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CRTC : des choix qui nuisent à l'avenir de la télé traditionnelle (FNC-CSN)

MONTRÉAL, le 20 mars 2015 - La Fédération nationale des communications de la CSN (FNC-CSN) se dit très préoccupée par l’approche choisie par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) dans sa nouvelle politique réglementaire sur la télévision. La FNC n’y voit aucune réponse structurante aux grands problèmes soulevés lors des audiences « Parlons télé » de l’automne dernier.

La FNC constate que le Conseil privilégie une approche où la télévision (linéaire ou non) choisira des productions populaires favorisant les cotes d’écoute, et laissera dans l’ombre les genres traditionnellement associés à la culture de tout acabit.

En réponse à la question primordiale concernant le modèle économique de l’avenir pour les diffuseurs, le CRTC joue les Ponce Pilate et s’en lave les mains, en souhaitant que les gouvernements continuent de soutenir financièrement la production privée. Le Conseil va trop loin lorsqu’il accepte que le volume de production canadienne diminue dans le futur, dans l’espoir illusoire que la qualité des émissions fasse oublier le peu de production canadienne qui restera.

« Ces orientations nous semblent aller franchement à l’encontre des objectifs de la loi sur la radiodiffusion, » de dire le président de la FNC, Pierre Roger. Selon lui, la programmation doit être essentiellement canadienne, et son financement doit dépasser les seuls revenus de la publicité qui ont toujours été insuffisants pour financer une programmation distincte et de qualité pour la population québécoise et canadienne. « L’imposition d’une quête accrue de revenus publicitaires mène à une programmation conforme aux attentes des annonceurs et limite la capacité des diffuseurs d’offrir des contenus différents et complémentaires », d’ajouter M. Roger. 

La télévision en ligne 

La nouvelle politique du CRTC accélère la dérèglementation des diffuseurs. Elle ouvre aussi la porte à la création de services de distribution d’émissions en ligne pour contrer la pénétration des services américains, tel Netflix. Ces nouveaux services se financeront à même les fonds existants, mais n’y contribueront pas. En conséquence il restera moins d’argent pour les plateformes traditionnelles de télévision, notamment pour le diffuseur public, ce qui appauvrira la télévision. Internet nous enseigne que la logique des entreprises nationales est dépassée, et l’ouverture face à ce nouveau type de média se traduira par l’internationalisation de la diffusion.

Le CRTC fait aussi disparaître la notion de « genre » d’émissions. Alors qu’autrefois les diffuseurs devaient offrir des genres d’émissions bien définis (nouvelles, culture, histoire, environnement, sport, etc..), dorénavant les diffuseurs pourront programmer et offrir le genre d’émissions qu’ils veulent. Cela risque fort de faire en sorte que toutes les télévisions finissent par se ressembler, et que certains types d’émissions, comme la culture, les arts, les documentaires ou les affaires publiques disparaissent de l’écran. Cette perspective est d’autant plus inquiétante dans le contexte des coupures chez Radio-Canada qui peine à préserver son rôle de programmation distincte, et de l’influence croissante des producteurs.

Seul point positif : les futurs services de programmation de nouvelles seront mieux encadrés et devront démontrer leur capacité à produire de l’information partout au pays, et même à l’étranger. 95 % de leur programmation sera faite de nouvelles, d’analyse, de documentaires et de reportages d’actualité, selon un code d’éthique plutôt large. Nous aurions préféré un code d’éthique plus serré.

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