Counter Currents.org, 12 mai 2010
Auteur : Stephen Lendman [1] - _ Traduction : Alexandra Cyr.
La plate-forme est la propriété de la compagnie Transocean Ltd. qui l’opère grâce à un sous-contrat avec BP Exploration & Production Inc. une division de BP. Cette dernière est classée quatrième entreprise au monde par Fortune Global 500, juste derrière Royal Dutch Shell, Exxon Mobil et Wall-Mart. Elle valait 239 milliards de dollars en 2009 en revenus d’opération avec 14 milliards de profits. Six des plus importantes compagnies dans le monde sont des pétrolières. Transocean, un entrepreneur en forage en mer, détient et opère environ 140 puits. Sa culpabilité dans cette catastrophe sera exposée plus loin.
Le 29 avril, l’Institute for Southern Studies a publié des données sur l’explosion : la plate-forme est située à 41 milles des côtes louisianaises ;
*l’explosion a eu lieu le 20 avril et l’incendie a immédiatement débuté ;
*l’équipe de travail comptait 126 personnes. 11 manquent toujours à l’appel et sont présumés morts ;
*depuis 2001, dans le golfe du Mexique, 69 travailleurs sont morts et 1 349 ont été blessés dans des opérations de forage qui ont déclenché des explosions et des incendies ; 858 fois sur 90 grandes plateformes de forage et 3 500 fois sur des plateformes de production ;
*le US Minerals Management Service (MMS) [2] a publié 150 rapports sur les manquements aux procédures dans les opérations de forage, soit : 172 déversements de plus de 2 100 gallons au cours des dix dernières années.
À la fin d’avril, le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) estimait à 5 000 barils par jour l’actuel déversement. De nouvelles informations le situent à beaucoup plus.
Au point de départ, les représentants de BP ont menti en prétendant que seulement 1 000 barils par jour s’écoulaient. Et ils continuent à mentir quant à la sévérité du problème. L’administration Obama en fait autant ainsi que les principaux médias en camouflant l’ampleur du problème.
Le journaliste d’enquête Wayne Madsen qualifie cet accident de potentiel « désastre majeur (…) d’une ampleur volcanique qui, s’il n’est pas arrêté dans les 90 jours, causera des dommages irréversibles aux écosystèmes maritimes dans le golfe, dans le nord de l’Atlantique », et pire encore selon des experts du Corps of Engineers. Il se peut qu’il faille deux ans pour arriver à obturer complètement l’entrée du puit.
Cette partie du golfe où arrive la nappe de pétrole est classée la plus importante des 48 états du sud pour les arrivages de produits marins ; elle produit, à elle seule 50% des toutes les crevettes sauvages du pays et compte plus de 400 espèces maintenant mises en péril.
Au total, la pêche dans le golfe du Mexique représente 20% de toute la pêche commerciale aux États-Unis. Le déversement de pétrole la menace maintenant ainsi que toute l’économie régionale. NOAA explique qu’il menace les côtes de Louisiane, de l’Alabama, du Mississipi, possiblement celles du Texas, de l’ouest de la Floride aussi bien que celles de l’est y compris les Keys et au-delà.
LA COMPLICITÉ DE L’ADMINISTRATION OBAMA,
Le 11 mai 2009, le secrétaire à l’intérieur, M. Ken Salazar, (propriétaire d’un ranch, ancien sénateur du Colorado, et reconnu comme pro-entreprise dont celles munies de dossiers environnementaux désastreux) a déposé une demande d’intervention à la cour fédérale d’appel du district de Columbia, pour renverser ou amender une décision antérieure qui interdisait tout nouveau forage dans le golfe du Mexique y compris le site de Deepwater Horizon. En juillet, c’était en partie gagné sur la base d’une évaluation environnementale qui donnait les risques étudiés pour acceptables. Il n’y a pas eu de suite.
L’administration Obama, comme celles qui l’ont précédée depuis la fin des années quatre-vingt, a des liens étroits avec le monde industriel y compris les grandes pétrolières. Elle est donc également responsable des conséquences du désastre actuel à titre de co-conspirateur consentant. Elle est intervenue pour exempter BP de la préparation d’une évaluation environnementale pour le site de Deepwater Horizon. Après l’accident, elle continue à subventionner des forages en eau profonde, 27 au total, grâce à des exemptions catégorielles, selon le Center for Biological Diversity.
