L’enquêteur a notamment expliqué que le MTQ a souffert à la fois de coupures dans le personnel entamées dès 1997, dans la poursuite de l’atteinte du déficit zéro, et de difficultés à retenir son personnel en raison de conditions d’emploi moins compétitives qu’au privé. « La perte d’expertise découle directement de l’octroi quasi systématique de contrats aux entreprises privées. S’il souhaite reprendre le contrôle sur ses projets d’infrastructure, freiner l’hémorragie des coûts et endiguer la collusion, le MTQ devra embaucher plus de techniciens et d’ouvriers tout en assurant une rémunération et des conditions de travail concurrentielles », affirme Lucie Martineau.
Selon des chiffres dévoilés devant la commission, les contrats de construction octroyés par le MTQ en 2011-2012 valaient 2,285 milliards de dollars, comparativement à 391 millions en 2003-2004. Il s’agit d’un bond de 584 %. Les contrats de services professionnels (firmes de génie) ont bondi de 515 % passant de 96 à 495 millions de dollars.
Pour sortir le MTQ de cette captivité face à ses fournisseurs, le SFPQ propose notamment d’interdire le recours à la sous-traitance lorsqu’une activité est récurrente et qu’elle serait moins coûteuse si elle était accomplie par le personnel du MTQ. De plus, le SFPQ suggère d’interdire la signature d’un contrat lorsqu’il n’y a qu’un seul soumissionnaire et d’empêcher les organismes publics d’avoir recours à plus de 30 % de personnel en sous-traitance lorsqu’une activité est ou sera récurrente. « Le gouvernement est captif de ces firmes qui lui dictent, en quelque sorte, la route à prendre quand vient le temps de rédiger des appels d’offres. De plus, le non-remplacement d’une personne sur deux dans la fonction publique entraîne une diminution des effectifs au sein du ministère des Transports, ayant comme conséquences que l’expertise se développe à l’extérieur du MTQ et que les coûts des travaux sont en constante augmentation », martèle madame Martineau.