Pour une période de six mois, un Groupe international d’enquêteurs indépendants (GIEI), formé par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), a mené une contre-enquête sur l’enlèvement de 43 étudiants de l’École normale rurale d’Ayotzinapa par des policiers municipaux corrompus. Les évènements enquêtés ont eu lieu le 26 septembre 2014, dans a ville d’Iguala, dans l’État du Guerrero.
Le rapport accuse les autorités fédérales et militaires de n’être pas intervenues alors qu’elles savaient que les étudiants étaient attaqués par les policiers municipaux dans neuf lieux différents. Ces évènements ont fait beaucoup plus de victimes que les six morts, la quarantaine de blessés et les quarante-trois disparus présentés dans la version officielle du gouvernement mexicain. La fameuse version historique des évènements d’Ayotzinapa s’est donc convertie en un mensonge historique depuis que le rapport du GIEI a démontré scientifiquement qu’il était impossible d’avoir brûlé les corps dans le dépotoir de Cocula.
Cependant, le gouvernement n’a pas autorisé les experts à interroger l’armée. Le Ministère de la défense a aussi empêché les experts d’avoir accès à plusieurs caméras de sécurité. La CIDH a offert vingt recommandations au gouvernement, dont l’ouverture d’une enquête sur les responsabilités ou omissions de la police fédérale et de l’armée.
Les organisations de défense des droits de la personne se montrent sceptiques. Amnistie Internationale dénonce « le manque de volonté dont font preuve les autorités pour retrouver les étudiants et déférer les responsables à la justice ».
Très critique, le rapport du GIEI a ravivé la colère des parents des disparus, qui dénoncent un « crime d’État » dissimulé par un gouvernement qui maintient la version officielle. « C’est l’État qui doit payer pour les conséquences de ses mensonges, de ses erreurs, et continuer avec les recherches », a déclaré la mère de l’un des étudiants disparus, Hilda Legideño Vargas.
« Selon les statistiques du gouvernement mexicain, ce sont plus de 26 000 personnes qui auraient disparu au cours des 7 dernières années. Comment un pays démocratique peut-il afficher un tel chiffre, qui dépasse ceux des dictatures militaires d’Amérique latine, le Chili ou l’Argentine des années 70 et 80 ? », ajoute Marie-Ève Marleau, coordinatrice du Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL).
« Malgré tout, le Canada continue de reconnaître le Mexique comme un “pays sûr.” Signataire de l’ALÉNA, le Mexique est la cinquième plus importante destination des exportations canadiennes. Compte tenu de cette situation, quelle sera la position du nouveau gouvernement canadien qui sera élu cet automne ? » se demande Inti Barrios, membre de Mexicain.e.s uni.e.s pour la régularisation (MUR).
Comité pour les droits humains en Amérique latine
Mexicain.e.s uni.e.s pour la régularisation (MUR)