Pour la centrale syndicale, le fait que ces trois cliniques privées établiront l’étalon de mesure est très préoccupant, et malheureusement les explications du ministre n’ont rien de rassurant. Jean Lacharité, vice-président de la CSN, s’inquiète de ce que ce projet pilote ne soit qu’une façon de justifier davantage le recours au privé. « Avec la Loi 10, le ministre s’est donné le pouvoir de forcer le recours aux appels d’offres dans le réseau de la santé. Avec la Loi 20, il a permis aux cliniques privées de facturer des frais aux patients pour des soins couverts par le public. Maintenant, sous prétexte d’une analyse de coûts, on s’apprête une fois de plus à financer le privé pour traiter des patients qui pourraient l’être par le public. Bref, le plan de vente du système de santé au secteur privé va bon train », s’insurge-t-il.
Certes, une révision du mode actuel de financement des hôpitaux s’impose, toutefois, le ministre ne peut décider unilatéralement d’un nouveau fonctionnement, il doit accepter d’en débattre. D’autant plus que la CSN craint que le FPA cause plus de dommages qu’il n’en règle. « Plusieurs pays dans le monde ont adopté ce fonctionnement, mais qu’en est-il de la qualité des services ? Ce qu’on remarque comme tendance, c’est que ceux qui ont appliqué le financement à l’activité se sont retrouvés à traiter en priorité les cas les plus rentables, désavantageant ainsi des milliers de patientes et patients », remarque Jean Lacharité.
La CSN dénonce le fait qu’encore une fois, on s’apprête à lancer une nouvelle réforme sans avoir fait les débats nécessaires et sans avoir évalué de façon exhaustive l’ensemble des options possibles, ainsi que leurs conséquences. Le réseau de la santé et des services sociaux a vécu de multiples bouleversements dans les derniers mois, « l’édifice est encore ébranlé par les nombreuses compressions, par la fusion vers les CISSS, par la légalisation des frais accessoires et par une batterie de mesures de tout acabit. Pourquoi ne pas le laisser respirer le temps de faire ce débat ? » ajoute Jean Lacharité.
La centrale syndicale, particulièrement présente dans le réseau de la santé et des services sociaux, entend rester vigilante et mobilisée face à ces volontés de réforme dictée davantage par des impératifs d’austérité et de privatisation que d’efficacité et de développement des services à la population.