Édition du 12 novembre 2024

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Santé

Santé et services sociaux - La CSN se mobilise contre le démantèlement du réseau

TROIS-RIVIÈRES, QC, le 19 mai 2016 - Après deux ans de réformes, de bouleversements sans consultation et de politiques d’austérité imposées par le gouvernement Couillard, notre réseau public de santé et de services sociaux se retrouve fragilisé comme jamais. La CSN appelle la population de la Mauricie et du Centre-du-Québec à s’élever contre la privatisation tranquille de notre joyau collectif le plus précieux. Les délégué-es du 8e congrès du Conseil central du Cœur-du-Québec ont d’ailleurs porté leur message ce midi au bureau du député libéral de Trois-Rivières, Jean-Denis Girard.

« Bien évidemment, comme nous représentons les travailleuses et les travailleurs du réseau, de tous les titres d’emplois, dans tous les établissements, nous sommes à même de constater les effets néfastes importants des politiques libérales sur le climat de travail et la santé de ces personnes qui tiennent ce réseau à bout de bras, souligne le président de Conseil central du Cœur-du-Québec (CSN), Paul Lavergne. Mais en même temps, nous sommes toutes et tous concernés, car ces politiques ont pour effet de restreindre l’accès de la population aux services de qualité auxquels ils ont droit. Notre droit de regard, comme citoyens et citoyennes, dans la réorganisation du réseau, a été laminé par la réforme Barrette. De plus, comme contribuable, on n’a pas le sentiment qu’on sort gagnant de ces recours accrus au secteur privé à but lucratif et qu’on obtiendra de meilleurs services en les centralisant encore davantage autour des besoins des médecins et d’une approche curative au détriment de la dimension sociale de la santé et de la prévention ».

Les CLSC menacés

Une des craintes importantes de la CSN envers la réforme du Dr Barrette était à l’effet que le rôle des CLSC serait dilué dans les nouveaux méga-établissements. Elle est en voie de se matérialiser car les annonces de transferts de ressources professionnelles des CLSC vers les groupes de médecine de famille, privés et à but lucratif, se multiplient. Dans la région de Trois-Rivières, de tels transferts sont prévus, mais le CIUSSS n’a pas encore précisé comment le déploiement s’effectuera. Après les infirmières, c’est au tour des travailleuses sociales d’être transférées. Le ministère de la Santé et des Services sociaux encourage également le transfert d’autres professionnel-les tels que les nutritionnistes, les kinésiologues ou encore les physiothérapeutes. Il est à noter que ces déménagements sont aux frais du secteur public et non des cliniques privées.

« Pour nous, il est clair que ces transferts mettent à mal la recette des CLSC, qui a fait ses preuves, explique la vice-présidente de la Fédération des professionnèles-CSN, Nancy Corriveau. Toutes les données dont on dispose montrent que l’approche d’interdisciplinarité des CLSC permet d’améliorer l’accès aux services et la qualité de vie de la population, en particulier des plus vulnérables. C’est démoralisant, frustrant, pour les professionnel-les de se retrouver, du jour au lendemain, sous les ordres d’un groupe de médecins au mépris de leur autonomie professionnelle ».

« Il faut sérieusement se demander où seront les gains pour la population, enchaîne la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux, Mélissa Gaouette. Le ministre Barrette est incapable de nous assurer que les clientèles suivies en CLSC pourront continuer de recevoir les services dont elles ont besoin, même si elles ne sont pas inscrites auprès d’un médecin de famille. C’est très préoccupant car les travailleuses sociales interviennent souvent auprès de personnes à risque, en marge de la société, aux prises avec des problèmes de santé mentale, de toxicomanie, de violence domestique. À ce chapitre, le ministre de même que les gestionnaires d’établissements ne sont vraiment pas rassurants ».

Campagne nationale

La CSN déploiera dès la semaine prochaine une vaste campagne de mobilisation et d’information pour contrer la privatisation tranquille du réseau ainsi que les effets dévastateurs des politiques d’austérité. Outre le transfert de ressources professionnelles hors des CLSC et l’ouverture de supercliniques privées, la CSN veut stopper la centralisation des laboratoires médicaux (projet Optilab), forcer le débat sur la privatisation des soins à domicile, revendiquer un financement adéquat des centres jeunesse, obtenir les ressources nécessaires en réadaptation afin de combattre l’alourdissement des cas induit par l’allongement des listes d’attente et, plus largement, mettre un terme à l’effritement du rôle de l’État en santé et services sociaux. La CSN continuera de militer pour l’abrogation des frais accessoires ainsi que pour une revitalisation de la démocratie dans le réseau mise à mal par la réforme Barrette avec l’abolition des conseils d’administration des établissements. De plus, la CSN dénonce l’abolition du poste de Commissaire à la santé et au bien-être et considère qu’il doit absolument y avoir un mécanisme d’observation et de recommandation complètement indépendant du ministre.

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