Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Manifestation à l'Assemblée nationale du Québec contre la guerre génocidaire d'Israël à Gaza

Discours d’un membre de Voix Juives indépendantes du Canada (VJIC)

Des centaines de personnes se sont rassemblées devant l’Assemblée nationale à Québec pour exiger l’arrêt immédiat des hostilités contre Gaza et contre l’intervention israélienne au Liban.

Près d’un an après le début des violents combats au Proche-Orient, l’organisme Palestine Québec invite les citoyens et les citoyennes à exiger la fin de la guerre génocidaire menée par l’État d’Israël. « Nous, on est là pour défendre les civils de Gaza, pour dire “arrêtez de tuer les enfants”. Il faut que ça s’arrête », implore Leila Hamidouche, porte-parole de Palestine Québec.

La manifestation devant l’Assemblée nationale ce 5 octobre visait des objectifs précis : réclamer aux différents paliers de gouvernements l’arrêt immédiat des hostilités à Gaza, la cessation de l’occupation israélienne, le respect du droit à l’autodétermination du peuple palestinien, un embargo sur les exportations d’armes canadiennes et la fermeture du Bureau du Québec à Tel-Aviv.

Dans son appel à la manifestation, Palestine Québec dénonçait Israël comme un État terroriste et soulignait que l’occident continue de fournir une couverture diplomatique, tandis que l’entité sioniste commet massacre après massacre, crime de guerre après crime de guerre, aussi bien en Palestine au Liban.

PTAG ! reproduit des extraits de la prise de parole et des slogans qui ont ouvert la manifestation. Il publie également le discours d’un représentant de Voix Juives Indépendantes du Canada livré au cours de cette manifestation.

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Discours d’un membre de Voix Juives indépendantes
du Canada (VJIC)

Conflit Israël-Palestine : je dois vous avouer que, pendant mes moments les plus sombres, j’ai honte

Je voudrais commencer par remercier les organisateurs pour leurs efforts inlassables pour maintenir ce mouvement. Être ici avec vous aujourd’hui fait du bien. Mais ces moments sont plutôt rares. Dans cette lumière, je pensais aujourd’hui partager quelques sentiments personnels. Et pour être honnête, je dois vous avouer que, pendant mes moments les plus sombres, j’ai honte.

Jesse Greener est membre de Voix juives indépendantes Canada. Il est le fondateur de la branche IJV-Québec et ancien membre du comité directeur d’IJV.

Mais ce n’est pas pour la raison que vous pourriez soupçonner.

Oui, je suis un homme juif.

Oui, mon identité et mon existence ont été détournées pour justifier le sionisme et le génocide contre les Palestiniens.

Mais non, ce n’est pas pour cela que j’ai honte. En fait, de nombreux Juifs progressistes ont toujours refusé d’être liés à l’État d’Israël, à son apartheid et, maintenant, surtout à son génocide. Nous le faisons via nos organisations qui portent à juste titre le nom de « Not in Our Name » et « Voix Juives Indépendantes ».

Non, sur ce point, je ne pense pas qu’un Juif progressiste doive avoir honte. En fait, nous sommes clairs dans notre affirmation de notre capacité à agir. Bien sûr, nous sommes ignorés par les médias sionistes occidentaux. Par conséquent, beaucoup de gens ne savent pas qu’il existe des Juifs comme nous, même si nous sommes nombreux et en croissance.

Ainsi, les gens sont parfois choqués d’apprendre qu’il y a des Juifs comme moi qui croient qu’en tant que pays, Israël sioniste est un échec total. Et qu’un tel État raciste et ethno-religieux n’a pas sa place dans le monde moderne. À cette fin, je souhaite vous informer que Voix Juives Indépendantes–Canada a récemment confirmé, par un vote de ses plusieurs milliers de membres, que nous sommes une organisation juive antisioniste.

Non, ma honte est à un niveau plus profond et humain.

Parfois, je me demande comment il est possible qu’un holocauste moderne se déroule à mon époque ? Mais c’est pire que cela. En même temps que la souffrance s’accroît au Moyen-Orient, y compris maintenant au Liban, je sens une complaisance grandir en moi. Je me sens parfois battu. C’est peut-être le même sentiment qui existait pendant la Seconde Guerre mondiale et qui a permis aux politiciens canadiens de mettre en œuvre une politique qui a interdit l’admission de réfugiés juifs au Canada. En fait, on a déclaré à l’époque que « not one Jew is too many ».

Mais la complaisance d’aujourd’hui est encore plus honteuse, car au lieu d’être distraits par une implication directe dans la guerre contre les nazis, comme les Canadiens et les Québécois l’étaient, nos distractions aujourd’hui sont désormais nos propres intérêts personnels : le travail, la famille, la vie. Au lieu de recevoir des rapports indirects sur l’holocauste dans les journaux pendant la Seconde Guerre mondiale, nous le voyons directement sur nos téléphones. Et nous savons très concrètement que les gouvernements occidentaux fournissent un soutien politique et matériel.

Et puis je réalise qu’avant même que le projet colonial d’Israël ne soit lancé, ces mêmes terres ici ont été le théâtre d’un génocide contre les peuples autochtones, d’une ampleur qui est rarement évoquée. De plus, dans les temps modernes, des atrocités ont également été ignorées dans d’autres endroits.

Et parfois, je m’interroge sur ma propre humanité. L’ai-je perdue ? Y a-t-il quelque chose de précieux dans l’esprit humain si nous vivons une atrocité après l’autre ?

Je suppose que je ne suis pas le seul à me poser ces questions, en privé. Ou peut-être entre amis. Mais je pense qu’il est utile d’affronter ces sentiments, même s’ils sont trop pessimistes et peu fréquent. En réfléchissant à ces sentiments, je me suis rendu compte qu’ils naissent naturellement d’un sentiment d’impuissance.

Mais, pensez, mes amis, à la motivation que nous aurions si nous pouvions combiner nos efforts et nos émotions avec de vastes mouvements sociaux. Cela m’a amené à réaliser que le désespoir et la complaisance sont la fin naturelle d’un individu qui lutte seul contre la machine. Au contraire, notre capacité d’agir et notre humanité ne peuvent se réaliser que par notre action et nos mouvements collectifs.

À cette fin, je remercie encore une fois les organisateurs pour leurs efforts. Je remercie chacun d’entre vous pour votre action collective. Je nous exhorte tous aujourd’hui à joindre nos efforts et nos voix contre la guerre, la colonisation et le génocide. Si vous n’êtes pas encore membre de la Coalition pour la paix Québec ou des organisateurs ici aujourd’hui, trouvez l’un d’eux et joignez-vous à eux. Je vois aussi Québec solidaire ici. Envisagez également de rejoindre des organisations nationales comme Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient ou Voix Juives Indépendantes, que ce soit en tant que membre ou sympathisant.

Donc, par n’importe quel moyen, organisons-nous ensemble pour balayer le pire de ce que l’humanité a à offrir et inaugurer une nouvelle ère de dignité humaine fondée sur notre pouvoir collectif. Et ce faisant, retrouvons et affirmons notre propre humanité.

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