Telle est la réaction de la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, à la suite de la présentation du projet de nouvelles règles budgétaires en éducation.
L’iniquité au détriment des élèves
La Centrale juge notamment que le type de décentralisation mis de l’avant compromet l’égalité des chances en éducation : « Il fragilise le rôle de chef d’orchestre que doit jouer la commission scolaire pour répartir équitablement les services professionnels et de soutien. Ces services doivent répondre aux besoins des élèves en tenant compte des défis particuliers des établissements », soutient Louise Chabot.
Cela est d’autant plus préoccupant, car « la tendance actuelle est de répondre aux demandes faites à la pièce par chacune des écoles, sans vision d’ensemble des besoins. On peut alors se retrouver avec une offre de services déséquilibrée où des élèves, à certains endroits, ne pourront avoir accès aux services dont ils ont besoin. Au bout du compte, ce sont les élèves qui en subiront les impacts négatifs », ajoute la présidente.
Miser sur la stabilité des ressources
Concernant l’ajout de 1 500 ressources annoncé dans le dernier budget, la CSQ a de sérieuses réserves quant à l’impact réel que cela pourrait avoir sur la réussite. En effet, le fait que des budgets soient transférés directement dans les établissements, sans coordination des commissions scolaires, va favoriser la création de postes à temps partiel et augmenter la précarité des nouveaux embauchés. Pour la Centrale, cela est loin d’être attrayant pour le personnel et met en péril la stabilité des ressources et des services. Non seulement cela crée des postes précaires, mais il est également plus difficile de combler les postes.
Des risques accentués de sous-traitance
Louise Chabot rappelle également qu’en plus de nuire à une répartition équitable des ressources, la décentralisation qui se concrétise dans le projet de règles budgétaires risque d’accentuer le recours à la sous-traitance : « Il peut être tentant pour les établissements d’utiliser les sommes disponibles localement pour recourir à des services offerts par des organisations externes à l’école, surtout dans un contexte où les services professionnels et de soutien des commissions scolaires ont été réduits considérablement à la suite des compressions budgétaires. »
Elle ajoute que « cela ne favorise pas la pérennité des services. Si les sommes disponibles ne permettent plus d’obtenir les services ou encore si les organisations qui les offrent cessent leurs activités, ce sont les élèves qui en paient le prix. Il est beaucoup plus efficace et pertinent de miser sur le personnel scolaire, présent à long terme, qui connaît bien les besoins des élèves et qui a l’expertise pour y répondre. »
Corriger la situation rapidement
Rappelons que, lors des consultations particulières sur le projet de loi no 105, la CSQ et ses fédérations du réseau scolaire avaient déjà soulevé ces préoccupations et qu’il est déplorable que le ministre n’ait pas davantage tendu l’oreille au personnel de l’éducation et ait poursuivi dans cette voie.
« Le ministre Proulx doit affirmer clairement que ce qui doit guider les décisions en matière de répartition des ressources, c’est d’abord et avant tout le principe d’équité. C’est l’un des piliers sur lequel repose notre système d’éducation et il a le devoir de le protéger. Nous espérons que cela se traduira concrètement dans la future politique sur la réussite éducative », conclut Louise Chabot.
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