Édition du 12 novembre 2024

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Politique québécoise

Couche-Tard : la Sloche de la colère

Faut du culot pour le faire. Malgré un patron parmi les plus réactionnaires que le Québec connaît depuis Malenfant, les jeunes employés de Couche-Tard sont quand même prêts à mettre leur emploi en jeu, voire leur réputation face à un prochain employeur, pour faire respecter leur droit à un travail décent. Chapeau !

En décembre dernier, la CSN annonçait qu’un nouveau groupe de salariés d’un dépanneur Couche-Tard, sur la rue Antoine-Faucon, dans l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro, à Montréal, se joignaient à la centrale en déposant une requête en accréditation. Une des employés du Couche-Tard, Elvira Sarkissian, déclarait à l’occasion : « Nous sommes très fiers de briser notre coquille, et nous encourageons les employés dans les autres Couche-Tard à se syndiquer pour se faire respecter et pour avoir de meilleures conditions de travail. Ça suffit de si mauvaises conditions, en 2011 » !

Comme le signale la CSN, la plupart des salariés de Couche-Tard travaillent au salaire minimum peu importe leur nombre d’années de service et ils ne jouissent d’aucune journée de maladie payée. Individuellement, ils ont de la difficulté à faire respecter les normes du travail ainsi que les lois sur la santé et la sécurité au travail. Selon la CSN, deux dépanneurs en Montérégie mènent actuellement des négociations, en présence d’un conciliateur, pour une première convention collective. Parmi leurs revendications, on trouve :

• quatre journées de maladie par année ;

• un bouton de panique en cas de vol à main armée ;

• un suivi psychologique pour les victimes d’agression armée ;

• des règles objectives pour les octrois de poste ainsi que les choix d’horaire et de vacances ;

• le respect des normes du travail et des lois sur la santé et la sécurité ;

• une échelle salariale menant à un taux horaire d’environ 12,50 $ l’heure, après quatre ans de service, pour les préposés.

Pendant ce temps-là, l’entreprise augmente le dividende versé aux actionnaires, pour la troisième fois en un an, qui passe de 6,25 à 7,5 cents l’action et son CA accélère les rachats d’actions afin d’augmenter artificiellement les primes des dirigeants. Les dirigeants de Couche-Tard ont ainsi vu leur rémunération bondir de plus de 32%, à 8,55 millions $, au cours de l’exercice 2011. Alain Bouchard a connu la plus importante progression, avec une hausse de 58%, à plus de 3,3 millions $. Son salaire de base a crû de près de 24%, à 1,03 million $. L’entreprise accorde aux dirigeants des primes entre 50 et 100% de leur salaire de base en fonction de l’atteinte des objectifs. C’est le modèle qu’elle aimerait appliquer à l’ensemble des employés.

C’est la raison pour laquelle l’entreprise continue à bafouer les droits d’association de ses employés, avec tous les moyens financiers qu’elle possède, pour mettre en application ce modèle marchand « intégriste ». Heureusement, nous avons encore des lois qui protègent les travailleurs. Le 21 décembre, le commissaire Alain Turcotte, de la Commission des relations du travail, a rejeté une objection préliminaire de Couche-Tard qui demandait à ce que la CSN ne soit pas reconnue comme partie aux plaintes d’entrave, d’intimidation et de menaces. L’entreprise veut absolument éliminer les organisations collectives de son « monde idéal » où seul le marché fait la loi. Mais le commissaire rappelle que dans le monde réel du Québec, la CSN peut intervenir puisque que le respect et la protection de la liberté d’association sont en cause.

Mais que sera ce monde réel après l’arrivée au pouvoir du CAQ (Legault&Sirois Inc) ? Là est la question…

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