Tiré de Courrier international.
La diffusion rapide du coronavirus a conduit de nombreux pays à enclencher des dispositifs de confinement parfois très stricts. “Mais ces mesures exceptionnelles destinées à sauver des vies ont aussi aggravé les risques qui pèsent sur un groupe vulnérable”, alerte The Guardian, qui a rassemblé les rapports de plusieurs de ses correspondants à travers le monde.
“Pendant le confinement, les femmes et les enfants qui vivent une situation de violence domestique se retrouvent sans possibilité d’échapper à leur agresseur. Et, du Brésil à l’Allemagne en passant par l’Italie et la Chine, les militantes et les survivantes rapportent déjà une augmentation alarmante des violences.”
Ainsi, d’après des militantes, dans la province chinoise de Hubei, d’où est partie la pandémie, le district de Jianli a recensé un triplement des plaintes pour violences conjugales en février 2020 par rapport au même mois l’année d’avant – 47 contre 162.
En Catalogne, “le gouvernement indique que le numéro d’urgence consacré à ces violences a enregistré une augmentation de 20 % des appels dans les premiers jours du confinement”. À Chypre, on parle de 30 % en une semaine.
Mêmes échos au Brésil, au Royaume-Uni, en Allemagne ou encore en Inde, où l’État de l’Uttar Pradesh, face à l’aggravation de la situation, a lancé une nouvelle ligne d’urgence et une campagne publicitaire dans la presse pour “réduire le virus au silence, pas les femmes”.
En Espagne, un premier féminicide depuis le début du confinement
En outre, souligne The Guardian, “ces données alarmantes ne correspondent qu’aux cas où les femmes parviennent à appeler à l’aide ; dans de nombreux cas, elles ne sont pas en mesure de passer un appel parce qu’elles ont peur d’être entendues par leur conjoint violent, ou sont empêchées de fuir leur domicile.”
C’est notamment la raison pour laquelle des militantes interrogées en Italie par le journal britannique rapportent une baisse des appels, mais de nombreux appels à l’aide par textos ou e-mails. “Nous avons reçu le message d’une femme qui s’était enfermée dans sa salle de bain et nous demandait de l’aide.”
Le 19 mars, cinq jours après le début du confinement, l’Espagne a enregistré son premier féminicide. “Dans la province de Valence, une femme a été assassinée par son mari, devant leurs enfants”, rapporte The Guardian.
Un phénomène souvent observé dans les situations de crise
D’après les activistes interrogés par le journal, l’aggravation du risque qui pèse sur les femmes et les enfants était “une conséquence prévisible” des mesures de confinement décrétées pour enrayer la propagation du coronavirus.
“L’augmentation des violences est un phénomène que l’on observe dans de nombreuses situations de crise, qu’il s’agisse de guerres, de crises économiques ou d’épidémies. Mais les règles de confinement sont un important facteur aggravant.”
“Et il ne fait pas de doute que l’impact économique de cette crise rendra la situation encore pire”, conclut Maria Syrengela, qui dirige l’agence gouvernementale grecque responsable de la politique familiale et de l’égalité des genres.
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