Tiré de Asialyst
13 mai 2023
Par Pierre-Antoine Donnet
La nouvelle loi adoptée le 26 avril par l’Assemblée nationale populaire chinoise entrera en vigueur en août prochain. Elle étend de façon significative les prérogatives des services de contre-espionnage. De plus, elle couvre désormais « toutes sortes de documents ou matériaux ayant lien avec la sécurité nationale et les intérêts de l’État », explique le journal japonais Nikkei Asia.
Le texte n’a pas manqué de susciter inquiétude et désarroi dans les milieux d’affaires étrangers, et de fait trembler les expatriés installés en Chine. Sa formulation est suffisamment vague pour permettre une interprétation potentiellement très large d’un « crime » commis. « Avant même l’adoption de la loi, l’inquiétude grandissait », souligne l’hebdomadaire britannique The Economist, qui rappelle l’arrestation de plusieurs ressortissants étrangers sur le sol chinois ces dernières semaines. Parmi eux, un Japonais qui travaillait dans une entreprise pharmaceutique, interpellé pour soupçon d’espionnage.
Cheng Lei, journaliste australienne d’origine chinoise pour la chaine de télévision chinoise CGTN à Pékin, est détenue depuis plus de 1000 jours sans qu’aucun motif pour son arrestation le 13 août 2020 n’ai jamais été formulé. Elle avait alors été accusée de « transmettre illégalement des secrets d’État à l’étranger ». Après avoir passé ses six premiers mois de détention à l’isolement sans jamais avoir eu accès à un avocat, elle est désormais dans une cellule avec d’autres prisonniers. « Pour la police, la nouvelle formulation de la loi sur le contre-espionnage fournit de nombreux prétextes pour cibler les personnes qu’elle n’aime pas, qu’il s’agisse de ressortissants chinois ou d’étrangers vivant dans le pays », ajoute le média japonais.
The Guardian explique, quant à lui, que la nouvelle législation permettra aux autorités chinoises de renforcer encore la surveillance des expatriés travaillant dans des domaines comme « la technologie, la recherche et la surveillance, ainsi que dans d’autres secteurs potentiellement sensibles ». La nouvelle loi autorise en outre des perquisitions dans les locaux des entreprises et facilite les interpellations des personnes « dont l’identité n’est pas claire », ajoute le quotidien britannique. Plusieurs perquisitions ont déjà eu lieu dans des entreprises américaines, dont le cabinet d’audit sino-américain Capvision, selon les médias officiels chinois.
L’adoption de ce texte législatif n’est que la dernière mesure liée à la sécurité nationale en Chine, devenue une véritable obsession pour le régime communiste. Lors du Congrès du Parti en octobre dernier, Xi Jinping avait prononcé plus de 60 fois ce terme et trois fois seulement celui d’économie dans son discours inaugural. Cette loi vient ajouter encore à un processus de lente fermeture de la Chine sur le monde extérieur entamé avec la politique « zéro Covid » début 2020. Elle témoigne de l’inquiétude au sein de la direction chinoise de voir la Chine devenir une citadelle assiégée face à une alliance de facto entre certains de ses voisins et les États-Unis en réaction à la posture chinoise de plus en plus agressive sur la scène internationale. Cette loi va immanquablement accroître la chute des investissements étrangers et tombe au plus mal pour l’économie de la Chine. Après un record plancher de 3 % de la croissance de son PIB en 2022, le pays escompte une croissance de 5 % en 2023. Un objectif jugé raisonnable par les experts occidentaux, en dépit d’une double baisse des exportations et des importations constatée en avril.
