Édition du 24 septembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Minières canadiennes

Quelles mines pour le Canada ?

Une compagnie canadienne mise en cause en Roumanie par la population pour son exploitation de l’or ? Ben voyons donc le Canada n’est pas les États-Unis ! Ben détrompez-vous le Canada est le pire pays impérialiste dans l’industrie minière mondiale.

Pour vous brosser un tableau économique de cette industrie, voici un résumé de la situation :

« L’industrie minière constitue un secteur d’activité économique très important pour le Canada. Elle a contribuée au PIB du Canada à hauteur de 32 milliards de dollars en 2009. À titre de comparaison l’industrie minière est 12 fois plus importante que le secteur forestier et trois fois plus que le secteur agricole » http://cdhal.org/mines

« Pour illustrer l’importance de cette industrie pour le Canada, voici un portrait de la situation, toutes les statistiques datent 2009 :
Le Canada compte plus de sociétés minières que tout autre pays au monde : sur les 404 plus grandes sociétés (sociétés prévoyant plus de 3M$ US), 165 sont établies au Canada.

60 % des entreprises d’exploration et d’exploitation minière dans le monde sont inscrites au Canada, ce qui fait des bourses canadiennes les plus importantes sources de capital de risque au monde. Ces firmes contribuent pour 40 % aux budgets mondiaux de l’exploration minière.

Le Canada est le troisième plus grand producteur mondial de diamants après le Botswana et la Russie ; ceci représente près de 10 % de l’approvisionnement mondial au poids, et 14 % du marché mondial à la valeur.

L’Amérique latine et les Caraïbes constituent actuellement la région du monde où les sociétés canadiennes entreprennent le plus de travaux d’exploration minérale.

Près de 50 % des budgets d’exploration des grandes sociétés canadiennes consacrés à l’Amérique latine et les Caraïbes ciblent des projets au Mexique et au Chili.

En 2009, les entreprises canadiennes prévoyaient d’allouer plus d’argent à l’exploration minérale en Amérique latine qu’au Canada. » http://cdhal.org/mines

Au Canada la pointe de l’iceberg est peu connue, imaginer découvrir tout l’iceberg. Et tout l’iceberg c’est surtout les jeux financiers que le gouvernement Harper a favorisés. C’est la spéculation boursière minière sur les possibles productions des mines. Et c’est là que le Canada se positionne comme pays impérialiste exploiteur :

« La Bourse elle-même propose des conditions avantageuses pour les entreprises, telles que des bas coûts d’inscription et une exigence minimale d’informations de la part des sociétés, comparativement aux bourses américaines. Enfin, le cadre d’autoréglementation prévalant au pays concède aux entreprises la possibilité d’agir selon leur bon vouloir en termes d’éthique sociale et environnementale. En somme, le Canada a créé l’environnement idéal pour que les sociétés étrangères viennent s’y loger et évoluer sans crainte d’être ennuyées. Ce qui explique ces prochains chiffres, datant encore de 2009 :

Fin juin 2009, 57% des sociétés minières publiques du monde sont cotées à la Bourse de Toronto (TSX) et à la Bourse de croissance TSX (TSX-V) ;
334 sociétés minières sont inscrites à la Bourse de Toronto et 1084 à la Bourse de croissance TSX ;

Ces 1 418 entreprises ont une valeur marchande totale en capital de plus de 278 G$16 ;

Les sociétés inscrites à la TSX comptaient 9 139 projets miniers en cours dans le monde en 2009, dont 51% étaient situés au Canada et 49% à l’étranger. Les États-Unis, l’Amérique du Sud et le Mexique accueillaient respectivement 13%, 11%, 8% et 6% des projets miniers entrepris par des sociétés inscrites à la TSX » http://cdhal.org/mines

Nous acceptons l’inscriptions en bourse de toutes les compagnies sans conditions, sans exigences sur l’environnement, sur les droits humains et sur l’exploitation des travailleurs et travailleuses. Bravo monsieur Harper, vous pouvez bien aller en Chine et parler des droits de « l’homme » !!!

