De passage à Rivière-du-Loup où se tient le Conseil général de la CSQ, Louise Chabot s’indigne que « les services publics soient considérés comme une simple dépense et non comme un des piliers fondamentaux servant de solution à la création de richesse. Depuis plusieurs décennies déjà, nos services publics subissent d’importantes compressions et ce n’est certes pas de nouvelles coupes qui amélioreront la situation. Au contraire, cela ne fera que les fragiliser davantage, voire carrément les mettre en danger. S’il faut attendre l’équilibre budgétaire pour pallier les besoins criants des services publics, les problèmes risquent de décupler ». La CSQ ne peut souscrire à une vision où la libre entreprise prend le pas sur les besoins de la population. L’organisation syndicale attend de connaître la teneur du budget et des crédits pour avoir une meilleure idée des intentions réelles du gouvernement libéral.
Des pratiques d’austérité rejetées en Europe
De plus, Louise Chabot déplore le fait que le gouvernement Couillard emprunte la voie de l’austérité budgétaire à un moment où les gouvernements européens abandonnent les uns après les autres de telles politiques, constatant l’état désastreux auquel elles ont conduit leur économie.
Éducation : une priorité aux mesures extrêmement timides
En matière d’éducation, la CSQ ne croit pas que les propositions avancées soient suffisantes pour combattre le décrochage scolaire. L’aide aux devoirs n’est pas une solution magique à la réussite scolaire du plus grand nombre. Par contre, la CSQ participera au forum sur la lutte à l’intimidation puisqu’elle a été parmi les premières organisations à avoir interpellé le gouvernement sur ce sujet.
Sur le plan de la formation professionnelle, le gouvernement Couillard propose des changements importants. Le discours inaugural laisse entrevoir des mesures basées sur le modèle allemand, où les entreprises ont un rôle majeur à jouer. De tels changements doivent être sous haute surveillance, car les entreprises d’ici n’ont pas de culture de formation initiale. Tout au plus certaines ont-elles développé une culture de formation continue. Il en va de même avec le financement des universités à l’aide de la philanthropie. Le danger de voir se développer des programmes soutenus par les entreprises au détriment de programmes plus sociaux ou culturels demeure. La CSQ rappelle qu’on ne doit pas s’éloigner de la mission première de ces institutions.
La santé en observation
« Dans son discours, le premier ministre Couillard a ni plus ni moins donné le feu vert au développement de cliniques privées grâce à des services financés par la RAMQ ! Il serait davantage profitable de développer l’accessibilité dans les structures déjà existantes », estime la présidente de la CSQ.
En ce qui a trait au financement des établissements de santé, la CSQ surveillera attentivement le dossier. Cette réforme présente des enjeux et des risques importants pour le réseau de la santé ainsi que pour les gens qui y œuvrent. « Nous espérons que le gouvernement évitera les désastres comme ceux causés dans le secteur de la santé lors de la lutte au déficit de Lucien Bouchard. Ces mesures d’économie avaient jeté le réseau par terre pour plusieurs années et nous en subissons encore les conséquences », se rappelle Louise Chabot.
Des inquiétudes et des oublis
La CSQ relève l’importance pour le gouvernement de maintenir le cap dans le développement des places en services de garde. En matière de protection de la langue française et de la culture, peu de convictions dans les propos du premier ministre. « On étendra l’enseignement de l’anglais à l’école plutôt que d’accentuer le fait francophone en Amérique du Nord et on fera la promotion de nos créateurs hors Québec plutôt que de favoriser la création. Voilà en peu de mots, le concept de pensée magique avec lequel le gouvernement libéral dit protéger notre identité », s’étonne la présidente de la CSQ.
40 ans de luttes en centrale syndicale
Par ailleurs, c’est aujourd’hui que les déléguées et délégués réunis en Conseil général souligneront le 40e anniversaire de la Centrale. À cette occasion, la CSQ a invité l’ensemble des présidences qui ont conduit l’organisation syndicale pendant ces quatre décennies, soit Yvon Charbonneau, Robert Gaulin, Lorraine Pagé, Monique Richard et Réjean Parent. Rappelons que c’est en 1974 que la Corporation des enseignants du Québec faisait le passage à la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ), ici même, à Rivière-du-Loup. Les prédécesseurs des déléguées et délégués actuels adoptaient la structure et la vision de ce qui allait devenir une organisation syndicale forte et représentative des services publics. Quarante ans plus tard, la CSQ est toujours une organisation en marche pour un projet de société plus juste et équitable pour tous, une société où l’équilibre budgétaire ne rivalise pas avec l’équilibre social.