Mais il est un sens du mot twister, c’est-à-dire « tordre étirer », qui amène à vider le vocable de toute la substance qu’il emportait avec lui. Ainsi en France on a des socialistes qui sont néolibéraux et, avec une étiquette sociale, travaillent pour le bonheur du commerce.
Au Québec, le Parti libéral a cette appellation depuis la fin du dix-neuvième siècle, où les libéraux étaient des gens ouverts sur le monde s’opposant aux conservateurs, puis plus tard aux unionistes, tous gens portés sur la tradition catholique.
Or, à la fin des années quatre-vingt-dix, le Parti libéral du Québec, qui se cherche un chef, va faire appel à l’ancien chef des conservateurs de l’état fédéral. Ainsi, il s’assure de se trouver à droite du Parti québécois, lui-même devenu très à droite et néolibéral depuis qu’il a élu à sa tête un ancien ministre conservateur fédéral en la personne de Lucien Bouchard.
Tout en continuant à s’appeler libéraux, les dirigeants de ce parti deviennent de plus en plus conservateurs jusqu’à la crise sociale de deux mille douze, poétiquement baptisée par la population comme « printemps érable ».
Mais chassés du pouvoir pendant environ dix-huit mois, ils y reviennent en avril deux mille quatorze avec toujours le même programme de privatisation et de transformation de l’État social en état pourvoyeur d’opportunités commerciales.
On a donc comme parti conservateur un parti qui s’appelle libéral alors que plusieurs membres de Québec solidaire, un parti de gauche, hésitent fortement à se définir comme socialistes tant le mot fait peur en Amérique. Et dire que les socialistes français sont devenus des néolibéraux. Si c’est pas twister le vocabulaire !
Je m’en voudrais de terminer mon billet sans vous souhaiter une excellente Journée internationale de la lenteur. Faut-il se dépêcher de ralentir ?