En mars, cette administration a dépassé la course au pétrole de l’ex-président Bush en proposant la possibilité de forages en mer au large du Delaware jusqu’à la Floride et aux états bordant le golfe du Mexique. Ces plans sont sous moratoire en ce moment mais ils ne sont pas morts et peuvent toujours être activés. Il faut compter sur les élus locaux, dans les États pour les stopper. Tous ces accidents évitables arrivent parce qu’il n’y a eu que du laxisme et peu de suivi dans la régulation au moins depuis l’administration Carter. Gracieusetés faites aux puissants intérêts industriels incluant les grandes pétrolières.
HISTOIRE DES VIOLATIONS RÈGLEMENTAIRES DE BP,
Le 5 mai courant, Tyson Slocum, de Public Citizens rapportait que BP a : « …le pire dossier environnemental et de sécurité de toutes les pétrolières actives aux États-Unis ». Au cours de ces dernières années elle a plaidé coupable pour deux crimes, parmi plusieurs autres. Elle a payé plus de 730 millions de dollars en amendes et règlements de poursuites au gouvernement fédéral, à ceux des États et à des particuliers pour « …des crimes contre l’environnement, de la négligence criminelle envers les travailleurs et des pénalités pour manipulation des marchés de l’énergie ».
Elle a payé à l’Occupational Safety & Health Administration (OSHA) [3], la plus importante amende de l’histoire pour négligence criminelle ayant causé la mort de 15 travailleurs et des blessures à 170 autres dans l’explosion de ses installations à Texas City en mars 2005. En septembre 2005, l’OSHA a imposé un autre 21 millions de dollars à la compagnie pour 296 énormes violations intentionnelles [4] dans cette explosion.
En août 2006, BP a dû cesser ses opérations à Prudhoe Bay en Alaska à cause d’un déversement causé par la corrosion dans son oléoduc. En mars 2006, le site de nouvelles de National Geographic rapportait un déversement de 267,000 gallons (environ un million de litres) dans la toundra au nord de Slope. Ceci soulevait : « …chez les groupes environnementaux une séries de nouvelles questions sur l’ouverture de nouveaux territoires au forage ».
En septembre 2001, l’OSHA avait déjà imposé à BP, une amende de $141 000 après qu’une explosion eut causé la mort de 3 travailleurs à ses installations de Clanton Road. Elle a à nouveau mis la compagnie à l’amende en septembre 2005 pour 301 violations et en avril 2006 cette fois pour 2 violations intentionnelles au cours de ses procédures de cessation d’opération à l’une de ses installations.
En 2009, l’OSHA a constaté que BP n’avait pas donné suite à 270 avis d’avoir à réduire la pollution et avait commis 439 nouvelles violations intentionnelles. Effet : $87 millions d’amendes.
En 2007, un rapport du US Chemical Safety & Hazard Investigation Board conclut : « Le désastre de Texas City à été causé par des manquements organisationnels et de sécurité à tous les niveaux de la compagnie BP ». Les signaux d’alarme étaient là mais la direction de la compagnie les a ignorés. En 2004, l’OSHA l’avait pourtant déjà mise à l’amende ($63,000) pour des violations à cette usine. En décembre 2009 un jury du Texas a accordé $100 millions aux travailleurs victimes de cette explosion pour leurs blessures.
À l’époque, Bloomberg.com a rapporté que les travailleurs accusaient BP d’une : « ….longue liste de violations des règles et une inquiétante pratique de fausses promesses de les corriger. Ils sont convaincus qu’elle ne changera de façon de faire que mise sous surveillance judiciaire étroite ». Malheureusement, les cours de justice, spécialement les fédérales, sont farcies de juges pro-entreprises. Il est donc rare qu’on en obtienne le support attendu et jamais suffisamment pour faire une vraie différence.
En avril 2010, l’OSHA a à nouveau imposé une amende de $3 millions à la compagnie pour violations intentionnelles à ses raffineries en Ohio. Elle avait déjà essuyé une autre amende de $2,4 millions pour des manquements similaires et pour des violations des règles de santé et sécurité dans ces mêmes installations.
En 1999, c’est l’Environment Protection Agency, (EPA) qui a poursuivi BP Explorations & Oil pour des violations dans l’usage de produits chimiques dans 24 de ses installations en Ohio pour un total de $295 000 d’amendes. Elle a aussi émis 926 plaintes administratives contre la compagnie.
En mars 2003, la Californie a poursuivi BP pour plus de mille violations de la loi sur la qualité de l’air et l’a mise à l’amende pour $319 000 à sa raffinerie de Carson. Le South Coast Air Quality Management District, a accusé la compagnie de manquements répétés aux règles de sécurité dans la gestion de ses réservoirs pendant 8 ans.
