A l’appel des ’Forces vives’ de Guinée, qui s’opposent à la junte dont le porte parole est l’ancien ministre de la Communication de Lansana Conté, Aboubacry Sylla, environ 50 000 manifestantEs se sont rassembléEs à Conakry.
La répression a été terrible et les militaires n’ont pas hésité à tirer sur la foule. Le bilan est très lourd : on parle d’au moins 87 morts selon le bilan officiel, 128 selon l’opposition et 157 selon l’organisation guinéenne des droits de l’homme. Des femmes ont été violées avec des armes de guerre et des enfants ont été également molestés. Les forces de l’ordre ont battu les personnes trouvées dans le domicile de l’ancien Premier ministre Cellou Dallein Diallo, saccageant sa maison. Ce dernier a été blessé (5 côtes cassées). Un autre ancien chef de gouvernement, Sidya Touré a subi le même sort de même qu’Aboubacry Sylla.
De tels agissements ne doivent pas rester impunis. Le CADTM condamne fermement la violence des bérets rouges à l’égard des civils. Ces forces armées sont incontrôlées depuis des années, quel que soit le régime en place.
Pour le CADTM, la communauté internationale (à travers le groupe international de contact) a une part de responsabilité dans ces événements tragiques. En soutenant certains candidats issus de la dictature de Conté, elle a créé une situation de tension, non propice à une élection présidentielle démocratique.
En imposant sa propre vision, le ’groupe international de contact’ veut imposer des politiques visant à réintroduire la Guinée Conakry dans le jeu économique international (point d’achèvement de l’initiative PPTE, poursuite des privatisations...).
Pour rappel, le gouvernement de Lansana Conté a été responsable, début 2007, de violentes répressions de la part des mêmes forces de l’ordre, causant la mort de plus de 130 personnes. Les responsables doivent être condamnés. La plupart des candidats actuels étaient ministres sous Lansana Conté et doivent donc répondre de leur gestion et de leur participation à ce gouvernement avant de pouvoir participer à une élection démocratique. Seul un débat réel et transparent sur l’utilisation des richesses du pays pour répondre aux besoins de la majorité de la population guinéenne ainsi que l’arrêt du pillage de ces ressources naturelles permettront de sortir de la crise politique et sociale.
Il apparaît nécessaire de faire un réel bilan de l’ancien régime, notamment par le biais d’un audit citoyen de la dette intérieure du pays et une analyse critique des mesures de privatisations. Il faut établir les responsabilités des anciens ministres dans les actes de violations des droits humains, avant d’organiser une élection. De plus, les responsables des tueries de septembre 2009 doivent être jugés et condamnés.