A l’occasion des deux dernières élections québécoises, j’ai voté Québec solidaire. Lors du prochain scrutin, je voterai Parti québécois. J’habite le comté de Viau, un comté traditionnellement libéral. En 2007 et en 2008, mon vote « ne comptait pas » et n’avait aucune influence. Je me suis donc fait le plaisir de voter pour le sympathique Québec solidaire, le parti qui rejoint le plus mes valeurs.
Lors du prochain scrutin, mon objectif est de battre les libéraux tout en empêchant la CAQ d’être élue. Pour une fois, mon vote pour le PQ pourrait permettre à ce dernier de passer entre les deux partis fédéralistes de droite. Le PQ n’est pas parfait, il est trop légèrement teinté de social-démocratie à mon goût, mais je ne suis pas masochiste au point de laisser passer un autre parti, alors que mon vote, par chance, je pourrais même dire par hasard, pourrait être utile.
Si j’étais dans les comtés où se présentent Amir Khadir et Françoise David, je voterais pour eux. Un peu d’air frais ne fait pas de mal. Mais dans les comtés serrés, je recommande à mes amis de voter PQ. Comme nous n’avons pas encore un mode de scrutin proportionnel, il faut nous résoudre à voter stratégiquement.
Je vais voter PQ et je sens que, s’il est élu, je vais être déçu par plusieurs de ses actions. Un peu avant l’élection des libéraux en 2003, j’avais publié dans la revue Possibles un texte critique : « Le gouvernement québécois a-t-il démérité de ses alliés ? », (vol. 26, no 1-2, hiver-printemps 2002, pp. 149-169).
http://www.chronijacques.qc.ca/2002/02/le-gouvernement-quebecois-a-t-il-demerite/
La lecture de certains éléments du programme électoral du PQ me donne déjà de l’urticaire.
Ma stratégie électorale n’est pas sans ambiguïté. Mais je ne suis pas le seul à baigner dans un marais de contradictions. Mes amis de Québec solidaire, souverainistes, qui ont voté pour le NPD fédéraliste lors des dernières élections occupent le même terrain rempli de paradoxes que moi. Que celui ou celle qui ne s’est jamais contredit jette le premier anathème.
Nous n’avons pas, comme en France, un système à deux tours. Le Front de gauche ne s’y est-il pas récemment rallié au candidat socialiste François Hollande, pour le second tour ?
Un clin d’oeil en terminant. Dans les jours qui ont suivi l’élection du Parti québécois le 15 novembre 1976, une caricature très drôle a été publiée. On y voit un groupe de marxistes-léninistes – c’était la mode à l’époque – commenter ainsi l’élection : « Un parti bourgeois, rien de bon à en attendre ». L’un des m.-l. rentre chez lui, se retire ensuite dans sa chambre, ferme la porte et crie : « Youpi ! ».
Nul doute que la plus belle période de la social-démocratie québécoise a été celle des années 1976-1981. Les choses ont changé depuis, mais elle pourraient changer de nouveau.
par Jacques Fournier
organisateur communautaire retraité