En 2004, les régulateurs de l’État d’Alaska ont accusé BP de violations à la sécurité et a proposé de mettre la compagnie à l’amende pour la deuxième fois. Ils l’avaient déjà fait en août 2002 lors de violations qui avaient causé des blessures sérieuses à un travailleur.
Le Minerals Management Service (MMS) a aussi poursuivi et émis des amandes contre BP un nombre répété de fois :
– février 2001, $20 000 pour violations des règles de sécurité causant de sérieuses blessures ;
– janvier 2002, $20 000 pour une autre violation du même type ;
– mai 2002, $23 000 pour une violation ayant causé des blessures à un travailleur ;
– septembre 2002, $39 000 pour 13 échecs de suite dans les tests de jauge de bas niveau du pétrole ;
– janvier 2003, $70 000 pour un mauvais fonctionnement d’un système de lutte contre les incendies. En plus, $80,000 pour avoir passé outre aux règles de fiabilité des systèmes de mesure des hautes et basses pressions dans 4 puits en fonction ;
– novembre 2003, $25 000 pour blocage d’une valve de sureté sous-marine ;
– février 2004, $25 000 pour n’avoir pas utilisé le système de détection des gaz sur la plate-forme alors que le forage était en cours ;
– juillet 2004, $190 000 pour des violations en rapport avec un incendie ;
– octobre 2006, $25 000 pour des opérations sans sécurité ;
– octobre 2007 une autre amende (non chiffrée) pour diverses violations des règles de sécurité. Au cours de ce même mois, $41 000 pour les mêmes raisons.
Le site Deepwater Horizon, propriété de BP, n’était pas muni d’un contrôle à distance de fermeture du puits, un système acoustique d’alerte. Des pays producteurs de pétrole en mer comme le Brésil et la Norvège, imposent ce type d’équipement pour se protéger de possibles déversements en mer. Si une fuite se produit, le système fonctionne automatiquement et empêchent ainsi de petits problèmes de devenir majeurs.
BP a aussi été accusée de multiples manquements à l’environnement, de crimes et d’au moins une autre violation criminelle et a payé environ $153 000 en amendes, pénalités et règlements de toutes sortes hors cour. Elle a aussi été mise à l’amende ($363 millions) pour manipulation des prix aux consommateurs et tricheries envers les contribuables. Néanmoins, elle a été exemptée de paiements de droits de forage pour ses installations dans le golfe du Mexique à hauteur de $172,5 millions.
BP se moque continuellement des lois, traite les amendes, pénalités et règlements financiers comme de la menue monnaie et gagne des milliards par ailleurs. Malgré son histoire notoire de manquements et violations aux règlements et lois, on lui permet d’opérer comme si de rien n’était parce qu’il n’existe pas de poursuites sérieuses et efficaces contre les violations en matière d’environnement dans notre règlementation laxiste. Comme dans tous les autres domaines industriels, quand il s’agit des grands prédateurs qui pillent, avec la complicité du gouvernement, les populations et l’environnement pour réaliser leurs profits.
UN EMPLOYÉ DE BP SONNE L’ALARME POUR LE FUTUR,
Dans un article sur Trouthout le 30 avril dernier, Jason Leopold citait un employé de BPv qui dit qu’il faut s’attendre à d’autres catastrophes dans le golfe du Mexique compte tenu de l’historique des violations des lois fédérales et des manquements à ses propres procédures de sécurité de la part de cette compagnie.
Déjà, en novembre 2008, il exprimait des « inquiétudes quant à la sécurité sur la plateforme semi submersible Atlantis. Il s’agit de la plus grande et la plus profonde installation de ce type au monde pour l’extraction du pétrole et du gaz. Elle est située à 200 milles au sud de la Nouvelle Orléans ».
Il dit avoir été embauché par BP pour réviser des bases de données contenant des documents concernant le projet Atlantis. Il a ainsi appris que : « que la plateforme de forage a opéré sans la majorité des documents de sécurité émis par les ingénieurs mettant ainsi l’installation à la merci d’une catastrophe… ». Il y a un risque de déversement potentiellement pire que celui qui se passe en ce moment.
BP était au courant du problème mais n’a rien fait pour y faire face. Il démontrait ainsi se moquer complètement des répercussions pour le public, la sécurité environnementale et pour ses propres employés. Qui a bu boira ! La faiblesse des lois et règlements, la quasi-absence de poursuites criminelles sérieuses encouragent ces comportements. Les États-Unis sont un paradis pour ces entreprises.
