La stratégie néolibérale
Depuis la crise économique de 2008, la lutte au déficit a lieu sur un seul front : le désengagement de l’État de la sphère sociale, notamment avec des coupures dans l’éducation et la santé. L’environnement est toujours perçu comme un simple compte en banque. L’équilibre fiscal se fait aux dépens de la population et la nature, tandis que les grandes compagnies et les plus riches paient des miettes en impôts et redevances. Le résultat ? Une population fragilisée, une classe moyenne qui disparaît, un vaste écart entre les quelques riches, une multitude de pauvres... et un territoire compromis plus que jamais !
Plan Nord ? Plan mort !
Depuis l’annonce officielle du 9 mai 2011, le gouvernement Charest répète un leitmotiv qui frise le délire : le Plan Nord fera la richesse du Québec - une ère de prospérité sans bornes, un véritable Klondike des temps modernes. Mieux encore, une économique plus verte que verte ! Jean Charest, marchand de rêves sur la scène internationale, est en train de bâtir les fondations d’un cauchemar bien réel. Cependant, le Plan Nord est avant tout une campagne publicitaire à grand déploiement et, comme n’importe quelle publicité, s’y cache une réalité bien différente.
Le Plan Nord invite les intérêts étrangers ainsi qu’une partie de l’élite industrielle québécoise à tirer profit du boom minier en cours. Pour ce faire, le gouvernement provincial va tout mettre en place, à même les deniers publics : infrastructures, barrages hydroélectriques, cadre législatif. Les gains, s’il y en a, sont hypothétiques. Une récente étude de l’IRIS, À qui profite le Plan Nord ?, révèle que les projections du gouvernement sont erronées et que l’investissement public outrepasse ceux du secteur privé, pour un déficit potentiel de 2 à 8 milliards de dollars.
Cela s’explique notamment par le fait que les compagnies minières paient peu de redevances et d’impôt, tout comme la classe aisée. Pendant ce temps, la réforme de la loi sur les mines est en cours, mais elle s’annonce bien timide.
Au coût monétaire s’ajoute évidemment le coût environnemental qui ne se calcule pas en argent. Les barrages, les routes, les coupes forestières, l’exploration minière et les mines à ciel ouvert sont des activités qui vont perturber gravement ces écosystèmes déjà fragilisés par l’activité humaine. Sans oublier que le Plan Nord va aussi ouvrir la filière de l’uranium, qui n’est ni plus ni moins qu’une industrie de la mort.
Ressources Québec
Il est toujours étonnant de constater la rapidité avec laquelle le gouvernement libéral peut dégager des sommes faramineuses lorsqu’il est temps de faire des fleurs aux industries extractives. Avec une enveloppe de 1,2 milliards, la nouvelle filière d’Investissement Québec, Ressources Québec, pourra paver la voie, littéralement, à l’exploitation du sous-sol québécois aux intérêts étrangers. Les avantages sont risibles si on considère qu’il s’agit d’une industrie dévastatrice, de ressources non renouvelables et qu’en absence de planification écologique, un bien triste legs sera transmis aux générations futures. C’est l’avenir qu’on hypothèque.
Les libéraux contre l’écologie ?
Pour ajouter l’insulte à l’injure, le secteur environnemental de l’action communautaire est toujours en attente d’un programme de financement à la mission pour les groupes régionaux, pourtant promis pour 2009. À la suite de l’adoption de la politique d’action communautaire en 2001, tous les secteurs communautaires du Québec ont vu une reconnaissance et un financement de leurs organismes, à l’exception du secteur environnemental. Tandis qu’il finance allègrement les Conseils régionaux de l’environnement et les Organismes de bassin versant, qui sont historiquement très conciliants avec ses projets, le gouvernement Charest refuse de reconnaître l’action communautaire autonome en environnement. Avec ses déboires dans le domaine (gaz de schiste, réfection de Gentilly-2, le Suroît, l’incinérateur de Bécancour, etc.), doit-on comprendre que le gouvernement libéral préfère étouffer la critique, quitte à contrevenir à sa propre politique ?
Fragiliser le Québec
La quête du gouvernement Charest vers l’atteinte de l’équilibre fiscal se concrétise par la fragilisation de la société du Québec et de son environnement naturel. Alors que le gouvernement devrait commencer par taxer les plus riches et les compagnies, ce sont les acquis sociaux essentiels tel que la santé et l’éducation qui en font les frais. Pendant ce temps, le Plan Nord s’annonce comme une panacée à court terme pour retarder l’effondrement d’un système qui n’est pas viable. Cette situation ne peut pas durer.
Le RQGE travaille avec le mouvement écologiste québécois, le milieu communautaire et tous les acteurs de la société civile concerné, à construire une société verte et égalitaire. Membres de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, nous rappelons qu’une société écologique et durable doit aussi être démocratique et solidaire.