La tournée du FRAPRU prend place alors que les gouvernements canadien et québécois ont l’opportunité de faire avancer substantiellement la reconnaissance du droit au logement cet automne. Le gouvernement fédéral doit présenter bientôt la première Stratégie canadienne sur le logement et le gouvernement du Québec dispose enfin de surplus substantiels qu’il pourrait investir dans le logement social.
Cependant, le FRAPRU constate que Martin Coiteux, ministre québécois responsable de l’habitation, n’a toujours pas donné suite aux consultations de l’automne dernier sur les programmes de Québec en habitation, au cours desquelles la reconduction et la bonification du programme AccèsLogis ont été partout demandées avec insistance. Quant au gouvernement Trudeau, le regroupement le presse de prendre enfin des engagements financiers fermes en faveur du logement social et de ne plus faire attendre, d’une part, les milliers de ménages à faible revenu perdant actuellement les subventions fédérales qui leur ont permis de vivre dans les logements sociaux réalisés avant 1994 et, d’autre part, les millions de ménages canadiens qui ont toujours des besoins impérieux de logement.
« 270 000 ménages locataires au Québec, dont 9 340 à Gatineau, ont des besoins urgents parce qu’ils vivent dans des logements insalubres, trop chers ou trop petits », rappelle François Roy, coordonnateur de Logemen’Occupe qui reçoit des dizaines de demandes d’aide de personnes et de familles mal-logées chaque année. Logemen’Occupe et le FRAPRU s’expliquent mal que, malgré l’ampleur et l’acuité de ces problèmes, les investissements des deux gouvernements ne se traduisent, en 2017-2018, que par 3000 nouveaux logements sociaux pour tout le territoire québécois.
Leilani Farha, Rapporteure spéciale de l’ONU sur le droit au logement convenable exhorte le Canada à remplir ses obligations internationales en matière de droits humains et à reconnaître le logement comme un droit. La Rapporteure spéciale se joint à son prédécesseur (qui a visité le Canada en mission il y a exactement 10 ans), ainsi qu’au Comité des droits économiques, sociaux et culturels, en recommandant que le Canada prenne toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que le logement, comme les soins de santé et l’éducation soit considérée comme faisant partie du bien commun. Cela implique des dépenses ciblées afin d’assurer la disponibilité de logements sociaux pour les personnes dans le besoin, ainsi que la mise en en place de toutes autres mesures nécessaires pour créer et protéger des logements abordables, y compris en encadrant le marché privé. Selon madame Farha, avec la Stratégie nationale sur le logement attendue avant la fin de l’année, le gouvernement canadien est bien placé pour aller de l’avant avec ses obligations en matière de droits humains.
Il y a 5 ans, le FRAPRU avait déjà initié une Commission populaire itinérante sur le droit au logement qui s’était déplacée dans toutes les régions du Québec. « La tournée de cet automne permettra de mettre à jour les connaissances sur les diverses réalités régionales et de rendre visibles de graves dénis du droit au logement souvent impossibles à déceler seulement dans les statistiques : insalubrité, colocation obligée, violences sexuelles vécues par les femmes chambreuses et locataires, discrimination envers les familles, les personnes à faible revenu et les personnes racisées, etc. », explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. « Les témoignages démontreront aux gouvernements pourquoi ils doivent concentrer leurs interventions dans le logement social pour améliorer les conditions de logement des ménages locataires les plus pauvres et les plus mal-logés », poursuit la porte-parole du FRAPRU.
Le FRAPRU s’adresse plus particulièrement au gouvernement de Justin Trudeau, pour qu’il corrige le tir après plus de 20 ans sans investissement soutenu du fédéral dans le logement social et pour qu’il inscrive formellement le droit au logement au cœur de sa nouvelle Stratégie sur le logement. Selon le regroupement, il s’agit là d’une occasion à ne pas rater.
Après Gatineau, la tournée passera par Rouyn-Noranda, Trois-Rivières, Longueuil et Montréal. En plus de madame Farha, Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Amnistie internationale section Canada francophone, et Christian Nadeau, président de la Ligue des droits et libertés, des personnalités reconnues pour leur engagement dans la lutte pour le respect des droits humains, présideront également des audiences populaires du FRAPRU. À chaque étape de cette tournée, des militantes et des militants, provenant de différentes régions, assisteront aux audiences et pourront témoigner à leur tour des différentes réalités des personnes mal-logées. La tournée se terminera à Montréal, le 2 octobre, Journée mondiale de l’Habitat.
An English version of this release is available
Un message, un commentaire ?