L’HISTOIRE DOUTEUSE DE TRANSOCEAN,
Le 10 mai dernier, Ben Casselman, journaliste au Wall Street Journal, y écrivait : « Les propriétaires de plateforme pétrolières doivent de plus en plus tenir compte d’accidents possibles. (…) Presque 3 sur 4 des inspections auxquelles a dû se livrer le service fédéral affecté à cette tâche, portaient sur des problèmes divers dont la sécurité sur les plateformes de forage en eau profonde dans le golfe du Mexique. Ceci depuis 2008 », selon les données fédérales.
Les compagnies pétrolières clientes de Transocean ont aussi été témoin de la baisse dans les mesures de sécurité. De 2005 à 2007, « …MMS a trouvé qu’une plateforme Transocean était impliquée dans 13 des 39 incidents de forages en eau profonde qu’elle avait eu à investiguer ». Après sa fusion avec sa rivale GlobalSantaFe, le compte atteignait 24 sur 33.
Cela soulève de sérieuses questions quant à d’éventuelles négligences que cette compagnie aurait pu avoir et qui auraient contribué au désastre en cours. Jusqu’ici, aucune cause n’a été déterminée ; mais il y aura des investigations quant à au moins deux facteurs : le bouchon de ciment pour empêcher le pétrole et le gaz de s’échapper et prévenir l’explosion, et la valve de fond qui doit fermer le puits en cas d’urgence. L’étude des dossiers du MMS révèle l’histoire trouble de Transocean quant à ces deux éléments. En 2006, les inspecteurs ont constaté que la prévention d’explosion ne fonctionnait pas en partie à cause d’un mauvais entretien. En 2005, une fissure dans un bouchon de ciment avait causé une fuite du liquide de forage.
Jusqu’à maintenant, les violations n’étaient pas de grande ampleur. Mais les petits problèmes sont des signes de possibles manquements plus importants. La situation actuelle en est sans doute une preuve.
Transocean se « …spécialise dans des forages inédits à partir d’énormes plateformes flottantes simplement ancrées sur le sol marin ou tenues en place par des contrôles satellites ». BP est son client le plus important dans le golfe du Mexique. En matière de sécurité, un calcul par heure travaillée montre que son résultat est pire que la moyenne de l’industrie et il est plus mauvais que celui de ses concurrents dans les projets en eau profonde.
Au cours des dernières années ce type de forage a considérablement augmenté créant une pénurie de travailleurs qualifiés que les compagnies s’arrachent. On en embauche donc de moins expérimentés ce qui augmente les risques d’accidents y compris les plus sérieux comme ce que nous vivons en ce moment.
Depuis sa fusion avec GlobalSanaFe en 2007, les appréciations de la clientèle de Transocean étaient proches du minimum dans un grand nombre de catégories. En 2008 et 2009, elle était classée bonne dernière dans l’industrie pour la qualité du travail et tout juste avant-dernière pour la satisfaction globale. Avant cette fusion, la compagnie était classée presque au plus haut niveau dans ces deux catégories. Une preuve de plus que les monopoles ou les oligopoles sont destructeurs et que cela suffit pour vouloir les démanteler dans tous les secteurs et empêcher qu’ils ne se forment.
LA CONNECTION HALLIBURTON,
La firme Halliburton est connue pour avoir profité de la guerre en Irak. Elle est maintenant mise en cause pour la mauvaise qualité de son travail, par Russel Gold et Ben Casselman dans un article publié le 30 avril et intitulé : « Dans l’explosion de la plateforme pétrolière, les procédures de forage sont examinées de près ». Les auteurs signalent que le rôle de la compagnie dans une manœuvre de cimentation est sous examen parce qu’elle pourrait être une des causes de l’explosion du puits qui a résulté en un des pires déversements de pétrole de l’histoire américaine.
La cimentation est installée pour prévenir des fuites de pétrole et de gaz. On cherche à combler l’espace entre « …l’extérieur du tuyau par lequel le pétrole remonte et l’intérieur du trou ouvert dans le fond marin ». On utilise aussi le ciment pour fermer les puits quand le pompage est terminé.
Sur la plateforme Deepwater Horizon, la cimentation était complétée et les endroits à colmater l’étaient. Mais, on ne sait pas si toute la procédure était terminée au moment de l’explosion. Les inspecteurs ont répertorié des problèmes de cimentation comme causes dans d’autres explosions de puits « …alors que le pétrole et le gaz naturel poussent dans la colonne avec une force explosive ». Si la cimentation est mal faite, il se produit des fissures qui provoquent le processus et comme le gaz est hautement inflammable, il prend feu.
