Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire, Hubert Aquin, Pierre Vadeboncoeur et autres états d’âme

Le 21 janvier dernier, j’ai tenté d’exprimer un état difficile à décrire en abordant la question délicate des pactes tactiques électoraux. Je participais ainsi à une saine discussion lancée par Stéphane Lessard, membre du comité de coordination national de Québec solidaire de 2006 à 2010. Mon texte prenait une forme interrogative (www.pressegauche.org/spip.php ?article9134. Stéphane Lessard a voulu ensuite pousser plus loin la réflexion (www.pressegauche.org/spip.php ?article9186). Je salue cette main tendue. J’aime quand les écrits se parlent, brisant en quelque sorte la solitude.

Vous remarquerez que j’utilise les termes « discussion » et « réflexion ». Et non pas celui de « débat ». J’ai l’impression de respirer un peu mieux. Parfois, une autre personne exprime exactement ce que l’on ressent, infiniment mieux que nous. Pour ma part, j’adore quand ça m’arrive. Dans l’édition de samedi dernier du Devoir, Caroline Proulx, professeure de français et de lettres au cégep Ahuntsic, a publié un excellent texte, qui traduit ce que, je pense, nous sommes peut-être nombreux à ressentir :

www.ledevoir.com/politique/quebec/341285/politique-quebecoise-la-fatigue-politique-du-canada-francais

Il y a plusieurs années, alors que j’étais étudiante en littérature, dans une vingtaine à la fois sombre et lumineuse (la vingtaine quoi !), deux écrits m’ont marquée : La fatigue culturelle du Canada français de l’immense et fabuleux Hubert Aquin, un texte d’une intelligence sensible percutante, et La Dignité absolue, du recueil d’essais Les Deux Royaumes, d’un autre auteur fabuleux, Pierre Vadeboncoeur. Je pèse mes qualificatifs. Ces deux auteurs sont des monuments de notre littérature et de la réflexion sur notre société et l’état du monde. Que ces deux textes soient encore très pertinents est un peu déconcertant. Mais témoigne du même coup du talent de ces deux hommes et explique pourquoi on peut retourner inlassablement à leurs textes.

La conclusion de mon texte-interrogation exprimait un désarroi et un sentiment d’urgence. Et le désir, je ne sais même pas si l’on peut parler vraiment d’espoir, que sur la question des pactes tactiques électoraux ou sur d’autres sujets, un dialogue sincère soit encore possible. Ou une autre interrogation, comme celle du nostalgique assumé Serge Bouchard, cité par Josée Blanchette dans sa dernière chronique : « (…) serait-il possible que nous soyons venus à bout de notre propre magie ? ». Une dure interrogation qui, à l’instar de Bouchard, peut nous pousser lentement à chercher la compagnie d’autres espèces vivantes que la nôtre.

Marie-Josée Dufour, membre de Québec solidaire dans la circonscription de Taschereau

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