La rétention des travailleuses et travailleurs aurait dû être une priorité
Les principales justifications avancées par le ministre du Travail et les organisations patronales pour ce projet de loi sont le manque de main-d’œuvre et l’augmentation de la productivité dans l’industrie. Si le projet de loi 51 vise à assouplir l’entrée de la main-d’œuvre, la CSD Construction insiste sur le fait que la priorité aurait dû être mise sur la rétention.
« On ne règlera pas le problème du manque de main-d’œuvre en ouvrant les valves à l’entrée si on ne fait rien à la fin pour garder les travailleuses et les travailleurs dans l’industrie. Depuis 10 ans, il rentre en moyenne 24 415 personnes dans l’industrie par année, mais après 5 ans, 35 % de ces travailleurs et 54 % de ces travailleuses l’auront quitté », explique Carl Dufour, président de la CSD Construction.
Parmi ses recommandations, la CSD Construction proposait entre autres la mise en place de mesures de soutien et de formation continue adaptées, notamment par des mesures de conciliation famille-travail-étude, adaptées à l’industrie de la construction, en plus d’un soutien financier adéquat.
La mobilité : les régions en payeront le prix
La CSD Construction s’inquiète des modifications apportées aux clauses de mobilité. En réduisant le nombre d’heures minimales requises pour bénéficier de la mobilité avec un employeur, passant de 1 500 à 750 heures (et à 400 heures pour les femmes et les personnes issues de la diversité) ce projet de loi vient créer un précédent dangereux.
« Le gouvernement et les associations patronales utilisent une situation exceptionnelle de pénurie de main-d’œuvre pour imposer des mesures permanentes. Ces changements pourraient grandement pénaliser les travailleurs et travailleuses des régions lorsque la situation économique reviendra à la normale : il manquera d’ouvrage dans nos régions », déclare Carl Dufour.
Quelques gains malgré tout
Grâce aux représentations de la CSD Construction, les détenteurs et détentrices d’un certificat occupationnel ayant accumulé 4 000 heures pourront désormais demander un certificat de compétence apprenti sans perdre leur certificat de compétence d’occupation.
« C’est une demande de longue date de la CSD Construction. Cette modification corrige un non-sens de la loi actuelle et constitue un pas dans la bonne direction pour la valorisation des occupations. Il reste encore du chemin à parcourir pour que ces occupations soient reconnues comme un métier à part entière, on continue de le revendiquer », affirme Carl Dufour.
La modification du projet de loi pour garantir que les femmes soient la première priorité lors du référencement, plutôt que de les inclure dans la catégorie des « personnes représentatives de la diversité », répond à la demande formulée par la CSD Construction lors de ses représentations en commission parlementaire.
« Pour nous, il était impératif de protéger l’accès des femmes dans l’industrie. Bien que les mesures de la loi R-20 aient légèrement amélioré la représentativité des femmes, il reste beaucoup à faire. Nous sommes satisfaits que notre voix ait été entendue sur cette question cruciale », ajoute Carl Dufour.
Enfin, la CSD Construction se réjouit que la loi permette désormais de négocier la rétroactivité sur le salaire et les avantages sociaux. Cependant, elle déplore le refus du ministre du Travail d’inclure des dispositions interdisant les briseurs de grève.
« On ne comprend pas pourquoi le ministre s’entête à ne pas vouloir interdire les briseurs de grève, comme c’est le cas pour tous les autres secteurs. Le Code du travail protège déjà ce droit, et cela sera bientôt le cas pour les employés de juridiction fédérale. Le ministre a manqué l’occasion de corriger un autre non-sens de la loi R-20 », conclut Carl Dufour.
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