Haliburton est l’entreprise la plus importante dans le secteur la cimentation dans l’industrie pétrolière. Elle a décroché un contrat pour cette plateforme. Transocean déclare que le travail était complété. Mais, selon Robert MacKenzie, directeur du secteur énergie et ressources naturelles chez FBR Capital Markets Managing, « La cause la plus probable de la montée du gaz à la surface, est en rapport avec la cimentation ».
D’autres experts en forage sont d’accord avec cette analyse. En 2007, une étude du Minerals Management Service (MMS) a démontré que sur une période de 14 ans, la mauvaise cimentation était en cause dans 18 des 39 explosions sur les plateformes pétrolières dans le golfe du Mexique. Halliburton a déjà été impliquée dans des incidents de cette sorte. Une explosion importante a eu lieu en 2009 dans la mer de Timorvi. Elle a causé un incendie et la fuite de dizaines de milliers de barils de pétrole pendant10 semaines. Un des responsables de la régulation du MMS, M. Elmer Danenberger maintenant retraité, croît que le mauvais travail de la compagnie a causé cet accident.
La mauvaise qualité du travail d’Halliburton peut être un élément dans le désastre actuel mais, Transocean et BP sont également coupables. Leur histoire douteuse et le laxisme dans la régulation et la surveillance nous permettent de le penser.
Bien pire que ce qu’on nous rapporte,
Ian MacDonald, biologiste et océanographe de l’Université d’État de la Floride, estime qu’au moins un million de gallons de pétrole s’échappent chaque jour. Il se base sur des données de la NASA. Si tel est le cas, c’est déjà plus important que le désastre de l’Exxon Valdez [5] en 1989. Le déversement totalisait 11 millions de gallons. Les zones affectées par cet accident n’ont toujours pas récupéré et ne seront pas réhabilitées avant des décades sinon plus. Selon M. MacDonald, déjà le 7 mai dernier, environ 6 200 milles carrés étaient touchés par l’actuel déversement, et cette surface s’agrandit de jour en jour puisqu’il se poursuit.
D’autres scientifiques sont d’accord avec cette évaluation et estiment pour leur part qu’il s’échappe environ 25 000 barils par jour soit plus d’un million de gallons. Le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) craint que cela n’empire encore si le matériel par lequel le pétrole fuit se détériore en cours de route. Cela pourrait représenter le double de la quantité actuellement déversée.
Déjà une vaste partie du golfe du Mexique est en péril : l’estuaire, ses marais, les plages, la faune. Les activités de pêche sont maintenant interdites. Le pétrole peut se rendre à l’entrée du Mississipi, sur la côte est, y compris les Keys et les Everglades de Floride, remonter l’Atlantique pour rejoindre les grand bancs de Terreneuve s’il est entraîné par les courants du Gulf Stream. L’intérieur des terres pourraient aussi être affectées en cas d’ouragans qui y déverseraient des pluies contaminées par le pétrole. C’est un vaste écosystème qui est mis à mal encore une fois par la négligence criminelle des compagnies soutenues par le gouvernement, comme d’habitude dans ce genre d’actions destructives.
La santé publique est aussi directement menacée. L’eau, la pluie, et les produits marins seront contaminés et même l’air par les fumées et vapeurs de pétrole. Et cela va durer des années. Car le pétrole est hautement toxique et peut induire des empoisonnements chimiques qui aboutissent à des pneumonies par hydrocarbure.
Selon le Dr. Marcel Casavant, chef du service de pharmacologie et toxicologie du Ohio Nationwide Children’s Hospital de Columbus : « La fumée du pétrole qui brûle contient de nombreux produits chimiques. Certains sont potentiellement mortels alors que d’autres sont des nuisances, des irritants. Mais, même dans ces cas, des problèmes respiratoires peuvent surgir et se développer en asthme ou en emphysème et autres troubles pulmonaires ».
En effet les fumées du pétrole en combustion contiennent du dioxyde de carbone, du monoxyde de carbone, des dioxydes de soufre, des oxydes d’azote, des composés organiques volatiles et d’autres toxiques, tous dangereux pour la santé humaine. Une fois ingérés, ces composés provoquent de sérieuses maladies au cœur, aux poumons, au système gastro-intestinal, au foie, compliquent les grossesses et affectent d’autres fonctions biologiques. Ils sont tous cancérigènes.
Il faudra des années pour connaître l’ampleur exacte de ce désastre. Mais on peut déjà dire que c’est ce qui arrive quand les entreprises et le gouvernement couchent dans le même lit [6]. Et c’est le public qui, comme toujours, souffre.