Pénalisées par une reprise fragile de la deuxième économie mondiale et une demande mondiale atone, les exportations ont augmenté le mois dernier de 8,5 % sur un an mais à un rythme nettement plus faible qu’en mars (14,8 %), selon les chiffres en dollars des douanes chinoises. « La sombre réalité en Chine est que la sécurité est maintenant le mot d’ordre qui prévaut partout, sur l’économie comme sur la diplomatie », estime Alfred Wu, professeur associé à la Lee Kuan Yew School of Public Policy de Singapour. Cette politique sécuritaire va donc peser sur les efforts entrepris par les autorités chinoises pour redynamiser l’économie et permettre à la Chine d’opérer un grand retour sur la scène internationale, estime-t-il, cité par l’agence Reuters le 8 mai. En fait, « de tout ce que la Chine dit sur son souhait d’être ouverte sur le monde extérieur, elle est en train de progressivement se refermer. »
« NOUVELLE ÈRE » ENTRE LE JAPON ET LA CORÉE DU SUD
Parallèlement, le Japon et la Corée du Sud ont opéré ces dernières semaines un rapprochement spectaculaire. Un processus encouragé à la fois par ce que ces deux pays considèrent comme une menace croissante venue de la Chine et celle de la Corée du Nord. Ce rapprochement a été marqué par des échanges de visites au plus haut niveau des dirigeants des deux pays. Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a ainsi rencontré le président sud-coréen Yoon Suk-yeol le 7 mai dernier à Séoul. Les deux hommes ont déclaré que leurs pays se trouvaient désormais sur la voie de relations meilleures. « Nous avons eu des discussions très productives, y compris sur le plan personnel, a soulignait le chef du gouvernement sud-coréen le 8 mai. Nous sommes en mesure d’approfondir notre relation de confiance mutuelle. Mon objectif est maintenant de joindre nos forces pour ouvrir une nouvelle ère » entre le Japon et la Corée du Sud.
Cette visite fait suite à celle du chef de l’État sud-coréen à Tokyo en mars dernier, qui avait permis de briser la glace entre les deux voisins. L’opinion sud-coréenne est longtemps demeurée très hostile au Japon du fait des souvenirs de la colonisation japonaise de la péninsule coréenne à partir de 1910, qui s’est accompagnée de nombreuses exactions. Au Japon subsiste aussi un certain racisme à l’égard des Coréens qui pèse encore aujourd’hui sur l’équilibre des forces au parlement nippon et dont Fumio Kishida doit tenir compte.
Le prolongement de ces entretiens au sommet sera dans le domaine de la défense avec une rencontre prévue entre les ministres de la Défense des deux pays en marge du Dialogue Shangri-La sur la sécurité, prévu à Singapour le 4 juin. Séoul et Tokyo sont déjà d’accord sur le principe d’échanges de renseignements militaires.
Dans le même temps, les États-Unis et les Philippines ont annoncé leur intention d’approfondir leur coopération militaire dans le but clairement exprimé d’entraver l’expansion de la flotte militaire chinoise en mer de Chine du Sud, une zone maritime stratégique de près de 4 millions de km2 où transite l’équivalent de 5 000 milliards de dollars de marchandises. Les deux pays ont ainsi défini de nouvelles lignes directrices pour améliorer leur coopération militaire. Selon la revue américaine Defense News, l’objectif prioritaire des États-Unis est de contrecarrer la militarisation chinoise de cette zone revendiquée par la Chine.
Outre le dossier explosif de Taïwan, voisin des Philippines, c’est dans cette région du monde que se cristallisent les tensions entre les deux superpuissances nucléaires, mais aussi avec des États voisins comme le Vietnam et la Malaisie. Cette partie de l’océan Pacifique recèle également des gisements pétroliers et gaziers importants. Le Vietnam, la Malaisie, les Philippines, l’Indonésie notamment, revendiquent pour partie des zones de la mer de Chine du Sud tandis que les revendications chinoises sont considérées comme « illégales » et « illégitimes » par une partie de la communauté internationale.
S’ajoute à ce contexte la visite le 26 avril du président sud-coréen à Washington. Joe Biden a réaffirmé avec force l’engagement militaire des États-Unis à l’égard de la Corée du Sud et promis d’élargir le parapluie nucléaire américain avec l’envoi de sous-marins nucléaires dans les ports du pays, une première depuis les années 1980. Cette promesse a été faite alors qu’un débat fait rage en Corée du Sud sur la nécessité d’acquérir l’arme nucléaire face aux menaces de la Corée du Nord. Washington a déjà exprimé son opposition à un tel projet.
Les relations sino-canadiennes se sont quant à elles nettement tendues avec l’expulsion le 8 mai d’un diplomate chinois. Jugé persona non grata dans le pays, il est accusé par Ottawa d’avoir cherché à intimider un député canadien hostile à Pékin. « Nous ne tolérerons aucune forme d’ingérence dans nos affaires internes. Les diplomates au Canada ont été avertis que s’ils adoptent ce genre de comportement, ils seront renvoyés chez eux », a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly. La réaction chinoise n’a pas tardé avec l’annonce dès le lendemain de l’expulsion d’un diplomate canadien de Chine.
