31 mars 2022 | tiré du site alencontre.org
Alexander Yarashuk (Belarusian Congress of Democratic Trade Unions)
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Nous commençons à en ressentir les effets. Les prix augmentent, les entreprises ferment ou passent à temps partiel, et les problèmes de salaires commencent. La crise a déjà touché des entreprises stratégiques comme MZKT [usine de tracteurs], les raffineries de pétrole et Belaruskali [une des plus grandes entreprises publiques : productrice d’engrais]. Pour la première fois depuis de nombreuses années, Belaruskali a dû contracter un emprunt bancaire pour payer les salaires de ses employé·e·s.
Mais ce n’est qu’un début. La détermination de la communauté internationale à punir les responsables de la guerre et l’ampleur des sanctions sont telles que, dans quelques années, il ne restera plus grand-chose de l’économie moderne du pays. La Biélorussie n’a jamais été confrontée à un tel défi dans son histoire.
Le pays se dégradera progressivement pour atteindre le niveau technique et technologique de l’économie du milieu du siècle dernier. Cette dégradation s’accompagnera d’un chômage endémique, de salaires extrêmement bas, de pauvreté et d’une existence misérable de la population.
De plus, la Biélorussie, avec la Russie comme agresseur militaire, devra payer des milliards de dollars de réparations à l’Ukraine pour les énormes dommages causés par la guerre. Tout comme l’Allemagne nazie a payé des réparations à l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale. C’est ainsi que les usines de MAZ [usine d’automobiles], MTZ [machines agricoles], Motovelo [motocycles] et autres ont vu le jour à Minsk.
Ainsi, la Biélorussie va payer, en mettant en jeu son propre avenir, l’aventure d’avoir participé à la guerre contre l’Ukraine. Pour les années à venir, le pays a mis en jeu son existence en tant qu’Etat indépendant et souverain, et sa population sera à la limite de la survie physique.
Peu de pays dans le monde ont connu dans leur histoire des guerres aussi meurtrières que le nôtre. Nous devons tout faire pour retrouver une bonne réputation, afin que la Biélorussie ne soit jamais considérée comme un agresseur militaire. Et qui d’autre que nous peut le faire ? Le nom de notre pays, les noms de nos villages et de nos villes ne doivent pas incarner la menace et le danger pour le peuple de l’Ukraine voisine, un peuple qui est notre frère. Ils ne doivent pas incarner la mort.
C’est à vous que je m’adresse, moi, le président du Congrès des syndicats démocratiques de Biélorussie, Alexandre Yarashuk. La guerre de la Russie en Ukraine n’est pas notre guerre. Nous pouvons l’arrêter, nous devons l’arrêter ! La majorité absolue des Biélorusses, 97%, ne veulent pas que la Biélorussie participe à la guerre en Ukraine ! Nos descendants ne nous pardonneront pas notre silence au moment le plus critique de notre histoire ! N’ayez peur de rien ni de personne Il est difficile d’imaginer quelque chose de pire que ce qui nous arrive aujourd’hui. Jamais et nulle part dans le monde l’exigence de mettre fin à la guerre n’a été un crime ! Et jamais et nulle part dans le monde il n’y a eu de cause plus noble que de s’opposer à la guerre, au meurtre de personnes innocentes, de femmes, de personnes âgées et d’enfants !
Exigez sur vos lieux de travail, au nom des collectifs de travail : Non à la guerre, Non à la participation de la Biélorussie à celle-ci ! Exigez l’interdiction d’envoyer des troupes biélorusses en Ukraine ! Exigez le retrait des troupes russes de notre pays ! Faisons-le maintenant, faisons-le aujourd’hui ! Parce que demain il sera tard ! Parce que demain, pour les Biélorusses, il n’y aura peut-être jamais de demain !
Ce scénario apocalyptique pour le pays ne peut être évité que dans un seul cas. Si la Biélorussie refuse d’envoyer ses troupes en Ukraine et exige le retrait des troupes russes de son territoire. Ce n’est qu’alors que le pays pourra éviter l’inévitable destruction de l’économie par des sanctions sans précédent. Chers compatriotes, chers travailleurs et travailleuses, le sort de notre Biélorussie natale, le sort de notre peuple, le sort de nos enfants et petits-enfants dépend de nous aujourd’hui. Et ce ne sont pas seulement des mots solennels. Ils n’ont jamais reflété aussi bien toute la tragédie de ce qui est arrivé aux Biélorusses. La Biélorussie n’a jamais été aussi proche d’une catastrophe dans son histoire et n’a jamais connu une telle honte. » – Minsk, 29 mars 2022
(Texte transmis par l’International Labour Network of Solidarity and Struggles ; traduction rédaction A l’Encontre)
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