Si la parole avait valeur d’action, aucune des quelque 20 000
professionnelles du gouvernement du Québec ne subirait de la discrimination
systémique. À emploi équivalent, elles recevraient un traitement équivalent
à celui de leurs collègues masculins.
Si la parole avait le poids de l’action, aucune professionnelle ni aucun
professionnel de l’État ne devrait avoir à s’exprimer dans une langue autre
que celle prescrite au Québec dans le cadre de ses activités
professionnelles.
Si la parole avait la même densité que l’action, aucune pierre d’un édifice
patrimonial reconnu ne sombrerait sous le pic des démolisseurs, pas plus
qu’aucune bibliothèque, ni aucune institution muséale ne fermerait ses
portes.
Si la parole avec la teneur de l’action, l’environnement aurait priorité
sur le béton et nulle experte ou nul expert ne devrait être contredit ou
marginalisé lorsqu’elle ou il tire la sonnette d’alarme en disant que le
Québec fait fausse route.
Si la parole avait la grâce de l’action, aucune retraitée et aucun retraité
ne devrait peiner à boucler ses mois en raison d’une non-indexation
récurrente depuis 40 ans des rentes de retraite.
Si la parole avait la dextérité de l’action, aucune professionnelle ni
aucun professionnel ne devrait accuser un retard salarial de 39 % sur celui
de professionnels à l’emploi d’une municipalité ou d’une ville.
Si la parole avait le souffle de l’action, aucune professionnelle ni aucun
professionnel ne devrait lutter pour protéger et faire respecter ses
conditions et son temps de travail.
Si la parole avait la force de l’action, aucune professionnelle ni aucun
professionnel ne devrait réclamer leur droit à la déconnexion, à la
sécurité au travail et à l’obtention d’une compensation des coûts reliés au
télétravail.
Si la parole avait la forme de l’action, aucune professionnelle ni aucun
professionnel n’aurait à faire reconnaître ses besoins d’améliorer la
qualité de vie de sa famille, ce qui passe par un horaire flexible, la
possibilité de faire du télétravail, l’octroi de congés pour
responsabilités familiales ou la présence d’un service de garde sur les
lieux de travail.
Si la parole équivalait à l’action, aucune professionnelle ni aucun
professionnel ne demanderait à ce que son employeur reconnaisse son rôle
essentiel dans l’offre de services offerts à la population.
Si la parole égalait l’action, aucune professionnelle ni aucun
professionnel ne souhaiterait que l’on reconnaisse son implication et son
dévouement, sachant qu’elle est et qu’il est, chaque jour, un rouage
essentiel qui offre des services précieux contribuant à la mise en œuvre
des politiques publiques. Si tel était le cas, les professionnelles et
professionnels seraient reconnus à la hauteur de leurs compétences, de
leurs responsabilités et de leurs réalisations.
*Line Lamarre*
Présidente
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
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