Il faut regarder notre œil avant de voir la paille dans l’œil du voisin. L’industrie minière mondiale est reconnue pour ses exactions.

Terre mère

Et la première de ces pratiques contestées concerne l’environnement. C’est le gaspillage écologique que bien des communautés commencent à remettre en question. Le dernier exemple en liste est la Roumanie. La terre est définie comme bien commun, comme terre mère surtout dans les communautés autochtones, la gaspiller revient à la profaner. Et là l’extraction minière est particulièrement vorace.

« Au Pérou par exemple, dont les deux tiers des ressources d’exportation proviennent de l’extraction des minerais, près de 90% des surfaces ayant fait l’objet de concessions minières l’ont été depuis 1990 et pour l’essentiel après 2000. En 2009, les concessions minières couvraient près de 14 000 km2, soit 11% de la superficie du pays. Dans certaines régions comme celle de Cajamarca, les concessions minières qui ne couvraient que de petites surfaces en 1990, portaient en 2009 sur les deux tiers du bassin supérieur du rio Jequetepeque. Aussi la multiplication des zones minières s’est-elle accompagnée d’une élévation du nombre des conflits, puisqu’on enregistrait en 2009 pas moins de 89 conflits liés à l’exploitation des ressources minières (Bebbington & Bury, 2009). Les conflits autour de l’extension de la mine d’or de Yanacocha, ou du projet de creuser une nouvelle mine d’or à Tambo Grande dans le nord du pays (province de Piura), sont emblématiques de cette pression environnementaliste qui pèse sur les sociétés minières (Deshaies, 2006). »http://espacepolitique.revues.org/2113

Nous rapportons ici une longue citation mais qui résume bien, à notre avis, les conséquences économiques, environnementales et sociales de l’industrie minière :

Conséquences économiques

« L’exploitation d’un site minier constitue une activité économique à durée limitée pour une région. En règle générale, l’exploitation d’un gisement s’effectue sur une période de 10 à 20 ans. Pour la communauté dans laquelle s’installe une entreprise étrangère minière, les bénéfices (emplois, commerce lié à l’exploitation des ressources) s’effectuent pour cette période déterminée. Une fois la mine fermée, la communauté se retrouve souvent sans activité économique viable et parfois se voit plus appauvrie qu’avant l’arrivée de la minière.

Dans bien des cas, les emplois liés à l’activité minière sont comblés par des individus venant de l’extérieur de la communauté, car la population locale n’est pas qualifiée pour ce type d’emploi.

L’implantation d’une mine signifie également pour les communautés et individus la perte du territoire et de son utilisation dans le cadre d’activités économiques, comme par exemple l’agriculture. Les communautés perdent ainsi leur autonomie vis-à-vis de leurs moyens de subsistance. » http://cdhal.org/mines

Conséquences environnementales

« Comme il a été vu précédemment, près de 60% des exploitations minières dans le monde s’effectuent à ciel ouvert, causant une défiguration permanente du territoire dû aux procédés d’exploitation :

Creusage par dynamitage causant de gigantesques bassins et dépressions dans la topographie. Certaines mines peuvent atteindre jusqu’à 4 km de large et près de 1,5 km de profondeur ;

Le stockage des déchets et matières stériles (le produit des procédés de concentration qui a été séparé des minerais métalliques et qui est déposé comme déchet dans des bassins ou pompé dans les vieux travaux de mine) et la construction de digues à résidus rend l’utilisation du territoire impossible à l’avenir. À noter que 79 tonnes de résidus miniers sont nécessaires à la production d’une once d’or ;

Disparition de monts et montagnes pour l’extraction des ressources (comme dans le cas du Cerro de San Pedro)

Les procédés pour extraire les ressources minières causent souvent de graves problèmes environnementaux :

 La qualité de l’air diminue, du fait des poussières des sites miniers (dynamitage) et des émissions des machineries et centrales utilisées dans le cadre des activités.