Le 5 mai, la Chine avait déploré les « calomnies » et « diffamations » du Canada après la convocation de son ambassadeur. « Cette décision a été prise en considérant attentivement tous les facteurs en jeu », a bien précisé la ministre Mélanie Joly évoquant l’importance de la « défense de la démocratie » canadienne.
« LA NEUTRALITÉ REVIENT À SE METTRE DU CÔTÉ DE L’AGRESSEUR »
Autre sujet d’inquiétude pour Pékin, les discussions en cours au sein de la Commission européenne d’un projet de sanctions à l’encontre d’entreprises chinoises en cas de vente d’équipements à la Russie pouvant servir à soutenir son effort de guerre en Ukraine. Le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang a effectué une tournée européenne à Berlin, Paris et Oslo, avec pour objectif une opération de déminage qui s’avère compliquée du fait de la détermination croissante des vingt-sept pays membre de l’Union européenne de punir la Chine si celle-ci s’aventure à aider la Russie en Ukraine. Pour la première fois, la Commission européenne vise huit entreprises chinoises et de Hong Kong, accusées d’exporter des biens sensibles vers la Russie. Des drones, des pièces électroniques et des semi-conducteurs pouvant être utilisés par les radars et les missiles anti-aériens.
La Chine redoute ces sanctions européennes qui viendraient s’ajouter à celles déjà très lourdes de Washington visant certaines de ses entreprises. Le porte-parole de la diplomatie chinoise Wang Wenbin a donc fait une mise au point juste avant l’arrivée du ministre. Selon lui, pas question d’accepter la moindre sanction : « Cela porterait gravement atteinte à la coopération avec la Chine et aggraverait la confrontation, ce qui est très dangereux. L’UE ne doit pas s’engager sur une mauvaise voie, sinon la Chine ne manquera pas de sauvegarder ses droits légitimes. » La Chine a déjà menacé l’Europe de mesures de rétorsion si des sanctions devaient viser ses entreprises.
Lors de son étape allemande le 9 mai, Qin Qang avait dû subir les critiques de son homologue Annalena Baerbock contre l’attitude de Pékin dans le dossier ukrainien : « La neutralité revient à se mettre du côté de l’agresseur. » À Paris, le ministre chinois s’est entendu rappeler de façon plus modérée par son hôte Catherine Colonna « l’importance du rôle que la Chine peut jouer pour la paix et la stabilité mondiales ». La chef de la diplomatie française a répété que Pékin devait œuvrer pour « parvenir à convaincre la Russie à revenir à un plein respect de la charte » des Nations unies. Plus tôt, Catherine Colonna avait appelé Pékin à user de « ses relations avec la Russie » pour l’amener sur le chemin de la paix, lors d’un briefing à l’Élysée aux côtés d’Annalena Baerbock, qui avait assisté au conseil des ministres.
L’étape française de Qin Gang était d’autant plus compliquée du fait des déclarations récentes de l’ambassadeur de Chine à Paris Lu Shaye. Elles avaient scandalisé l’opinion en France, en Europe et ailleurs dans le monde lorsque ce dernier avait mis en doute la légitimé de l’indépendance des ex-pays de l’Union soviétique. Rappelé à l’ordre par Paris, l’ambassadeur avait ensuite précisé que ses propos ne reflétaient qu’une opinion personnelle, mais le mal était fait.
À Oslo, ce vendredi 12 mai, Qin Qang a lancé un appel à l’Europe : « Aujourd’hui, certains montent en épingle le narratif de la démocratie contre l’autocratie et vont même jusqu’à évoquer une nouvelle Guerre froide. Si nous avons une nouvelle Guerre froide, l’issue sera encore plus désastreuse » que la précédente « et cela endommagera sérieusement les relations et la coopération entre la Chine et l’Europe », a-t-il mis en garde. La Chine et l’Europe doivent ensemble « rejeter la mentalité de Guerre froide » entre grandes puissances, a insisté le ministre chinois.
