société québécoise.
« Trop souvent, le réseau collégial sert encore de bouc émissaire à des politiciens en manque de popularité comme on l’a vu récemment avec le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault et le candidat à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ), Pierre Moreau. Il serait plus que temps que les politiciens cessent de chercher des solutions miracles aux défis du monde de l’éducation et reconnaissent, une fois pour toutes, la contribution essentielle qu’a eu et qu’a toujours le réseau collégial pour favoriser l’accès à l’enseignement postsecondaire. Ils doivent également prendre conscience que ce réseau participe activement au développement économique, social et culturel des régions et des communautés. Sa fragilisation comme son renforcement ont des conséquences positives ou négatives non négligeables », a rappelé Mme Chabot.
Des politiciens invités à la réflexion
La présidente de la CSQ a renchéri en invitant les politiciens à prendre le temps de bien réfléchir avant d’exiger toujours plus de notre système d’éducation.
« Les élus devraient s’intéresser un peu plus aux facteurs principaux qui déterminent le parcours des jeunes, du primaire à l’université. Lorsqu’on en demande toujours plus au système d’éducation, notamment en ce qui concerne la réussite et l’intégration d’une population étudiante de plus en plus hétérogène, on en demande peut-être trop. Trop, parce qu’il y a un manque de ressources, mais également parce que les trajectoires scolaires demeurent profondément marquées par le milieu de vie en dehors de l’école », a expliqué Louise Chabot.
Des mesures sociales pour réduire les inégalités scolaires
Dans cet esprit, la présidente de la CSQ a suggéré que la réduction des inégalités scolaires passe probablement davantage par des politiques qui s’attaquent aux inégalités sociales que par l’implantation d’une quelconque réforme comme ce fut le cas avec la réforme Robillard.
D’autres sujets à l’ordre du jour
Dans un autre ordre d’idées, mentionnons que d’autres sujets seront abordés au cours du congrès de la FEC-CSQ, notamment les mouvements sociaux par rapport à l’austérité, le féminisme et la désobéissance civile, l’avenir des cégeps en région, le renforcement de l’action syndicale ainsi que la recherche au collégial.