 La qualité et la quantité d’eau s’en trouvent également affectées. La terre, les roches, les résidus et les eaux contaminés par l’utilisation de produits toxiques, malgré la construction de digues et de bassins de rétention, viennent souvent en contact avec les rivières, fleuves et nappes phréatiques environnant, causant la contamination des ressources en eau.

 Des quantités importantes d’eau sont nécessaires à l’extraction et à la séparation des minerais de la roche, diminuant ainsi l’accès aux ressources en eau pour les communautés avoisinantes.

 La qualité des sols se trouve diminuée à cause de la contamination par les résidus miniers contaminés.

Les activités minières causent également des perturbations graves au niveau de la faune et de la flore. La flore présente sur les sites miniers disparaît dû aux conditions : contamination, excavation, etc. De plus, la faune quitte également le territoire à proximité des sites miniers en raison des activités de dynamitage, de transformations et de transports reliés aux activités de la mine.

La fermeture de la mine, au terme de son exploitation, est une étape très importante au niveau environnemental. Celle-ci permet de sécuriser les dangers de contamination pour les communautés. Malheureusement, cette étape, souvent coûteuse pour les entreprises, est bâclée ou non réalisée, exposant ainsi les populations à divers dangers à long terme. » http://cdhal.org/mines

Conséquences sociales

« Contrairement à ce qui s’observe au Canada, où les sites miniers s’implantent généralement loin des grands centres urbains, en Amérique latine plusieurs gisements miniers se trouvent tout près de petites, moyennes et grandes agglomérations. Dans bien des cas, la mise en exploitation d’un site occasionne le déplacement massif de population pour permettre l’exploitation des ressources minérales. Les conditions de relocalisation ne respectent parfois pas les conditions qui prévalaient avant l’expropriation : déplacement dans des régions dépourvues de ressources, logements de moindre valeur que ceux possédés avant la relocalisation, etc.
L’implantation d’une mine près d’une communauté provoque souvent de très fortes tensions sociales au sein de celles-ci. De vives confrontations se créent entre la population qui se positionnent favorablement au projet minier et celle qui s’y oppose. Cette stratégie de « diviser pour mieux régner » est fréquemment utilisée par les sociétés minières : à une certaine partie de la population est accordé des avantages dont le camp opposé ne peut bénéficier (versements d’argent, de « cadeaux », d’assurance d’emploi, etc.), ce qui permet ainsi l’implantation de ces compagnies dans les communautés…

Dû aux dangers environnementaux importants, l’implantation d’une mine peut engendrer de graves problèmes de santé pour les populations environnantes.

Des impacts au niveau culturel existent également. L’implantation des mines peut s’effectuer sur des sites patrimoniaux ou archéologiques culturellement importants pour les communautés (voir Cas Minera San Xavier – Cerro de San Pedro).

Une atteinte grave à l’autodétermination des peuples existe lorsque l’implantation d’une exploitation minière s’effectue dans une communauté sans que cette dernière n’ait été consultée et avisée.

L’implantation d’une mine dans une région rurale reculée provoque également de graves conséquences sociales pour ses communautés : avec l’arrivée de plusieurs travailleurs provenant de l’extérieur de la région, les mœurs peuvent parfois se voir altérés, et dans certains cas on assiste à une augmentation de l’alcoolisme, de la prostitution ou de la violence conjugale.

De graves violations des droits humains sont observées dans beaucoup de communautés s’opposant à l’implantation ou à la présence d’une mine. Souvent, une entreprise minière procèdera à l’embauche de ses propres forces de sécurité pour assurer l’ordre sur les sites miniers. Il existe plusieurs cas de violence, menaces, assassinats, viols, etc., qui ont été perpétrés envers les populations et leaders de communautés s’opposant à des projets miniers. » http://cdhal.org/mines

Le Plan Nord de Charest ou le nouveau plan Nord du PQ

Cette description de l’industrie minière canadienne nous permet de voir d’un autre point de vue les plan Nord proposés par monsieur Charest et madame Marois. Ces plans s’inscrivent dans la lignée de l’impérialiste canadien. C’est le renforcement en sol québécois de l’emprise financière et aussi politique par les impérialistes miniers. Et ce renforcement passe par la même politique d’aveuglement sur le respect environnemental, les redevances non payées, le free mining (les claims) à vil coût, les subventions éhontées pour les infrastructures (une route pour peu de temps versus les frais de scolarité) et l’obligation de restaurer les sites.

