Tio’tià:ke (Montréal, territoire Mohawk non cédé), 23 août 2020
Selon les participant.e.s, trop de questions demeurent sans réponse, d’autant plus que les nouveaux centres de services scolaires ont jusqu’au 15 septembre pour dévoiler les mesures qu’ils mettront en place, soit deux semaines après la reprise des activités scolaires. La dernière année scolaire a été forcément bouleversée par la pandémie de la COVID-19. Pour beaucoup de membres du personnel, il existe toujours, après plusieurs mois, énormément d’inquiétudes concernant la santé et la sécurité dans les milieux de travail : « Plusieurs écoles sont déjà dans un état lamentable. Problèmes de moisissure, de ventilation, de plomberie… nos écoles nous rendent déjà malades et le personnel d’entretien est surchargé. Maintenant, on nous dit qu’il faut tout désinfecter, se laver les mains plusieurs fois par jour. On ne voit pas comment on va y arriver ! », lance Élyse Bourbeau, enseignante au secondaire.
On se pose aussi des questions sur la possibilité de maintenir l’ensemble des services éducatifs, en particulier pour les élèves vulnérables et HDAA. Le plan de la rentrée scolaire prévoit le respect de l’ensemble des dispositions habituelles, en plus des mesures de rattrapage et de consolidation des apprentissages. On demande en plus au personnel enseignant « d’accorder une attention particulière aux effets négatifs de la pause » en plus de prévoir les services éducatifs pour les élèves qui ne pourront pas fréquenter l’école. Les ressources supplémentaires annoncées en début de semaine sont insuffisantes : « Évidemment, comme d’habitude, nous allons tout faire pour le bien-être de nos élèves. Mais on nous demandait déjà de faire plus avec moins, bien avant la pandémie. On aurait aimé obtenir plus de soutien… l’investissement de 20 millions annoncés en début de semaine, c’est à peine une embauche par école. », explique Alex Pelchat, enseignant au primaire.
La pandémie a en plus précipité le départ à la retraite de plusieurs enseignant.e.s ce qui n’aide en rien le problème de pénurie de personnel que connaît le milieu scolaire depuis de nombreuses années : « Nos collègues prennent leur retraite, changent de carrière, sans compter le retrait des personnes à risque. En plus, avec la Loi 21, on s’entête à exclure du personnel qualifié sous prétexte de protéger la laïcité de l’institution scolaire. Bref, on se demande vraiment s’il y aura un.e enseignant.e par classe et comment on compte les remplacer en cas de maladie ! », ajoute Pelchat.
Malgré les inquiétudes, le personnel enseignant sera au poste demain matin, muni de masques et de gel désinfectant. « C’est sûr que c’est inquiétant et qu’il reste des questions, mais nous allons être là pour accueillir et rassurer nos élèves. On ne va toutefois pas le faire aux dépens de notre santé et de celle des élèves. Si on ne nous donne pas des conditions gagnantes et des ressources suffisantes pour travailler en sécurité, on n’hésitera pas à augmenter la pression. », conclut Élyse Bourbeau, « La reprise des négociations sera peut-être une bonne occasion de nous faire entendre. »
Travailleuses et travailleurs progressistes de l’éducation (TTPE) est un regroupement autonome de personnes oeuvrant dans le milieu de l’éducation qui souhaite se positionner sur différents enjeux de justice sociale, en particulier ceux ayant un impact direct sur les communautés scolaires desquelles nous faisons partie.
Un message, un commentaire ?