Pour la Centrale, le fait que le gouvernement souhaite se doter d’outils législatifs pour améliorer le suivi de l’intégration linguistique et socio-économique des personnes immigrantes est positif. Rappelons que la vérificatrice générale avait publié un rapport accablant sur l’immigration au Québec en 2017. « Il est inconcevable qu’on navigue à vue sans connaître l’efficacité des interventions gouvernementales en matière d’intégration, de francisation et d’inclusion pour un enjeu aussi névralgique pour l’avenir du Québec et de son caractère francophone », souligne d’entrée de jeu Sonia Ethier.
Les suites seront déterminantes
La CSQ estime que c’est dans les suites données au projet de loi qu’on sera à même de constater le sérieux du gouvernement. Alors qu’au cours des dernières années, moins du tiers des immigrantes et immigrants ne connaissant pas le français lors de leur admission au Québec ont amorcé un parcours de francisation et qu’une vaste majorité d’entre eux ont abandonné ou n’ont pas atteint le seuil d’autonomie langagière, que fera le gouvernement pour améliorer ce navrant portrait ?
« On s’interroge grandement sur le plan concret du gouvernement pour l’offre de francisation complémentaire et cohérente entre son ministère et les centres d’éducation des adultes des commissions scolaires. Comment compte-t-il mettre en œuvre les services d’accueil, de francisation et d’intégration des personnes immigrantes ? Voilà ce qui nous intéresse et qui devra être expliqué plus en profondeur par le gouvernement », ajoute la présidente de la CSQ.
Des messages contradictoires
De plus, pour Sonia Ethier, le gouvernement Legault envoie des messages contradictoires. Alors qu’il souhaite améliorer la francisation des immigrantes et immigrants, et même imposer simultanément des conditions linguistiques à la résidence permanente, le plan d’immigration 2019 nous apprend que la proportion de personnes immigrantes connaissant le français au moment de leur admission s’établira à environ 41 %. Une proportion en baisse constante depuis quelques années.
« À notre avis, il est impératif de ne pas plier devant les exigences des employeurs voulant sans cesse diminuer les exigences quant à la connaissance du français dans la sélection des travailleurs économiques. La vérificatrice générale était claire dans son rapport : la connaissance du français se traduit par de meilleures perspectives sur le marché de l’emploi et par une meilleure concordance études-emploi », souligne Sonia Ethier.
De même, cette dernière rappelle que selon une étude récente de Statistiques Canada, 95 % des personnes immigrantes reçues au Québec en 2011 qui connaissaient le français sont toujours dans la province en 2016. Par ailleurs, pour la même période, les taux de rétention des personnes immigrantes qui ne connaissaient ni l’anglais, ni le français ou seulement l’anglais se chiffraient respectivement à 53 % et 73 %.
« Évidemment, nous sommes conscients que la connaissance du français n’est pas le seul critère d’une intégration et inclusion réussie. Mais devant ces chiffres, il nous apparaît inefficace et inopportun de diminuer l’importance accordée au français dans la sélection des immigrantes et immigrants économiques. »
Une décision questionnable
Enfin, la CSQ considère que l’annulation de 18 000 demandes d’immigration est cavalière. Pour la présidente, le gouvernement aurait dû faire preuve de plus de sensibilité. Ce dernier a donné l’impression de gérer le dossier comme s’il traitait uniquement des statistiques, mais il y a des humains qui vivent des histoires déchirantes en raison de cette décision et le gouvernement doit en être conscient.
« Il est essentiel pour nous que la politique québécoise d’immigration réponde à plusieurs objectifs, dont l’ouverture sur le monde, la solidarité, la vitalité et la pérennité du fait français au Québec. Elle ne doit pas seulement chercher à répondre aux besoins à court terme des entreprises », conclut Sonia Ethier.
Un message, un commentaire ?