Le PQ se situe dans cette même politique d’extraction et de saccages des terres au profit des multinationales au lieu de discipliner cette industrie et de développer une réelle politique de développement vert et durable.

Tout le débat sur les gaz de schiste et le pétrole à Anticosti se situe dans la même stratégie économique. De même que le transport du pétrole de l’Ouest canadien par train ou pipeline. Les impérialistes canadiens dictent leur volonté, nous nous subissons leurs dégâts environnementaux. Les gens de Lac Mégantic en ont eu une petite idée des conséquences désastreuses.

Les redevances minières devraient payer pour la gratuité scolaire et pour des services publics en santé sans aucun recours au privé. Le PQ veut soit disant faire l’indépendance mais est incapable de mettre au pas ces industries dévoreuses de notre sol. Quel projet de société nous propose-t-il ? La même poutine néolibérale dans un Canada préservé.

Est-il possible de gagner ?

Les luttes contre Rabaska, le Mont Orford, le gaz de shiste montrent que les mobilisations citoyennes peuvent faire reculer le gouvernement.
Les prochaines mobilisations contre le transport des matières dangereuses, contre les pipelines de l’ouest et contre le pétrole de shiste peuvent être victorieuses.

Il faut comprendre que les luttes écologistes prennent de plus en plus d’importances à travers le monde. Les informations circulent vite, les gens se mobilisent et la sensibilisation s’accroît.

En Roumanie les mobilisations tiennent le coup. Et d’une sensibilisation locale la lutte est maintenant d’envergure nationale. Le gouvernement roumain est invité à refuser le projet.

« Le projet d’exploitation de l’or de Tambo Grande déposé en 1999 par la société canadienne Manhattan Minerals (www.manhattan-min.com) a dû ainsi finalement être abandonné. En effet, cette ville de 18 000 habitants située sur le piémont occidental des Andes, le long du Rio Piura, devait être à moitié détruite par le creusement d’une grande exploitation en découverte ; les habitants étant relogés dans une ville nouvelle. En fait, dans cette région aride (précipitations annuelles d’environ 60 mm par an) où n’existe aucune activité minière et où l’essentiel de la population vit de l’arboriculture fruitière irriguée à partir des eaux du Rio Piura, les habitants ont surtout eu peur que le creusement d’une grande découverte ne provoque un assèchement partiel du fleuve et que l’exploitation minière ne génère des rejets massifs de déblais et de substances toxiques ruinant leur activité. Aussi, les communautés locales se sont-elles mobilisées, organisant des manifestations, dont l’une, en février 2001, a dégénéré violemment, aboutissant à la destruction des maisons modèles destinées au relogement des habitants déplacés. L’opposition au projet minier s’est aussi organisée politiquement puisqu’en juin 2002 le maire de Tambo Grande a fait procéder à un referendum démontrant le rejet du projet par la quasi-totalité (98,6% des suffrages exprimés) de la population. Aussi, le gouvernement péruvien a dû reculer en retirant en décembre 2003 son accord pour le projet de Manhattan Minerals qui n’a pas été en mesure de fournir un dossier technique répondant aux critiques formulées notamment par les organisations non gouvernementales. »
http://espacepolitique.revues.org/2113

Oui c’est possible de gagner. Mais il faut plus : il faut gagner pour notre environnement, nos communautés, nos enfants. Continuons notre participation aux différentes mobilisations. Appuyons les mobilisations en Roumanie. L’industrie impérialiste minière doit prendre son trou !

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