Qin Gang a tenu ces propos alors même que ses homologues de l’UE étaient réunis à Stockholm, en Suède voisine, pour chercher à parler d’une seule voix face à Pékin. Au terme de cette réunion, les 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont mis d’accord pour réduire leur dépendance économique à la Chine. « Lorsqu’une dépendance est forte, elle devient un risque », a alerté Josep Borrell, le Haut Représentant de l’Union pour les Affaires extérieures et la Sécurité. Selon lui, l’Union européenne doit tirer les leçons de son « erreur stratégique » de sa trop grande dépendance au gaz russe dans les années qui ont précédé l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Aujourd’hui, a rappelé Josep Borrell, les 27 sont même plus dépendants de la Chine dans les hautes technologies cruciales comme les panneaux solaires et les matières premières essentielles comme le lithium et le cobalt. « Dé-risquer est juste un mot. Mais derrière ce mot se cache un énorme travail qui prendra du temps, afin de remettre à plat toutes nos relations économiques avec la Chine. » L’UE, a tout de même voulu précisé Borrell, ne veut pas se contenter de suivre en tout point les États-Unis dans leur ligne dure face à la Chine. Il ne s’agit pas de « découpler » les économies européennes et chinoise, mais de rééquilibrer la relation. La Chine pour les 27 est un « rival politique », mais reste un « partenaire » sur les problèmes mondiaux tels que le climat, tout en étant un « concurrent économique ».
« IL Y A DU PROGRÈS. CELA VA MARCHER »
Fin mars, Joe Biden s’était entretenu avec le secrétaire général du Parti communiste vietnamien Nguyen Phu Trong et lui avait déclaré la volonté des États-Unis de renforcer leur engagement pour soutenir un Vietnam « puissant, prospère, résilient et indépendant », selon un compte-rendu de la Maison Blanche. Les deux dirigeants avaient également discuté de « l’importance de renforcer et d’étendre les liens bilatéraux » pour face aux défis actuels, dont celui d’un « Indo-Pacifique ouvert et libre », une référence claire à la militarisation chinoise de la mer de Chine du Sud.
Tout ceci n’a pas empêché la Chine et les États-Unis de renouer le dialogue de haut niveau avec des entretiens à Vienne les 10 et 11 mai entre le conseiller américain à la Sécurité nationale de l’administration Biden Jack Sullivan et le responsable des Affaires étrangères du Parti communiste chinois Wang Yi, le plus haut diplomate de Pékin. Les deux responsables ont eu des « discussions franches, substantielles et constructives », a assuré la Maison Blanche. Ils ont abordé les sujets qui fâchent, en l’occurrence « la guerre de la Russie contre l’Ukraine » ainsi que les questions liées au détroit de Taïwan. Lors de cette rencontre qui n’avait pas été annoncée, les deux parties « se sont mises d’accord sur l‘importance de maintenir ce canal de communication stratégique », a encore dit la Maison Blanche.
Ces entretiens relancent les spéculations sur une possible rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping en novembre en Indonésie. Interrogé ce mercredi 10 mai à ce sujet, le président américain a lancé : « Il y a du progrès. Cela va marcher. » Selon Daniel Russel, l’ancien responsable pour l’Asie de l’Est dans l’administration de Barack Obama, cité par Reuters, ces entretiens revêtent une importance cruciale puisqu’ils « sont virtuellement le seul canal encore opérationnel » entre Washington et Pékin. Qu’ils aient eu lieu est un signe « encourageant » , sans pour autant signifier que les relations entre les deux géants soient maintenant sur la voie de l’apaisement, précise Daniel Russel. « Les deux parties s’échangent des messages brutaux et parfois de colère. Mais ces rencontres créent la possibilité de trouver un terrain d’entente qui pourrait contribuer à stabiliser une relation actuellement dangereusement volatile. »
Le dialogue entre les deux plus grandes puissances économiques du monde était quasiment à l’arrêt depuis plusieurs mois à la suite de l’affaire du ballon espion chinois repéré au-dessus du sol américain en février dernier. Celle-ci avait alors provoqué le report in extremis d’une visite en Chine du secrétaire d’État américain Antony Blinken, dont l’agenda était de rechercher avec ses interlocuteurs chinois la mise en place d’un mécanisme pour prévenir une escalade militaire entre Pékin et Washington sur le dossier de Taïwan.
