Shawn A-in-chut Atleo, Chef national, a déclaré ce qui suit :
« Cette information a déclenché au sein des Premières Nations une onde de choc, laquelle devrait d’ailleurs se répercuter dans l’ensemble du Canada et au-delà. Les faits concernant ces études, durant lesquelles plus d’un millier d’enfants autochtones ont été privés d’aliments essentiels et, dans certains cas, délibérément affamés, avaient déjà été rapportés en 2000, mais n’avaient pas capté l’attention nationale. Malheureusement, ces faits me touchent de très près, étant donné que ma communauté d’origine, Ahousaht, faisait partie des collectivités où ces études ont été imposées à leur insu. Mes aînés et les membres de ma famille ont été exposés à ce traitement cruel et inhumain au cours duquel nos enfants ont été traités comme des rats de laboratoire.
Les Canadiens doivent prendre conscience qu’au cours de leur histoire, les membres des Premières Nations ont été exposés à une ingénierie sociale et traités comme des êtres inférieurs. Cela s’inscrit dans une longue expérience de pensionnats indiens, de délocalisations forcées et de la tentative d’ingénierie sociale absolue, la Loi sur les Indiens, par laquelle on a tenté d’effacer, du jour au lendemain, notre identité et notre mode de vie. Les Canadiens doivent comprendre que nous ne sommes pas les artisans de notre malheur, mais que nous devons être les maîtres de notre destinée. Si nous sommes ici, c’est uniquement grâce à la force et à la résilience de nos Aînés, de nos peuples et de nos cultures. Il est temps de cesser de mettre en cause la victime. Le temps est venu pour le Canada de travailler de concert avec nous afin que nous devenions des partenaires sur la voie vers le progrès, afin de reconnaître nos droits, nos titres et nos traités ancestraux et notre droit à l’autodétermination. Ce type d’horreur n’aurait jamais pu se produire si les Premières Nations étaient maîtres de leurs propres destinées et collectivités.
Ces faits rapportés ont déclenché une véritable tempête ici, à notre Assemblée générale annuelle à Whitehorse, et galvanisé les Chefs, qui ont l’intention de déposer une résolution d’urgence revendiquant des mesures et une réparation rapides. Le gouvernement doit rendre publiques toutes les informations à ce sujet sans tarder. Nous sommes conscients du fait que ce même gouvernement cache des documents ayant trait à la Commission de vérité et de réconciliation et à notre propre plainte en matière de discrimination devant le Tribunal des droits de la personne sur le bien-être des enfants des Premières Nations. Ce retard indécent doit prendre fin. Des mesures s’imposent et elles doivent concorder avec les excuses du premier ministre au sujet des pensionnats autochtones et en vertu desquelles le gouvernement du Canada s’est engagé à œuvrer en faveur de la guérison et de la réconciliation. Il est temps de respecter cette promesse.
Et nous devons dire à tout le monde : Canada, ceci est votre histoire. Nous devons confronter les réalités pénibles et aller de l’avant ensemble. »
La résolution d’urgence devrait faire l’objet de discussions mercredi après-midi durant l’Assemblée générale annuelle de l’APN. Les séances plénières seront diffusées sur le site Web de l’APN à www.afn.ca.
La 34e Assemblée générale annuelle de l’APN a commencé le 16 juillet à Whitehorse, au Yukon, et prendra fin le 18 juillet.