Dans son rapport annuel sur le marché locatif canadien publié jeudi, la SCHL compare pour la première fois la hausse des loyers pour les logements ayant changé de locataires avec la hausse pour les logements où les locataires sont restés les mêmes. Le constat est brutal : à l’échelle canadienne, les logements avec rotation de locataires ont augmenté en moyenne de 18,3% entre 2021 et 2022, contre seulement 2,9% pour le reste des logements.
Ces nouvelles données viennent quantifier le phénomène déjà connu des propriétaires qui utilisent les changements de locataires afin d’augmenter substantiellement les loyers. Résultat : tandis que les locataires qui restent dans leur logement sont relativement protégés des hausses abusives, ce sont surtout les personnes qui déménagent souvent, comme les étudiants et étudiantes, qui subissent de plein fouet les effets de la rareté des logements.
Les ménages étudiants particulièrement vulnérables
« Cette situation est extrêmement préoccupante pour la population étudiante pour qui déménager est souvent nécessaire pour poursuivre ses études », souligne Laurent Levesque, directeur général de l’UTILE, une entreprise d’économie sociale qui construit et opère des logements étudiants à but non lucratif. « C’est d’autant plus inquiétant quand on sait que près de deux locataires étudiants sur trois ont un revenu inférieur à 20 000$ par année. »
Avec des taux d’inoccupation à la baisse partout dans la province qui s’ajoutent au portrait, M. Levesque s’attend à ce que la rentrée 2023 soit encore plus pénible que celle de l’an dernier pour les ménages étudiants qui se cherchent un logement. « Nos recherches avaient déjà montré qu’entre 2017 et 2021, les loyers de la population étudiante québécoise avaient augmenté de 18%, soit beaucoup plus rapidement que le marché locatif général, qui a crû de 11,5% sur la même période. Ce que ces nouvelles données suggèrent, c’est que les locataires étudiants risquent de payer encore plus cher que le reste de la population dans les prochaines années. »
Pour éviter que cette situation ne se répète année après année et ne vienne mettre en péril l’accessibilité aux études supérieures, M. Levesque insiste sur la nécessité de construire davantage de logements à but non lucratif adaptés aux besoins étudiants. « Pendant des décennies, il n’y a eu pratiquement aucun investissement dans le logement étudiant. Aujourd’hui, la population étudiante en paie, littéralement, le prix. Il est temps d’inverser cette tendance », plaide-t-il.
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