Édition du 22 avril 2025

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Environnement

Déversements d’eaux usées : la lettre d’Eau Secours à la Ville de Montréal

M. Denis Coderre, maire de la ville de Montréal

La coalition Eau Secours ! a pour mission de défendre l’intérêt collectif en matière de gestion de l’eau. Elle s’adresse à vous dans le cadre de la décision de rejeter prochainement huit milliards de litres d’eau usées dans le fleuve Saint-Laurent. Ces rejets ne sont pas sans danger pour les écosystèmes, pour la santé et le bien-être humain sans compter l’impact négatif sur l’image de la ville de Montréal. En continuant avec les pratiques de surverses, la ville est en train de donner un mauvais exemple aux autres utilisateurs. Malgré les bonnes pratiques en place, elle risque de perdre sa crédibilité.

Parce que les dénonciations affluent de toutes parts suite à la décision de la ville de Montréal de suspendre la collecte des eaux usées en vue de permettre les travaux de l’abaissement de l’autoroute Bonaventure ;

Comme de tels épisodes de déversements se font dans l’ombre ce qui augmente le sentiment de méfiance de la population ;

Comme le système de traitement d’eau actuel agit comme une énorme passoire et que la santé de nombreuses espèces aquatiques et le bien-être humain sont menacés ;

Nous demandons une gestion plus responsable de l’eau, afin de mettre un terme aux solutions improvisées.

On attend de l’administration de la ville de Montréal une meilleure planification en ce qui a trait aux grands projets d’infrastructures. Cette image de mauvaise gestion pourrait être évitée en prévoyant à l’avance l’ensemble des implications de ces projets sur l’eau et en incluant les clauses nécessaires lors de l’attribution de contrats. La Commission de l’eau et les élus devraient être avertis des travaux assez longtemps à l’avance pour pouvoir apporter leur contribution aux projets.

Nous nous attendons à plus de transparence.

La mise en place d’un système de diffusion d’information convivial et accessible au public par Internet afin de faire connaître tous les évènements de surverse est nécessaire. Ceci, afin d’encourager l’instauration d’une gestion responsable et transparente et de permettre aux comités zones d’intervention prioritaire (ZIP), aux organismes de bassins versants (OBV), aux conférences régionale des élus (CRE), aux groupes environnementaux, aux élus et aux citoyens de jouer leur rôle d’aide et de surveillance.

Nous demandons la modernisation des installations.

Montréal ne peut se contenter en 2015 d’un traitement primaire en guise de système de traitement des eaux. Les eaux rejetées dans le Saint-Laurent sont lourdement chargées de résidus issus de l’industrie pharmaceutique et des autres industries. En 2015, la dilution ne doit plus être invoquée comme la solution à toute contamination. Par sa situation à la tête d’un immense bassin hydrographique desservant plusieurs grandes villes ainsi que l’augmentation d’une circulation déjà inquiétante de trains, camions et bateaux remplis d’hydrocarbures, de produits radioactifs, et la menace du passage d’un éventuel oléoduc, que les autorités de la Ville se doivent d’empêcher à tout prix sur son territoire devraient toutefois inciter la Ville à assurer un meilleur traitement de toutes les substances, incluant les substances émergentes. L’usage et le développement de techniques les plus avancées dans le traitement des eaux d’usage ou usées permettraient de prêcher par l’exemple envers les autres villes sur notre bassin hydrique ainsi que de devenir une référence dans le développement d’une économie verte. Des incitatifs à la modernisation des installations des industries pourraient aussi être envisagés pour minimiser les rejets nocifs au fleuve. L’éducation en matière de saine gestion de l’eau pourrait être envisagée pour tous les acteurs de la ville, pas uniquement au service de l’eau.

Nous exigeons donc la mise en place d’infrastructures suffisantes permettant de mettre fin à la pratique de surverse. Il s’agit d’épisodes, certes temporaires, mais récurrents : 2005, 2007, 2015 et, dans une moindre mesure, à chaque forte pluie. Ceci montre le besoin criant de mieux adapter les installations de la Ville et de mettre en place des surfaces perméables (toits verts, parcs, etc.) et des mesures de planification de l’espace urbain.

Nous vous remercions grandement de votre attention et comptons sur votre administration pour qu’elle ne s’inscrive pas dans la continuité de pratiques nuisibles. La ville de Montréal pourrait y mettre un terme et devenir leader en matière de gestion responsable de l’eau. La coalition Eau Secours ! sera toujours prête à vous y aider.

Martine Chatelain, présidente de la coalition québécoise, Eau Secours !

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