Depuis son annonce en mars dernier, de nombreuses voix ont dénoncé le projet de loi mammouth du gouvernement Legault, décriant ses nombreuses menaces pour le système de santé : privatisation, centralisation des pouvoirs, diminution du pouvoir citoyen, attaques à l’autonomie des sage-femmes et des groupes communautaires. Malgré tout, le ministre reste entêté à faire passer sa réforme du système de santé d’ici Noël et n’écarte pas l’utilisation du bâillon, même pour le projet de loi en santé le plus imposant de l’histoire du Québec !
Une réforme qui risque de nuire
Alors que le gouvernement prétend que rien ne changera quant à la privatisation de la santé, l’étude du projet de loi en commission parlementaire semble prouver le contraire avec le rejet par le ministre de nombreux amendements qui visaient à garantir l’universalité, la gratuité et la primauté du public dans l’offre de soins. (1) Avec des “shot guns” du privé à la tête de Santé Québec, peut-on espérer que ce sont l’universalité, la gratuité et l’accessibilité qui resteront le point de mire de ses dirigeant.es ? Qui plus est, Santé Québec vient diminuer l’imputabilité du gouvernement en déplaçant le contrôle et le pouvoir en santé entre des mains de gestionnaires.
En plus de réitérer la place du privé en santé, le projet de loi 15 amplifie la centralisation et la baisse de pouvoir des instances régionales, en plus de l’abolition des comités d’usagers.ères locaux et moins de possibilités pour le communautaire de faire entendre ses préoccupations. Il ouvre la voie à un déni de l’autonomie des groupes communautaires, les faisant passer pour des prestataires de services d’une société d’État, puis contrevient à l’autonomie des sages-femmes en les assujettissant à une direction médicale. “Les mobilisations des dernières semaines montrent que les familles du Québec veulent toujours accéder à des services de sage-femme et prendre des décisions pour elles-mêmes. La balle est dans le camp du gouvernement d’accepter des modifications permettant de garantir des lieux décisionnels pour les sages-femmes afin qu’elles répondent aux besoins réels des femmes et personnes enceintes,” maintient Roxanne Lorrain de la Coalition pour la pratique sage-femme.
Avec le PL15, le gouvernement Legault propose une réforme du système de santé qui ne réglera en rien l’accès aux services de santé. “Alors que le système de santé prendra des années à se restructurer à la suite de cette réforme, les problèmes criants persistent et s’amplifient : les travailleuses du communautaire à bout de souffle continuent de recevoir les personnes exclu-e-s par le système de la santé, les femmes enceintes sans RAMQ sont laissées pour compte par le système et sont aux prises avec des factures salées à leur sortie de l’hôpital, les infirmières et professionnelles de la santé sont en moyens de pression et épuisées… C’est à ça qu’on veut que le gouvernement s’attelle”, martèle Élise Landriault-Dupont, du RGF-CN. Maxime Fortin, de la Ligue des droits et libertés - section de Québec, va encore plus loin en dénonçant un outrage au droit à la santé. “Le droit à la vie est un droit fondamental,
l’un des premiers droits à avoir été reconnu. Cependant, ce droit ne peut se concrétiser sans le droit à la santé. C’est par le droit à la santé qu’on assure aux personnes une forme d’égalité devant la maladie et la mort”.
Le projet de loi 15 prend place dans un contexte où des milliers de travailleuses des services publics sont en grève et où le gouvernement est en train d’adopter une loi controversée sur le logement. Le tout alors que le gouvernement Legault dépasse les limites imaginables du cynisme et de l’arrogance avec des dépenses de millions pour une équipe de hockey et une augmentation de 30% du salaire des députés.
C’est pourquoi la population est sortie dans la rue pour dire “non” au projet de loi 15 et pour rappeler au gouvernement qu’il est responsable de conserver un système de santé public, accessible, gratuit et universel !
Notes
1- https://iris-recherche.qc.ca/blogue/sante/mirage-gratuite-services-prives/
Un message, un commentaire ?