On en apprend tous les jours sur la lutte des classes. Et avec cette franche et indéniable victoire des TUAC et de leurs membres syndiqués chez Walmart, les commentaires dans les médias traditionnels ne sont certes pas à la hauteur. Ces médias font encore profession de foi dans la société libérale et dans ses lois ambigües.
En fait on en vient, chez tous ceux qui affirment que les syndicats défendent des privilégiés, « l’autre 1 % », va-t-on jusqu’à dire, à des conclusions contredisant les résultats positifs pour tous les salariés au Québec. Ce qui en fait des alliés sans concession de Walmart et du patronat.
Un spécialiste des « relations de travail » a dit au Soleil, quotidien de Québec, que le code du travail continuera à offrir une autre tactique aux employeurs, celle de déclencher un court lock-out avant la fermeture, pour rendre légale cette condamnation au chômage des futurs syndiqués, maintenant légitime aux yeux de la loi. Ce serait la tactique patronale pour contourner les droits des travailleurs qui étaient invoqués comme plaidoyer par le syndicat : le changement dans les conditions de travail au moment de la syndicalisation.
Sûrement que du côté patronal, on est déçu de se voir retirer la capacité de fermer sans tenir compte des droits des salariés, durant une campagne de syndicalisation.
Cette possibilité de fermeture sans aucune restriction était l’arme fatale d’un employeur qui ne veut pas avoir affaire avec une association de travailleurs dans son entreprise. Et un paquet de cabinets d’avocats patronaux auront désormais cet avis juridique, publié sur toute une page dans le Soleil, de notre fameux spécialiste des « relations de travail » à suggérer à leurs clients.
Reste donc le combat lui-même, la quête du respect des droits acquis des travailleurs devant les tribunaux dans la société libérale qui est toujours dominante. Devant un tel mur de protestations patronales pour leurs droits à eux, restera incontournable cette stratégie du mouvement syndical de mobiliser et d’impliquer les salariés pour en faire les acteurs politiques de leur propre cause.
Et la perspective du combat politique lui-même, singulier pour toute la classe ouvrière, de viser aux conquêtes démocratiques dans la société libérale dominée, elle, par le patronat, demeurera. On voit bien ce à quoi mènerait la soumission aux critiques de la droite devant l’activité politique indépendante des syndicats. À un refus de cet engagement politique pour adapter les lois à l’avantage des salariés dans ce qui est l’illustration même de la lutte des classes au sein de la société si libérale et si démocratique soit-elle.
On voit bien aussi que l’aspect de notre programme politique qui concerne le pouvoir ouvrier est plus que jamais à l’ordre du jour. Ceci pour ce que l’indépendance d’une Cour Suprême canadienne, peu apte et limitée dans la préservation de nos droits, nous permettrait comme Québécois. Et qu’en même temps, le socialisme assure cette capacité politique elle-même des salariés de maîtriser leur destin dans des assemblées locales souveraines sur les lieux de travail inscrites à un code du travail les confortant dans leur rôle de « fossoyeurs du capitalisme ».
Sans l’hégémonie de ce projet de société commun à l’ensemble de la classe laborieuse, le libéralisme continuera de s’imposer, malgré les illusions, comme une embûche à l’émancipation des travailleurs.
J’aimerais profiter de l’occasion de cette mention du pouvoir ouvrier, que nous préconisons pour faire du Québec une société socialiste, pour lever une certaine ambiguïté sur ce qu’une grande philosophe du XX ième siècle, Hannah Arendt, soulève sur « l’atomisation » de la population que provoquerait un socialisme à visage totalitaire.
En effet, la diffusion du pouvoir en différents petits pouvoirs locaux, éclatés ou dispersés dans autant de milieux de travail pourrait faire croire que ce type de socialisme serait de nature totalitaire puisque les travailleurs n’auraient de pouvoir que dans leurs différents milieux sans jamais être de véritables détenteurs d’un pouvoir monolithique dévolu au parti unique dans le cadre national ou international. Même avec un appel à l’adhésion au parti communiste pour exercer ce pouvoir, resteraient en plan des millions de salariés sans accès au contrôle qu’autoriserait le socialisme.
Il faudrait préciser dans notre programme une lacune qui laisserait croire au totalitarisme du parti communiste identifié à l’hégémonie de la classe puisque celui-ci en serait le représentant unique. Cette précision est en effet essentielle pour assurer les progrès démocratiques sur la société libérale que nous reconnaissons comme celle du pouvoir bourgeois au Québec.
Il est donc de mise de dire ouvertement que le socialisme de ce type maintiendrait la nécessaire pluralité politique et que les ouvriers ou salariés pourraient en tout temps créer librement leurs propres partis, national ou liés à une internationale, sur différents thèmes comme la démocratie, l’écologie, la diffusion de la culture et des arts, les enjeux pédagogiques du système d’éducation, la diffusion de la culture scientifique, les sports de masse ou de compétition plus élevé, …
Dans ce cadre, le rôle du parti communiste serait celui de gardien de cette pluralité au cœur de la vie démocratique du socialisme. Des luttes idéologiques non violentes et respectueuses des différentes tactiques (en excluant le sabotage ou le terrorisme) pourraient animer la vie interne créatrice de cette société entièrement nouvelle que deviendrait un Québec solcialiste.
Ce qui constitue le fondement du projet communiste pour notre nation, un Québec libre.
***
Il est à noter que notre insistance à promouvoir en tous temps des alliances, de manière à unir le plus grand nombre, pour faire face, à chaque étape du combat politique, à ceux qui sont nos adversaires, sousentend une telle approche basée sur le respect du pluralisme politique.