La rencontre de Vienne avait été précédée le 8 mai d’un entretien à Pékin entre le ministre chinois des Affaires étrangères et l’ambassadeur américain Nicholas Burns. Qin Gang avait alors condamné « une série de mots et d’actes erronés » de la part des États-Unis qui ont eu pour effet de plonger les relations sino-américaines « dans un gel profond », ajoutant toutefois que « la priorité numéro un » était désormais de stabiliser ces relations tumultueuses.
Dans un tweet, l’ambassadeur américain s’était borné à expliquer que ces entretiens, qui constituaient le premier contact officiel entre Pékin et Washington depuis février, avaient porté sur « les défis dans la relation sino-américaine et la nécessité de stabiliser les liens ainsi que d’étendre les moyens de communications de haut niveau » entre les deux pays.
DIALOGUE « CONSTRUCTIF »
À l’approche du sommet des dirigeants du G7 qui se tiendra le 19 mai à Hiroshima, Fumio Kishida, hôte de ce sommet, a quant à lui déclaré ce jeudi 11 mai que la paix dans le détroit de Taïwan était l’affaire du monde entier et non pas seulement des voisins de l’ancienne Formose. La Corée du Sud, l’Australie et l’Inde ont été invitées à se joindre au sommet. « La paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan est critique non pas seulement pour notre pays, mais l’ensemble de la communauté internationale, a-t-il déclaré dans une interview au Nikkei Asia. Notre position a toujours été que la question de Taïwan doit trouver une solution pacifique par le dialogue et je crois que [les pays membres du] G7 sont unis sur ce sujet. »
Ces propos tranchent avec ceux du président français Emmanuel Macron qui, le mois dernier, à l’issue d’une visite d’État en Chine, avait déclaré que la question de Taïwan était l’une des crises qui « n’est pas la nôtre » en Europe. Cette déclaration avait suscité de nombreuses critiques au sein même de l’UE ainsi qu’ailleurs dans le monde et Paris avait ensuite dû rectifier le tir.
Le Premier ministre japonais a encore indiqué que les chefs d’État et de gouvernement du G7 profiteraient de ce sommet d’Hiroshima pour demander à la Chine d’agir comme un membre responsable au sein de la communauté internationale et de contribuer au développement de relations internationales stables par l’intermédiaire d’un dialogue « constructif ».
À la suite du Japon qui a annoncé en novembre dernier un réarmement massif sans précédent depuis sa reddition en 1945, l’Australie a indiqué le 9 mai que son budget de la défense pour 2024 totaliserait 52,58 milliards de dollars australiens (35 milliards de dollars américains), soit 2,04 % du PIB, une première dans l’histoire du pays.
Tous ces développements se déroulent dans le contexte d’une inquiétude grandissante à Pékin sur la tournure que prend la guerre livrée par la Russie à l’Ukraine, les forces armées russes enregistrant des revers successifs qui, s’ils se soldent par un échec de la Russie, seraient catastrophiques pour la Chine. Celle-ci, en dépit de quelques succès diplomatiques récents tels que son rôle joué dans la reprise du dialogue entre l’Iran et l’Arabie saoudite, se verrait en effet encore plus isolée sur la scène internationale.
La Chine n’a jamais condamné l’invasion russe en Ukraine et jamais mentionné le terme de « guerre » pour la qualifier. Elle a jusqu’à présent évité de livrer des armes à la Russie, tout en prenant clairement son parti. Elle s’est déclarée prête à jouer un rôle d’intermédiaire pour chercher la paix en Ukraine mais son « plan de paix » a été unanimement jugé pro-russe en Occident.
De nombreux experts observateurs de la Chine se disent inquiets de la réaction que pourraient avoir les dirigeants chinois en cas de guerre perdue pour la Russie, certains redoutant des décisions irrationnelles de Xi Jinping. Dos au mur, le président chinois pourrait alors décider une action militaire contre Taïwan. D’autres sont néanmoins d’avis que Xi est précisément trop rationnel et réfléchi pour s’engager dans une telle aventure, très risquée pour lui et son régime.
Pierre-Antoine Donnet
P.-S.
• Asialyst. Mis à jour 13 Mai 2023. Publié 13 Mai 2023 :
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