Peu de précisions sur les mesures pour le préscolaire et le scolaire
La présidente de la CSQ souligne la volonté d’augmenter le nombre d’enseignantes et enseignants, or ces derniers doivent pouvoir compter sur l’aide du personnel professionnel et de soutien pour aider les élèves en difficulté : « Le ministre parle de 200 nouvelles ressources autres que des enseignants, mais nous n’avons pas encore le détail de ces ressources. De plus, la CSQ dit depuis longtemps qu’il est essentiel d’intervenir tôt et de mettre l’accent sur l’apprentissage de la lecture. Il semble y avoir un pas dans cette direction, mais c’est difficile de se prononcer puisque les détails ne sont pas connus. »
Du côté des professionnels, la CSQ salue cette amorce de réinvestissement, mais soulève que plusieurs professionnels de l’éducation, comme les psychologues, les orthophonistes et les orthopédagogues jouent un rôle crucial dans la détection, la prévention et la réhabilitation des difficultés en lecture et des préalables à la lecture. Un montant doit être clairement dédié à un ajout significatif de professionnels si le ministre veut arriver à des résultats probants dans ces domaines, mais aussi pour venir combler la perte de 250 ressources professionnelles coupées en raison des compressions.
Peu de moyens pour l’éducation supérieure
« Du côté collégial, il y a bel et bien une somme prévue, mais les impacts sont très limités. Le montant annoncé pour soutenir les étudiants ayant des besoins particuliers et en situation de handicap ne compensera pas la baisse de services aux étudiants qu’entraîneront les coupes et compressions déjà imposées de 155 millions depuis 2011.
Ce montant ne suffira pas non plus pour annuler les effets des abolitions de postes chez les professionnels et le personnel de soutien qui ont justement pour rôle, notamment, d’aider les étudiants ayant des besoins particuliers et en situation de handicap », affirme la présidente.
Des compressions plus sévères que prévu
Les comptes publics pour 2014-2015 ont confirmé que la politique d’austérité du gouvernement a frappé de plein fouet le milieu de l’éducation et que les coupes ont été plus sévères que prévu.
En 2014-2015, c’est 171 millions de dollars de moins, investis dans les réseaux de l’éducation, que ce qui avait été prévu lors du budget de juin 2014, prévision qui était déjà loin du compte. Pour 2016-2017, la différence est encore plus grande avec 384 millions de dollars de moins qu’envisagé en juin 2014.
« Lors du premier budget Leitao, en juin 2014, on prévoyait que le budget du ministère de l’Éducation serait de 17,7 milliards en 2016-2017, alors qu’on nous annonce maintenant qu’il sera de près de 17,3 milliards, même en tenant compte de la réinjection de ces 80 millions. Alors, quand on parle de nouvelles sommes investies, il faut relativiser les choses. Si on vous offre trois ou quatre feuilles de laitue après un sévère régime, ce n’est pas ça qui vous redonnera bien de l’énergie » poursuit Louise Chabot.
« Il y a un réel problème dans le milieu de l’éducation, on sonne l’alarme depuis des années. Ce n’est pas en faisant des annonces comme celle-ci que le ministre va remédier à la situation. Ce qui nous manque, c’est la vision du ministre Blais. Il a fini par se résigner à mettre un peu d’argent mais il continue d’annoncer des mesures, sans vision d’ensemble. La CSQ constate d’ailleurs qu’aucune somme n’est prévue pour le réseau universitaire, qui a pourtant subi des coupes de 700 millions depuis 2012. Le manque à gagner des compressions imposées dans les dernières années s’élève à près d’un milliard. Si on fait le calcul, on voit rapidement que c’est tout à fait insuffisant ! Cela renforce l’idée que ce n’est ni plus ni moins qu’une opération de relations publiques », ajoute Louise Chabot.
« D’un côté le ministre Blais nous annonce 80 millions en éducation, alors que de l’autre, sa collègue de la Famille met en péril notre réseau de la petite enfance avec une coupe additionnelle de 120 millions dans les services de garde subventionnés. C’est tout à fait incohérent ! C’est urgent de réinvestir dans nos services publics. Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités pour en assurer la qualité et l’accessibilité afin que l’ensemble de la population puisse continuer d’en bénéficier », conclut la présidente de la CSQ.